Financer une jeune pousse alors que les taux d’intérêt atteignent des sommets inégalés est un défi de taille. Davantage encore si le projet n’a pas fait ses preuves ou montré sa capacité à assurer un retour sur investissement. C’est là qu’interviennent des équipes spécialisées en capital de risque. Survol avec un expert.

« Notre activité d’investissement en capital de risque a comme objectif principal de contribuer à l’émergence et au développement des futurs fleurons technologiques du Québec et de s’assurer de leur ancrage chez nous », explique d’entrée de jeu Alex Laverdière, vice-président, capital de risque, Investissement Québec.

Encore la pandémie

Essentiellement, le capital de risque est un investissement réalisé en échange de parts d’une entreprise. Le rendement de l’investissement est généré par la croissance de la valeur de celle-ci. C’est précisément ce détail qui pose un risque dans l’équation lorsqu’une entreprise cherche à financer une nouvelle technologie ou un nouveau modèle d’affaires pour lequel peu de comparatifs existent sur le marché.

Dans ce contexte, le soutien d’actionnaires comme Investissement Québec est basé principalement sur leur foi en la promesse de l’entreprise. Depuis 2018, l’équipe de capital de risque d’Investissement Québec a injecté des capitaux dans plus d’une centaine de fleurons locaux en démarrage, dont Coveo, Hopper et Lightspeed.

La pandémie a cependant apporté son lot d’instabilité, rappelle Alex Laverdière : « Le marché du capital de risque a connu une décélération très importante durant la pandémie, suivie d’une phase de croissance et d’un nombre de transactions jamais vu en 2020 et 2021. Depuis le milieu de 2022, le marché est en contraction, ce qui coïncide avec la hausse des taux d’intérêt. »

Les impacts du scénario actuel se traduisent par une augmentation du coût de la dette, un resserrement de l’accès au crédit et, ultimement, une baisse de la valeur des entreprises, le critère numéro un pour les investisseurs.

Quelques conseils

Le spécialiste avance quelques conseils pour les dirigeants à la recherche de capitaux dans le contexte que l’on connaît en ce moment. Il souligne que le marché actuel n’est pas caractérisé par la surenchère. Les investisseurs peuvent donc prendre tout le temps nécessaire pour effectuer des décisions éclairées avant de décider d’investir.

M. Laverdière rappelle donc qu’il ne faut absolument pas attendre d’avoir besoin de fonds avant de faire des démarches de recherche d’investissements, il faut plutôt les faire de façon proactive et en continu. Dans la même veine, il réitère l’importance d’être en mesure de faire face à des situations économiques difficiles.

PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Alex Laverdière, vice-président, capital de risque, Investissement Québec

Les jeunes entreprises doivent être optimistes et voir grand, mais se préparer au pire. Elles doivent avoir la capacité de s’adapter en cas de besoin.

Alex Laverdière, vice-président, capital de risque, Investissement Québec

Il ajoute que la campagne de financement est une démarche basée en grande partie sur les relations développées avec les investisseurs, qui portent davantage leurs fruits à long terme qu’à court terme : « Il n’est pas rare de voir une entreprise obtenir des capitaux de la part d’investisseurs avec qui elle a tissé des liens deux ans auparavant. Il ne faut donc pas négliger l’aspect relationnel dans ses démarches. »

Il explique également que le bras financier du gouvernement québécois est présent afin de combler les carences en capitaux auxquelles pourraient faire face les entreprises d’ici dans certains secteurs où il est généralement plus difficile d’accéder à du financement.

Contrairement au développement de logiciels, les technologies industrielles, par exemple, requièrent le développement ou l’achat de matériel physique, ce qui rend les investisseurs plus frileux. Investissement Québec vient donc combler le manque de capitaux du secteur privé : « Nous avons développé une équipe en capital de risque spécialisée dans les technologies industrielles, qui aide les entreprises à être plus efficaces. »