Alors que la ville de Québec inaugurait récemment Rêver un Nouveau Monde, un ensemble de 40 chaises du sculpteur Michel Goulet gravées de vers de poètes québécois, non loin de là, à la galerie Lacerte, des oeuvres sur papiers et sur pierres rappellent que l'auteur Claude Péloquin veut aussi se faire entendre.

Alors que la ville de Québec inaugurait récemment Rêver un Nouveau Monde, un ensemble de 40 chaises du sculpteur Michel Goulet gravées de vers de poètes québécois, non loin de là, à la galerie Lacerte, des oeuvres sur papiers et sur pierres rappellent que l'auteur Claude Péloquin veut aussi se faire entendre.

Cette courte exposition, qui se termine demain, a été inaugurée dimanche dernier par un récital où le poète a lancé quelques vers, entouré d'une petite foule heureuse d'entendre ses mots inclassables : «Je t'attends comme une guitare à vendre» et autres réjouissants «Aimer fait trop mal pour être vrai.»

D'abord présentée à Montréal à la galerie Orange, l'exposition comprend une trentaine d'acryliques sur papier et autant de dessins sur pierre réalisés avec une parfaite désinvolture. On y retrouve la parole directe et touchante de celui qui a été dans sa jeunesse comparé à Tristan Tzara, puis à Charles Bukowski, comme il aime le rappeler.

Claude Péloquin a transcrit sur les papiers et sur les pierres des morceaux puisés dans son oeuvre. On peut y relire notamment les cinq poèmes faisant partie de la célèbre murale du Grand Théâtre de Québec, dont le fameux «Vous êtes pas écoeurés de mourir bande de caves? C'est assez!» On reconnaît sur ses dessins le geste spontané et proche du graffiti de la fresque. Le vers n'a pas perdu de son effet 39 ans plus tard. «C'était un cri d'amour», dira-t-il à propos de cette phrase qu'il est venu lui-même graver dans le ciment en 1969, lors de la construction de la murale par le sculpteur Jordi Bonet (1932-1979). Déjà, Claude Péloquin voulait multiplier les modalités de diffusion de sa poésie.

Éclair de génie

L'auteur a eu plus d'un éclair de génie dans sa carrière, dont la fameuse chanson Lindbergh qu'il a écrite pour Robert Charlebois en 1969. Il a fait son premier livre édité à compte d'auteur à 22 ans avec l'aide de Michel Chartrand, alors imprimeur. Il a participé à l'Expo 67, à la Nuit de la poésie et fait de nombreux happenings. «J'ai travaillé avec plusieurs peintres, dit-il, avec Pellan, Cosgrove (et plus récemment) avec Zilon.»

À 66 ans, Claude Péloquin a mille anecdotes à raconter, témoignant d'une partie de la contre-culture. Il regrette cependant le manque de reconnaissance de ses pairs. «J'ai publié 30 livres, rappelle-t-il, et je ne suis toujours pas dans l'anthologie de la poésie québécoise! Je ne fais pas partie de la clique qui se donne des bourses entre eux!» On reconnaît son style direct et franc. Reste qu'après trois rééditions, en effet, Claude Péloquin est toujours étonnamment absent de l'ouvrage de référence publié aux Éditions Typo. Avec cette exposition, la galerie Lacerte souligne à sa façon la contribution à la culture québécoise du poète dont la signature unique continue d'émouvoir. Il persiste et signe : «Vaut mieux passer pour fou que de passer tout droit.»

Pierres et papiers - Volet 2, de Claude Péloquin, à la galerie Lacerte jusqu'à demain, 18h, au 1, rue Dinan à Québec.