Bien connu dans la communauté financière québécoise, Jean-Luc Landry fait partie des nombreux membres de Québec inc. qui ont investi des fonds dans Finabanx avec Stéphane Le Bouyonnec, alors qu’il était président de la Coalition avenir Québec, avant août 2018.

« On lui a fait confiance et il a été imprudent », résume le gestionnaire de fonds.

Dans une déclaration sous serment, Stéphane Le Bouyonnec explique qu’il a dû faire « amende honorable » auprès des actionnaires minoritaires. Ils ont appris des mois plus tard que l’entreprise avait fait des paiements douteux totalisant 750 000 $ à ses fondateurs, entre juin et décembre 2019.

Jean-Luc Landry reproche aussi à Le Bouyonnec « un grave manque de gouvernance ».

Finabanx n’avait pas de conseil d’administration pour assurer les arrières des actionnaires minoritaires. « Lui nous laissait entendre qu’il y en avait un, raconte-t-il. Il parlait du board, mais il n’y en avait pas ! »

À l’époque, le titre officiel de Le Bouyonnec dans l’entreprise était d’ailleurs… « président exécutif du conseil d’administration ». Un conseil d’administration qui, finalement, n’a jamais été mis sur pied.

En entrevue avec La Presse, l’homme d’affaires devenu sous-ministre assure que pendant trois ans, il a fait pression pour que les fondateurs mettent finalement sur pied le fameux « board » qu’il était censé diriger.

J’ai toujours tenté d’améliorer les choses et je n’ai pas été capable. Ç’a été un échec.

Stéphane Le Bouyonnec

Jean-Luc Landry assure que Finabanx, « avec une bonne gouvernance », serait en Bourse « et vaudrait 100 millions ».

« Il y a plusieurs investisseurs d’expérience qui ont mis de l’argent là-dedans, insiste-t-il. C’est loin d’être des imbéciles ! »

Poursuite et contre-poursuite

Jean-Luc Landry a depuis revendu ses actions de Finabanx, sans rendement. Mais il faisait partie des actionnaires minoritaires qui ont déposé en 2021 une poursuite contre les fondateurs de l’entreprise, Esther Ross et Yannick Garand.

L’absence d’un conseil d’administration en bonne et due forme est d’ailleurs au centre de la poursuite.

Une société de l’ancien chef de la direction financière de Finabanx, Frédérique Peter Boucher, a déposé la poursuite au nom de l’ensemble des actionnaires minoritaires.

L’ex-PDG de SNC-Lavalin Jacques Lamarre et une entreprise d’Érik Péladeau, frère du PDG de Québecor Pierre Karl Péladeau, font aussi partie des plaignants.

Esther Ross réplique par une contre-poursuite contre les actionnaires minoritaires, mais aussi contre Stéphane Le Bouyonnec, représenté par le même avocat que Frédérique Peter Boucher, Karim Renno. Elle se dit victime d’une tentative illégale de prise de contrôle, à laquelle participe selon elle l’ancien président de la CAQ.

Stéphane Le Bouyonnec devrait être appelé à témoigner et a déjà été interrogé hors cour en septembre 2021, neuf mois après son entrée dans la haute fonction publique.

Le conseil de discipline de l’Ordre des comptables professionnels agréés du Québec se penche sur le cas de Frédérique Peter Boucher. Le syndic lui reproche des conflits de loyauté envers son employeur, mais aussi des entraves à son enquête.