Secoué par des révélations sur ses dépenses, et en dépit de l'avis de bien de ses conseillers, le président de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC), Jean-Guy Chaput a décidé hier de faire une conférence de presse cet après-midi, aux bureaux de la SODEC à Montréal, pour s'expliquer.

Jean-Guy Chaput dira à cette occasion que la SODEC a toujours retenu une chambre au même hôtel pendant la durée du Festival de Cannes, une suite assez grande pour y tenir des réunions. M. Chaput tenait à cette chambre à 1300 $ la nuit même si des employés de la SODEC lui avaient déconseillé de la louer au moment où ses dépenses étaient surveillées.

En fin de semaine, à Laval, la ministre de la Culture, Christine St-Pierre a en effet déclaré qu'elle était à l'origine de la nomination de Jean Pronovost au poste de président du conseil de la SODEC, en mai 2008. Elle a aussi fait savoir qu'elle avait explicitement demandé à ce fonctionnaire de réclamer des comptes sur les dépenses jugées excessives de M. Chaput.

À la SODEC, on laisse entendre que le tort de M. Chaput aura été de refuser de collaborer avec M. Pronovost. Ce refus a poussé la ministre Saint-Pierre à demander, par l'entremise de M. Pronovost, l'intervention du vérificateur général, Renaud Lachance.

Dans un rapport accablant, la semaine dernière, M. Lachance relevait des factures de «prestation de restauration» totalisant 80 000$ et des frais de déplacements de 200 000$ présentées faussement comme des subventions remises à des artistes.

Or, M. Chaput compte plaider, factures en main, que ces 80 000$ ont servi à payer les réceptions pour la Semaine du cinéma québécois, un événement organisé chaque année au cinéma Publicis, sur les Champs-Élysées de Paris, pour faire la promotion de la production québécoise. L'événement a par exemple favorisé la distribution l'an dernier en France du film Les 3 p'tits cochons de Patrick Huard.

Quant au 200 000$, M. Chaput souhaite expliquer qu'il s'agit d'un montant inscrit dans le budget de la SODEC depuis longtemps, soit bien avant son arrivée à la barre de l'organisme. Chaque année, cette somme est allouée aux activités internationales de la SODEC, pour les frais des déplacements des employés, mais aussi pour les frais du Bureau du cinéma.

Des proches de Jean-Guy Chaput soutiennent que ce dernier a toujours aimé mener grand train. Or depuis la semaine dernière, M. Chaput est, semble-t-il, totalement assommé d'avoir été publiquement traîné dans la boue par le vérificateur général. Il n'a encore fait aucune déclaration à la presse.

Jean Charest a poussé M. Chaput vers la porte, il y a quelques jours, en insistant sur le fait que son mandat ne serait pas renouvelé, et en déclarant qu'il pouvait difficilement rester en poste jusqu'à la fin de ce mandat. M. Chaput a par après indiqué qu'il souhaitait compléter son mandat. Questionné hier à savoir si M. Chaput devait démissionner, le premier ministre a répondu: «Il doit rencontrer son conseil d'administration. C'est à lui de rendre des comptes à son conseil.»

- Avec Tommy Chouinard et Paul Journet