Checkmate Showdown, la toute dernière offrande de la scène indépendante montréalaise du jeu vidéo, est un ingénieux mélange d’échecs et de combats mortels, sollicitant autant le cerveau que les pitons de la manette. Et s’il faut quelques matchs pour apprivoiser les nombreuses commandes et comprendre le concept, on est rapidement séduit par la créativité que les développeurs y ont injectée.

En préparation depuis plusieurs années, après des versions préliminaires bouclées cet été et une campagne Kickstarter en juin dernier qui n’a pas eu le succès escompté, Checkmate Showdown a enfin droit à son grand lancement ce mercredi.

Sa création est à elle seule un bel exemple de collaboration entre studios indépendants montréalais, l’idée initiale de BadRez Games profitant en cours de route de l’expertise de ManaVoid (Rainbow Billy, Roots of Yggdrasil). 12 artisans au total y ont contribué. Pour l’édition, on mise en outre sur Indie Asylum, un collectif regroupant une dizaine de studios.

De l’échiquier à l’arène

Foin des présentations, passons au jeu lui-même, disponible au grand public sur Steam ce mercredi. On a devant nous un échiquier bleu et gris dans des décors titanesques avec ses 32 pièces animées. Les pions ressemblent à de petits gardiens tirés du Jeu du calmar, chaque pièce majeure a son propre design futuriste avec ses gestes.

IMAGE FOURNIE PAR INDIE ASYLUM

Comme dans un jeu d’échecs classique, on commence la partie avec la stratégie qui nous convient, les pions comme les cavaliers, fous, tours, rois et reines ayant leur propre déplacement. Le jeu est conçu pour être multijoueur, idéalement via Steam Remote Play Together en mode local, mais un ordinateur peut prendre la relève pour le jeu solo.

Quand un pion est mangé ou mange un adversaire, rien ne se passe. « Si les pions pouvaient se battre, les parties dureraient trop longtemps », expliquait en entrevue cet été Antoine Bordeleau, directeur général de Purple is Royal, responsable du marketing. Quand une des pièces majeures est impliquée, le gros fun commence et une arène apparaît.

L’attaquant a l’avantage avec sa capacité de déployer dès le départ son coup Ultimate. Chaque joueur dispose de 1000 points de vie, divisés en cinq gros segments. Chacune des pièces a sa façon de combattre et ses techniques spéciales, avec le cavalier qui a un fantôme imprévisible, la Reine déployant son sceptre comme une arme mortelle, la Tour se précipitant pieds devant pour vous étourdir. Vous devez bloquer, lancer des attaques spéciales, pouvez réclamer l’assistance d’une autre pièce dans certaines circonstances. La Reine est rapide, le Roi puissant mais lent, le Fou a des mouvements spéciaux en diagonales. Aucune pièce n’est surpuissante, les développeurs ayant tenu à maintenir un équilibre.

Hommage aux pionniers

Les animations sont magnifiques, agiles et inventives. Une partie peut être bouclée en moins d’une demi-heure, les pièces restantes étant invitées à un Final Showdown jusqu’à la mort si le chronomètre est dépassé.

IMAGE FOURNIE PAR INDIE ASYLUM

Le but, comme dans les vrais échecs, est de battre le Roi. L’habileté aux échecs est utile – notamment pour profiter de l’avantage offensif – mais n’est pas déterminante, chaque prise devant ensuite être confirmée par un vrai combat. L’équipe idéale, explique Antoine Bordeleau, serait constituée d’un bon joueur d’échec appuyé par un « grand joueur de combat ». Le concept peaufiné par Checkmate Showdown n’est pas totalement nouveau, précise-t-il, « de très vieux jeux sur Amiga » dans les années 80 ayant déjà utilisé cette mécanique de pièces sur un échiquier se rencontrant en combat. Pour les connaisseurs, Mortal Kombat : Deception sorti en 2004 a ajouté un mode Chess Kombat, « mais ce n’était pas des pièces d’échecs, elles étaient basées sur les personnages de Mortal Kombat ».

Avec Checkmate Showdown, BadRez et ManaVoid ont manifestement entre les mains une œuvre qui peut dépasser de loin le succès d’estime modeste auquel sont habitués les studios indépendants. La réalisation est soignée et solide, les détails ont été réfléchis, et, surtout, le plaisir des développeurs est contagieux. Il ne s’agit pas d’un concept monté à la sauvette pour sortir une machine à clics, mais d’un beau jeu vidéo.

Un 19,99 $ US très bien investi, pas de doute.

Checkmate Showdown

  • Développeurs : BadRez Games, ManaVoid Entertainement
  • Éditeurs : ManaVoid Entertainement, Indie Asylum
  • Plateforme : PC, sortie pour PlayStation à confirmer
  • Prix : 19,99 $ US
  • Date de sortie : 15 novembre 2023

Note : 8,5 sur 10

Essayé sur PC avec une copie fournie gratuitement par Indie Asylum

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