L'écrivain et dramaturge britannique Harold Pinter, prix Nobel de littérature en 2005 réputé pour son opposition à la guerre en Irak, est décédé mercredi soir à l'âge de 78 ans après un long combat contre le cancer.

«C'était un grand homme et ce fut un privilège de vivre avec lui pendant plus de 33 ans. Il restera à jamais dans nos mémoires», a déclaré son épouse Antonia Fraser en annonçant jeudi sa mort sur le site du quotidien The Guardian. L'agente de l'artiste, Judy Daish, a confirmé le décès à l'AFP, précisant qu'il était dû à un cancer. Les médecins lui avaient diagnostiqué un cancer de l'oesophage en 2002.

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Intellectuel connu pour ses prises de positions politiques tranchées, Harold Pinter a écrit plus de trente pièces de théâtre. Il était également poète, metteur en scène et auteur de scénarios de films, dont plusieurs adaptations de ses oeuvres.

Fils d'un tailleur juif, il était né le 10 octobre 1930 à Hackney, un quartier populaire de l'est londonien. Le succès lui était venu avec «The Caretaker» («le Gardien»), filmé en 1963. Il collaborera à plusieurs reprises pour le cinéma, écrivant notamment les scénarios de «La Maîtresse du Lieutenant français» et de «L'Ami retrouvé».

Son style, habile mélange de silences menaçants et de l'argot de l'Est londonien, avait tellement marqué son époque qu'il a fait son entrée dans le prestigieux Oxford English Dictionary, sous le mot «Pinteresque».

Artiste engagé, il passait pour un rebelle anti-impérialiste et un grand défenseur des droits de l'homme. Il avait notamment réclamé la comparution devant la Cour internationale de justice de l'ancien premier ministre britannique Tony Blair et du président américain George Bush, pour avoir déclenché la guerre en Irak.

Critique acerbe dans les années 1980 du président américain Ronald Reagan et de sa contemporaine britannique, l'ancien premier ministre Margaret Thatcher, Pinter avait tourné plus récemment sa colère contre l'engagement de l'ONU au Kosovo (1999), l'invasion américaine de l'Afghanistan (2001) et la guerre en Irak (2003), comparant Tony Blair à «un idiot plein d'illusions» et qualifiant George Bush de «criminel de guerre».

«Harold était un personnage en politique, un polémiste qui a mené des luttes féroces contre la politique étrangère américaine et souvent britannique. Mais dans la vie privée, il était le plus fidèle des amis et le plus généreux des hommes. C'était un grand homme tout autant qu'un grand dramaturge», a dit de lui son ami et biographe Michael Billington, interrogé sur Sky News.

 Souffrant d'un cancer de l'oesophage diagnostiqué en 2002, Harold Pinter avait subi des éances de chimiothérapie, un «cauchemar personnel» selon ses propres mots.

Malgré la maladie, il avait continué de travailler. Son interprétation en 2006 à Londres du monologue de Beckett «La dernière bande» lui vaudra un succès critique. En 2007, il avait signé le scénario du film «Sleuth» (Le Limier), avec Jude Law et Michael Caine.

L'agente de Pinter, Judy Daish, a précisé à l'AFP que des funérailles privées seront organisées à une date qui reste à déterminer.