(Ottawa) Bard, le robot conversationnel de Google, a élargi jeudi sa présence à l’international, mais il boude le Canada pour l’instant. C’est que son créateur estime que le climat d’incertitude ne s’y prête pas dans le contexte de l’adoption de la Loi sur les nouvelles en ligne.

Le robot propulsé à l’intelligence artificielle (IA) est désormais accessible dans plus de 230 pays et territoires à travers le monde, et dans environ 40 langues, s’est réjouie la société dans un billet de blogue, jeudi. Il n’a débarqué ni en Chine ni en Russie ni en Iran… ni au Canada.

Cette décision n’est pas étrangère au processus réglementaire en cours, a convenu dans une déclaration un porte-parole de Google de l’entreprise.

« Nous nous engageons à être de bons partenaires pendant que nous gérons des incertitudes réglementaires au Canada, et nous sommes enthousiastes à l’idée de bientôt apporter le potentiel de l’IA générative de Bard aux Canadiens », a-t-on signalé.

Le géant du web est en guerre ouverte contre le gouvernement libéral, dont il juge la Loi sur les nouvelles en ligne « inapplicable ». Si bien que lorsqu’elle entrera en vigueur, soit en décembre prochain, normalement, Google a l’intention de cesser de relayer les actualités canadiennes dans son moteur de recherche.

Puisque le robot Bard peut fournir des liens menant vers du contenu de nouvelles, l’incertitude demeure.

Le ministre du Patrimoine canadien, Pablo Rodriguez, n’a pas réagi à ce nouveau développement, jeudi. Aux dernières nouvelles, il estimait toujours que le fédéral et Google pouvaient en arriver à un terrain d’entente pendant le processus réglementaire.

L’IA suscite l’inquiétude à Ottawa

Son collègue François-Philippe Champagne, le ministre l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, planche quant à lui sur un projet de loi visant à encadrer l’intelligence artificielle, le C-27, dont l’étude détaillée doit commencer l’automne prochain.

Peu avant son adoption en deuxième lecture à la Chambre des communes, le ministre Champagne avait lancé un appel à l’action. « On se pose de plus en plus de questions sur la tournure de l’intelligence artificielle », plaidait-il en entrevue avec La Presse, regrettant l’opposition des conservateurs aux mesures proposées.

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Plus d’un millier de personnalités et de spécialistes de l’intelligence artificielle, dont la sommité québécoise Yoshua Bengio ainsi que le PDG de Tesla, Elon Musk, ont réclamé en mars dernier une pause de six mois dans la recherche en cette matière.