Pour trouver du financement, certains entrepreneurs se tournent vers des anges. Pas ceux du ciel, mais des investisseurs prêts à investir temps et capital dans des entreprises prometteuses. Zoom sur ce rôle méconnu avec Nathalie Bélanger, membre du conseil administratif d’Anges Québec, le réseau d’anges investisseurs québécois.

Qu’est-ce qu’un ange investisseur au juste ?

Aux yeux de plusieurs, on ne fait que donner de l’argent [rires]. En réalité, je dirais que les anges veulent participer davantage. Oui, on aide à financer des entreprises, mais on met aussi à leur disposition notre temps et notre expertise en tant qu’hommes et femmes d’affaires. On participe souvent au roulement de l’entreprise au quotidien. Le réseau Anges Québec se fait parfois comparer à des émissions comme Les dragons, mais vraiment, ce n’est pas la même chose. Dans la vraie vie, un ange va réfléchir plus longtemps qu’une demi-heure avant de prendre une décision d’investissement, entre autres parce qu’on veut s’assurer que la présentation financière qu’on regarde se tient.

Quelles sont les responsabilités qui viennent avec le rôle d’ange investisseur ?

Anges Québec réunit plus de 220 investisseurs, et chacun a une approche différente. Certains sont des anges à temps plein, et s’impliquent à 100 % auprès des compagnies dans lesquelles ils investissent. Moi, je suis plutôt à temps partiel. Je vais souvent m’impliquer en tant que conseillère auprès des entrepreneurs, ce qui veut parfois dire siéger à leur conseil d’administration ou à leur comité consultatif. Ça occupe une journée dans ma semaine, en moyenne. Au sens large, un ange est aussi responsable de bien choisir les entreprises qu’il soutient. Par exemple, depuis quelques années, j’ai fait un pivot vers l’investissement d’impact. Depuis, je m’implique seulement auprès d’entreprises qui ont un impact positif sur l’environnement et la société. C’est mon objectif principal, aujourd’hui.

En quoi le rôle d’ange est-il enrichissant, pour vous ?

Pour moi, surtout depuis que j’ai fait un pivot vers l’investissement d’impact, je pense à l’effet positif que mon implication a sur le monde. Par exemple, en investissant dans Myni, une entreprise qui fait des produits nettoyants sous forme de pastilles, je peux me dire que j’aide les gens à réduire leur utilisation de plastique. Mais même avant, quand j’investissais seulement dans des entreprises de technologie, je regardais les emplois que ça créait. Du point de vue personnel, c’est aussi vraiment gratifiant de voir une entreprise en laquelle j’ai cru avancer et se développer.

Y a-t-il des obstacles qui rendent le rôle d’ange plus difficile ?

C’est certain. La chose la plus difficile pour moi, c’est de voir une compagnie pleine de potentiel ne pas réussir à survivre. Ça arrive beaucoup, dans le contexte financier actuel, beaucoup de petites entreprises ont fait faillite. C’est ça, le plus triste : voir de bonnes idées échouer. Un autre défi, c’est la grande inégalité qui existe encore entre les femmes entrepreneures et les hommes. C’est encore très difficile pour les femmes de lever des fonds, malheureusement. C’est quelque chose qui me préoccupe, et c’est pourquoi mon portfolio est composé à près de 50 % d’entreprises fondées par des femmes. C’est important pour moi d’être là pour elles, de les soutenir non seulement avec mon argent, mais aussi avec mon expérience.