On a l’impression de faire la fine bouche en émettant des réserves sur God of War Ragnarök. Mais même servie par un graphisme magnifique, des combats prenants, des moments émouvants et des énigmes ingénieuses, la suite du jeu lancé en 2018 se perd dans une histoire tarabiscotée et un brin répétitive.

Débarquant sur les tablettes le 9 novembre prochain, God of War Ragnarök fait suite à un reboot fracassant qui avait hérité de trois Game Awards, dont celui de meilleur jeu. Dire qu’il était attendu est un euphémisme : la simple annonce de sa sortie prochaine en septembre 2020 avait fait l’évènement et les bandes-annonces sorties au compte-gouttes ont alimenté la ferveur de millions d’amateurs.

Nous l’avons eu entre les mains depuis deux semaines et les premières impressions ont été à la hauteur. Déjà ambitieux graphiquement en 2018, God of War Ragnarok est plus beau que jamais, dans cette aventure à la troisième personne se déroulant dans neuf royaumes de la mythologie nordique.

Nombreuses questions

Pour nous rafraîchir la mémoire, on nous propose d’entrée de jeu un résumé de l’épisode précédent, où Kratos et son fils Atreus entament une quête pour disperser les cendres de l’épouse et mère, Faye. Cette fois, la montagne de muscles grognonne, ancien général spartiate devenu dieu grec de la guerre et son adolescent qui a grandi doivent affronter le père des Dieux, Odin, dans le combat final de Ragnarök.

Mais le doivent-ils vraiment ? N’y a-t-il pas d’autres solutions que de combattre pour arrêter une guerre ? Et pourquoi les géants appellent-ils le jeune Atreus, qui découvre ses pouvoirs terrifiants, « Loki » ? Il faudra beaucoup de temps, de combats et de royaumes visités pour répondre, et nous ne dévoilerons pas ces secrets ici. On le constate d’emblée, la ligne directrice dans Ragnarök et son florilège de personnages sont loin d’être aussi limpides qu’en 2018.

Si ceux qui ont apprécié les mécaniques du premier jeu sont rapidement en terrain familier, on découvre peu à peu des innovations plutôt réussies. Les Lames du chaos, la deuxième arme de Kratos avec sa hache, servent maintenant à grimper, à déplacer de gros objets ou à incendier les ennemis. L’aspect RPG, où on améliore constamment son équipement grâce à des matériaux, de l’argent et des objets magiques glanés pendant l’aventure, n’est pas trop étourdissant et donne de beaux défis au joueur. Fonction suprêmement utile, on peut d’une seule touche demander le meilleur choix automatique, parmi les centaines de combinaisons possibles, selon le critère désiré de force, de défense, de pouvoir runique, de vitalité, de chance ou de renouvellement.

Et les développeurs se sont permis un petit plaisir coupable : on peut achever des ennemis affaiblis avec un coup de grâce dévastateur, qui varie selon la sorte d’adversaires et le coupera en deux ou lui tranchera la tête dans un fleuve de sang.

CAPTURE D’ÉCRAN

Dialogues délicieux

Aux combats se succèdent des énigmes pour traverser les royaumes ou récolter des runes. Elles sont nombreuses, souvent exigeantes et reviennent rapidement. Tourner une manivelle pour débloquer un canal, glacer de l’eau pour la faire déborder et faire tourner une roue, atteindre dans un délai quasi impossible trois runes cachées pour ouvrir un coffre, envoyer Atreus ouvrir une porte pour en coincer une autre… Les variantes sont nombreuses.

Côté narration, les scénaristes du studio Santa Monica de Sony sont des maîtres du genre. Très peu de dialogues convenus ici, les disputes fréquentes entre Kratos et Atreus, entre le père qui veut protéger et le fils qui veut guerroyer, sont finement ciselées. Et là où Kratos se contente d’un grognement, son ami Mimir, une tête parlante héritée de l’opus précédent, se charge de faire la conversation. Pouce levé également pour deux personnages secondaires souvent dans l’action, les nains Sindri et Brok, très rigolos, souvent pertinents et toujours aussi habiles de leurs mains.

Quant aux ennemis, on a droit à une nouvelle faune exotique, des elfes blancs et noirs aux calamités qui rampent au sol, aux globes flottant dans les airs aux reptiles crachant un acide toxique. Les « boss », eux, sont plus gigantesques que jamais et demandent la combinaison parfaite pour parer leurs coups, envoyer des flèches grâce à Atreus et les tapocher dans un accès de Rage spartiate.

L’adolescent, par ailleurs, a pris du galon et est lui-même le personnage qu’il faut contrôler dans certaines aventures parallèles qui l’aideront à découvrir sa véritable personnalité. Il n’est pas aussi puissant que son père et les développeurs nous font la fleur de ne lui envoyer que des ennemis plus vulnérables.

But clair demandé

Tous ces aspects, du graphisme à la mécanique de jeu en passant par les dialogues, sont tout simplement magnifiques. Mais cette succession de combats et d’énigmes s’avère au bout d’une dizaine d’heures plutôt répétitive, même si les environnements et les ennemis changent et qu’il faut trouver de nouvelles façons de les abattre. Surtout, on a de la difficulté à embarquer dans une histoire qui s’annonce très longue, avec ses neuf royaumes à débloquer, sans comprendre exactement où tout cela nous mène. Est-ce vieux jeu que de préférer un but clair à une profusion de pistes et de quêtes, aussi bien bâties soient-elles ? On assume, même s’il est probable que des millions de joueurs, anciens et nouveaux, y trouveront leur bonheur.

God of War Ragnarök

  • Pour PS4 et PS5
  • Essayé sur une PS5 avec une copie fournie par Sony Interactive Entertainment
  • Sortie : 9 novembre 2022
  • Prix : 89,99 $

Note : 9 sur 10

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