Le ministre du Patrimoine canadien, James Moore, a trouvé le Bye Bye de Radio-Canada «un peu insultant», mais il ne compte pas partir en guerre contre la société d'État pour autant.

«Comme Canadien et ministre du Patrimoine, je ne suis pas l'arbitre du goût. Ce n'est pas mon travail. Mais si on fait des investissements pour des émissions de comédie, ça devrait être drôle. Ils se sont un peu trompés à ce sujet. C'était leur choix, un peu insultant peut-être, mais en même temps ce n'est pas la fin du monde», a-t-il déclaré en entrevue à La Presse.

 

En visite à Montréal hier et aujourd'hui, le ministre Moore réagissait à la polémique entourant l'émission de fin d'année de Véronique Cloutier et de Louis Morissette. M. Moore s'est montré satisfait du mea-culpa du vice-président de Radio-Canada, Sylvain Lafrance, paru hier dans les quotidiens québécois.

«Radio-Canada doit être au diapason de la population, écrivait M. Lafrance, et ne ménager aucun effort pour remplir cette responsabilité de façon juste et transparente, dans le respect de la liberté d'expression et des sensibilités du public.»

Cet après-midi, Véronique Cloutier et Louis Morissette tenteront de mettre le couvercle sur la marmite de la controverse en rencontrant les journalistes.

Le Québec distinct

James Moore a surtout établi, hier, un premier contact avec la communauté culturelle québécoise comme ministre. En matinée, il a rencontré une vingtaine d'intervenants des milieux artistiques et des industries culturelles dans le cadre d'une table ronde. L'élu de 32 ans dit comprendre mieux que jamais l'importance de la culture et des artistes au Québec.

«Les Québécois au Canada, c'est quelque chose de vraiment unique et de spécial. J'ai la certitude qu'il faut protéger la culture québécoise, mais aussi la célébrer au Québec et hors du Québec. Et ça va continuer avec notre gouvernement», soutient-il.

Il explique que son ministère, malgré les compressions de 45 millions, continue d'aider les artistes québécois et canadiens à voyager dans le monde à l'aide d'autres mesures totalisant 21 millions de dollars.

«Le programme Route commerciale coûtait 7 millions de dollars, poursuit-il, et il n'a rapporté que 2 millions de bénéfices. C'était un programme inefficace. On a réinvesti cet argent dans les autres programmes de soutien aux arts et à la culture.»

Le ministre du Patrimoine promet de continuer d'être à l'écoute des artistes et des organismes d'ici pour s'assurer «que leurs besoins soient pris très au sérieux par mon gouvernement».

Moore séduit

Le président de Culture Montréal, Simon Brault, est sorti satisfait de sa première rencontre avec le nouveau ministre. Il croit même que le gouvernement conservateur s'apprête à jouer un rôle actif dans le développement de la métropole culturelle du Québec.

«Il a bien saisi, je crois, les modèles montréalais et québécois de la culture ainsi que les besoins en soutien direct aux artistes, à l'exportation, aux infrastructures et aux droits d'auteur. C'est un premier test réussi et positif. On a été écoutés.»

M. Brault a notamment fait valoir l'importance économique de la culture en temps de crise puisque, dit-il, «la France et l'Allemagne viennent d'annoncer un accroissement significatif des investissements gouvernementaux dans le secteur des arts et de la culture dans le cadre de leurs programmes de stimulation de l'économie».

Plusieurs intervenants du milieu de la danse étaient également présents, de même que la productrice de cinéma, Denise Robert, ainsi que des représentants du domaine du cirque et du Festival Juste pour rire.

«C'était un exercice intelligent d'écoute. Il a pris la mesure de certaines erreurs. Il n'a pas la langue de bois. Il s'est montré ouvert, franchement. Il a compris, je crois, la différence québécoise et les besoins en exportation de notre culture», conclut Gilbert Rozon.