Prenez des développeurs à l’imagination débridée, plongez un chat dans une cyberville oubliée peuplée de robots excentriques, et vous obtenez le jeu Stray, une œuvre surprenante, follement mignonne, mais qui peut s’avérer un brin répétitive.

Stray, un jeu pour PlayStation et PC qui sera mis en vente ce mardi, est la première production d’un petit studio du sud de la France, BlueTwelve, « principalement composé de chats et d’une poignée d’humains », comme le présente son site web.

« Mous » et robots

On n’en doute pas dès les premières minutes : on a affaire ici à des amis des chats. Vous contrôlez un de ces félins, que vous suivez tout le long à la troisième personne et qui se balade paisiblement à la surface de la planète quand une chute le fait atterrir dans une ville abandonnée des humains. Les « mous », comme on les appelle, ont été remplacés à l’issue d’une mystérieuse catastrophe par des robots excentriques, chacun avec une personnalité plus déjantée que l’autre. Votre chat futé, qui n’a pas de nom et qui ne sait que miauler et ronronner, devra multiplier les missions et résoudre des énigmes pour résoudre un ancien mystère et remonter à la surface. Pour la communication, il est doté dès le début d’un harnais qui lui permet de transporter son robot personnel, B-12, qui lui donne des indications et recouvre graduellement la mémoire.

IMAGES FOURNIE PAR BLUETWELVE STUDIO

Les robots ne parlent pas non plus un langage compréhensible. Leurs modulations électroniques doivent également être traduites, en toutes lettres, par B-12.

Les principaux ennemis, ce sont les Zurks, qu’on pourrait décrire comme des tardigrades roses de la taille de rats qui dévorent chat et robots. Rien à faire contre eux, jusqu’à ce que vous puissiez les éliminer d’un coup de lumière violette.

Faire comme chat

À part l’espèce du personnage principal, rien de très révolutionnaire jusqu’ici, des dizaines de jeux postapocalyptiques ont la même trame. Mais on a assumé totalement l’identité féline de notre héros. Il miaule sur commande, se frotte à tout être amical, fait ses griffes sur les portes, divans et tapis. Au détour d’une mission, il peut tomber sur un coussin ou un lit confortable et vous pouvez décider de lui octroyer une sieste. Son ronronnement sera reproduit de façon ingénieuse par la manette, tout comme la texture de ce qu’il griffe est reflétée par les gâchettes, dont la résistance varie.

Comme tout bon chat, il est un as pour sauter d’un néon à un toit, se faufiler entre les barreaux d’un balcon ou sous une porte. On lui a ajouté quelques options supplémentaires pour voyager, comme ces seaux accrochés à des câbles qui lui permettent commodément de franchir de grandes distances.

Les décors de cette cybercité sont magnifiques, reproduits en 4K et utilisant à plein les ressources de la PS5. On passe des toits à des ruelles qu’on dirait sorties de villes médiévales, des égouts à des appartements où joue sans cesse une musique lounge hypnotique. Les quêtes sont nombreuses et évoluent selon le secteur dans lequel vous vous trouvez. Ici, il faut noter le code d’un coffre-fort caché derrière un tableau ou sur un mur. Des partitions sont éparpillées et un musicien se fera une joie de les jouer sur sa guitare construite avec un bidon métallique. Des machines distributrices vous donneront des boissons énergisantes, échangeables ensuite auprès d’un marchand. On doit retirer des batteries de leur compartiment pour activer une porte ou arrêter un ventilateur.

Sauvé par B-12

Les missions sont plutôt sympathiques et les énigmes, rarement difficiles à résoudre. Nous avons cependant eu un coup de fatigue après quelques heures à tourner dans cette cyberville, à la recherche de mystérieux carnets, mais sans indication claire pour les trouver. Rien de pire que cette impression de tourner en rond dans un jeu. Un porte-parole du studio nous a gentiment indiqué que B-12, avec le bouton du bas dans le D-Pad, pouvait nous donner de précieux indices. Nous lui avons promis de relayer l’information aux lecteurs de La Presse.

Au final, Stray est une œuvre d’une inventivité remarquable, graphiquement de haut calibre et qui utilise parfaitement les capacités de la PS5. On y sent tout le plaisir qu’y ont mis ses artisans. Le scénario est bien ficelé, intrigant, mais peut difficilement être qualifié d’émouvant ou de très surprenant. Chose certaine, on y passe une bonne dizaine d’heures totalement dépaysantes dans un univers inventé, à se prendre pour un chat qui doit sauver le monde. Ça augure bien pour BlueTwelve Studio.

Stray

Développeur : BlueTwelve Studio
Éditeur : Annapurna Interactive
Pour PS4, PS5 et Windows PC
Sortie : 19 juillet 2022
Prix : 36,99 $

Essayé sur PS5 avec une copie fournie par Annapurna Interactive