Depuis quelques mois, Labatt Canada travaille à l’installation d’une mégathermopompe dans sa brasserie de Montréal, mesure phare de son plan de décarbonation à long terme. L’investissement de 6 millions de dollars, annoncé en décembre dernier, permettrait à Labatt de s’établir en tant que chef de file environnemental au sein de l’industrie brassicole.

La mise en place de la thermopompe permettra, selon les estimations de l’entreprise, de réduire de 30 % les émissions de gaz à effet de serre et la consommation globale d’énergie de la brasserie montréalaise, située dans l’arrondissement de LaSalle.

« Labatt a une longue histoire de se commettre à la décarbonation », affirme Nicolas Houle, directeur des services techniques, en entrevue avec La Presse. « On veut être un chef de file en la matière. »

La mise en place d’une thermopompe comme celle-ci est par ailleurs une première mondiale parmi les brasseries de Labatt.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

La brasserie montréalaise de Labatt Canada est située dans l’arrondissement de LaSalle.

Beaucoup de chaleur générée

Pour brasser la bière, il faut d’abord convertir le sucre dans le grain grâce à un processus thermique, à environ 60 oC. On le passe ensuite à ébullition avec le houblon, agent de conservation et de saveur, à 100 oC. Vient ensuite le refroidissement, pour que le mélange soit fermenté à 15 oC pendant quelques jours.

Puis, on le laisse maturer à 2 oC pendant quelques jours supplémentaires avant de le chauffer une dernière fois pour la pasteurisation et l’embouteillage, ce qui se fait à environ 70 oC. Le processus complet, composé de ces étapes, est donc une série de manipulations de températures qui génèrent de la chaleur.

Ainsi, plus concrètement, les réductions d’émissions et de consommation seront possibles grâce au système de récupération de cette chaleur. La thermopompe utilisera la chaleur auparavant expulsée des systèmes de réfrigération pour plutôt la renvoyer à environ 90 % dans le processus de pasteurisation de la brasserie.

Le tout est possible grâce aux partenaires commerciaux de l’entreprise, qui lui ont fait parvenir des pièces pour la thermopompe depuis les États-Unis et l’Allemagne.

Coût de la machine : 2 millions de dollars, le reste de la somme étant investi pour l’intégrer au fonctionnement actuel de la brasserie de Montréal.

« On veut récupérer l’énergie et la revaloriser. On est capable de trouver des solutions et d’être novateur », avance Nicolas Houle.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Nicolas Houle, directeur des services techniques de l’usine de l’arrondissement de LaSalle

Carboneutralité d’ici 2040

À la grandeur du Canada, Labatt possède six brasseries principales et quatre brasseries artisanales. Son objectif, aussi ambitieux puisse-t-il paraître, est d’atteindre la carboneutralité totale d’ici 2040.

« Si vous demandez à tout le monde ici, on pense que c’est la clé pour notre avenir, pour les prochaines générations. C’est une partie de notre vocation, de nos objectifs et de notre mission, revendique M. Houle. C’est dans notre ADN d’entreprise et ça se voit à travers nos opérations. »

On brasse de la bière, donc un produit de plaisir. On ne peut pas faire ça dans un monde qui est complètement détruit.

Nicolas Houle, directeur des services techniques chez Labatt

« Dans nos procédés de fabrication, il y a certaines choses qu’on a découvertes et qui sont beaucoup moins énergivores. Nous avons des procédés qui changent, mais ils sont aussi centenaires. L’idée est de prendre notre temps pour y arriver de façon permanente et plus écoresponsable. »

Dans le cas de la thermopompe de la métropole québécoise, l’entreprise assure qu’elle sera complètement opérationnelle d’ici l’été 2024 et que d’autres annonces au pouce vert sont à prévoir à ce moment.

« On va, au Québec, être la brasserie la plus verte », lance Nicolas Houle pour conclure.

43,1 millions de dollars

Au total, Labatt a investi 43,1 millions au cours de l’année 2023, notamment pour financer des innovations en matière d’empaquetage durable et pour augmenter la capacité de production des brasseries. Cette somme a principalement été versée pour les brasseries de London (Ontario) et de St. John’s (Terre-Neuve-et-Labrador), en plus de celle de Montréal. De plus, en 2021, Labatt avait investi 461,5 millions à la grandeur du pays pour le développement durable, l’innovation et la croissance de ses activités.