(Sydney) L’Australie a donné jeudi 28 jours à Twitter pour montrer que la plateforme lutte sérieusement contre la haine en ligne, sous peine d’une amende de près d’un demi-million de dollars par jour de retard.  

Dans un communiqué de l’agence australienne de la sécurité en ligne (eSafety), sa responsable Julie Inman Grant a ainsi menacé le réseau social d’une amende quotidienne de 475 000 dollars US s’il dépassait la date butoir.

Selon elle, un tiers des plaintes déposées en Australie pour discours haineux en ligne renvoient à des propos publiés sur la plateforme à l’oiseau bleu.

« Twitter semble ne pas être à la hauteur en ce qui concerne la lutte contre la haine », a lancé Mme Inman Grant, ancienne salariée du réseau social.  

L’agence australienne « est loin d’être la seule à s’inquiéter des niveaux croissants de toxicité et de haine sur Twitter, particulièrement à l’encontre des communautés marginalisées », a-t-elle encore affirmé.

« Nous demandons à ces plateformes de rendre des comptes et de prendre des mesures pour protéger leurs utilisateurs », a-t-elle déclaré.  

Le milliardaire Elon Musk, propriétaire du réseau social depuis octobre 2022, a licencié à tour de bras, notamment de nombreux modérateurs de contenu chargés de lutter contre les abus.  

En novembre, il a annoncé une « amnistie » pour les comptes bannis et la fin de la lutte contre la désinformation sur la COVID-19. Des dizaines de milliers de comptes suspendus ou interdits ont été rétablis.

« Twitter semble avoir laissé tomber la lutte contre la haine », a déclaré Inman Grant, qui a travaillé dans le secteur de cybersécurité au sein du géant américain après 17 ans chez Microsoft.  

« Nous sommes également inquiets des nombreux rapports faisant état de contenus qui demeurent largement accessibles et qui enfreignent vraisemblablement les conditions d’utilisation de Twitter ».

L’Australie est à la pointe en matière de politique de régulation des plateformes des réseaux sociaux, et ce n’est pas la première fois que Julie Inman Grant s’en prend publiquement à Twitter.

Dès novembre, elle avait écrit à M. Musk pour l’avertir qu’une coupe claire dans les effectifs rendrait Twitter incapable de se conformer à la loi australienne.  

Le journaliste autochtone Stan Grant, l’une des personnalités médiatiques les plus respectées d’Australie, a annoncé en mai avoir déposé plainte auprès de Twitter pour avoir fait l’objet d’« injures racistes ».

Mi-juin, les plus grandes maisons de disques américaines ont réclamé à Twitter des centaines de millions de dollars de droits impayés, reprochant au réseau social de n’avoir pas suffisamment agi contre l’utilisation indue de morceaux sur sa plateforme.