Avec la hausse des taux d’intérêt depuis mars 2022, des centaines d’entreprises technologiques ont supprimé des emplois.

Il y a un an, Alphabet, société mère de Google, a supprimé 6 % de ses effectifs mondiaux (12 000 emplois) et Meta, 13 % (10 000). Même chanson chez Microsoft, Amazon et Disney.

Plus de 260 000 employés du secteur techno ont été licenciés en 2023, selon Layoffs.fyi, un site qui suit les mises à pied dans ce secteur.

Google a fait d’autres coupes mercredi dernier.

Comme certains cadres n’aiment pas le mot « mises à pied », plusieurs ont utilisé des euphémismes.

PHOTO HENRY NICHOLLS, ARCHIVES REUTERS

Des employés de Google, à Londres, lors d’une manifestation contre des licenciements le 4 avril 2023

« ‟Rajuster l’effectif” est un terme qui semble plus neutre », explique Roger Lee, créateur de Layoffs.fyi. L’expression exprime aussi l’idée que « ces entreprises ont beaucoup embauché depuis deux ans et que maintenant, compte tenu de l’économie actuelle, elles constatent qu’il est logique de rapetisser un peu ».

Certains licenciements se sont faits dans l’environnement étrange et isolé du télétravail : des travailleurs ont éteint leur portable, dans leur salon, en sachant qu’ils ne parleront peut-être plus jamais à leurs collègues.

Quand le détaillant de meubles Wayfair a annoncé 1750 mises à pied, en janvier 2023, l’entreprise a cadré cette mesure dans un plan de « rajustement d’effectif ».

Dix jours plus tard, PayPal a sabré 2000 postes à temps complet – 7 % de son personnel –, évoquant le « rajustement de [sa] structure de coûts ».

Le choc n’est pas moindre

Les experts soulignent qu’éviter le terme « mises à pied » n’atténue pas le choc subi par les employés.

« Ce discours peut déshumaniser le processus et peut involontairement donner à l’employé l’impression que l’entreprise ne réalise pas pleinement l’impact réel de la décision », affirme M. Lee.

Selon Sandra Sucher, professeure de gestion à l’Université Harvard, utiliser des euphémismes lors de mises à pied s’apparente au phénomène psychologique du « désengagement moral », où des patrons recourent à des termes flous pour se distancier de la moralité de leurs décisions.

Mais les travailleurs qui passent à la trappe lors d’un « rajustement d’effectif » savent ce que l’expression veut dire : ils ont été virés.

Cet article a été initialement publié dans le New York Times.

Consultez l’article original (en anglais, abonnement requis)