(New York) Le titre du concepteur britannique de microprocesseurs Arm a gagné près de 25 % jeudi lors de sa première séance de cotation, un succès pour la plus importante introduction en Bourse depuis près de deux ans.

Après avoir entamé son parcours à 56,10 dollars (+10 %), l’action a pris jusqu’à 30 %, avant de clôturer à 63,59, soit 24,69 % de plus que les 51 dollars retenus mercredi par Arm comme prix d’introduction. Ce dernier se situait déjà dans le haut de la fourchette initiale, comprise entre 47 et 51 dollars.

Jeudi, après la cloche, le fleuron britannique était valorisé 65,2 milliards de dollars, et même 67,9 en comptant les titres alloués aux salariés et dirigeants.

La première journée de cotation donne souvent le ton pour le parcours boursier d’une société durant ses premiers mois sur le marché.

Il s’agit de la plus importante entrée en Bourse dans le monde depuis novembre 2021 et l’arrivée à Wall Street du constructeur de véhicules électriques Rivian, valorisé 77 milliards de dollars, à l’époque.

C’est une victoire pour Masayoshi Son, patron de SoftBank Group, actionnaire majoritaire d’Arm, qui avait été jugé trop gourmand pour avoir visé une valorisation comprise entre 60 et 70 milliards.

Le succès de l’introduction d’Arm représente une forme de rédemption pour l’entrepeneur japonais, qui a surtout fait parler de lui, ces dernières années, pour ses pertes colossales enregistrées sur des investissements technologiques.

SoftBank a notamment subi plusieurs milliards de dollars de moins-value sur ses participations dans le roi déchu des bureaux partagés WeWork ainsi qu’au capital du géant chinois du commerce en ligne Alibaba.

À l’origine de cette réintroduction, SoftBank a choisi de ne se défaire que de 10 % environ du capital, et a déjà récupéré 4,8 milliards de dollars, total qui pourrait aller jusqu’à 5,2 milliards en cas d’exercice de l’option de surallocation, qui permet aux banques intermédiaires d’acquérir des titres supplémentaires.

Cela situe l’opération au 17e rang des plus importantes introductions en Bourse jamais réalisées aux États-Unis.

SoftBank garde 90 % des actions

Quant au solde des actions Masayoshi Son a indiqué jeudi, sur CNBC, qu’il entendait le conserver. « Je veux en garder le plus possible, le plus longtemps possible », a-t-il expliqué.

Le fait que SoftBank reste propriétaire d’environ 90 % des titres pourrait faire d’Arm une valeur volatile en Bourse, où il est plus difficile de trouver un vendeur ou un acheteur quand le flottant (nombre d’actions en circulation) est limité.

« Nous sommes ravis d’entrer en Bourse aujourd’hui, contents pour tous nos employés, nos partenaires et nos développeurs », a déclaré, sur CNBC, le directeur général d’Arm, Rene Haas.

C’est un retour à la cote pour Arm, qui a déjà fait un premier galop en Bourse de 1998 à 2016, avant sa prise de contrôle par SoftBank, pour 32 milliards de dollars.

Le baptême du feu d’Arm était aussi un test grandeur nature pour le marché des introductions en Bourse, plombé par le resserrement monétaire des banques centrales et le durcissement des conditions de crédit.

Il faut remonter à 1990 pour trouver des chiffres inférieurs à ceux du millésime 2022.

« Ca faisait 18 mois qu’on n’avait pas eu de vraie introduction, et c’est un succès », a résumé Art Hogan, analyste de B. Riley Wealth Management.

Pour s’assurer de la réussite du projet, Arm s’était assuré du soutien d’un groupe de clients de prestige, d’Apple à Nvidia, prêts à investir 735 millions de dollars à son capital.

Derrière Arm, sont déjà annoncés sur la place new-yorkaise la plateforme de livraisons de courses Instacart, le spécialiste du marketing en ligne Klaviyo, ainsi que le fabricant des célèbres sandales Birkenstock, dont le dossier a officiellement été déposé mardi.