Les jours de Jean-Guy Chaput à la tête de la Société de développement des entreprises culturelles semblent comptés. Après neuf heures de discussion, le conseil d'administration de la SODEC a recommandé au gouvernement de le destituer, vendredi soir.

La ministre de la Culture Christine St-Pierre, qui a déjà affirmé que le dirigeant n'a plus la légitimité pour diriger l'organisme, scellera son sort dans les prochains jours. Dans un communiqué diffusé vendredi soir, elle a fait savoir qu'elle soumettra le dossier à ses collègues à la prochaine réunion du Conseil des ministres.

Après avoir permis à Jean-Guy Chaput d'exposer sa version des faits, le conseil d'administration a débattu pendant plusieurs heures. Ce n'est qu'en soirée que ses membres ont finalement rendu une décision unanime. Les 10 administrateurs - trois étaient absents - ont convenu que le président doit quitter ses fonctions.

«Les explications de M. Chaput ont mis les choses dans leur contexte, a déclaré le président du conseil, Jean Pronovost. Mais elles n'ont pas pu nous faire oublier que, dans le contexte actuel, sa légitimité est assez compromise pour l'empêcher de remplir efficacement les devoirs de ses fonctions.»

Jean Pronovost affirme que le C.A. a déjà choisi un candidat pour assurer l'intérim si le gouvernement venait à destituer M. Chaput. Mais il a préféré ne pas révéler son identité, puisqu'il ne l'a pas encore sondé.

Jean-Guy Chaput a été plongé dans la controverse, la semaine dernière, lorsque le vérificateur général Renaud Lachance a révélé qu'il a séjourné dans une chambre à 1300 $ la nuit lors de son passage au Festival de Cannes.

En 2008, a révélé le vérificateur, la SODEC a déboursé 212 000 $ en frais de déplacement et de représentation pour son PDG et d'autres employés. L'organisme gouvernemental avait également remboursé une note de 80 000 $ pour des «prestations restauration» à son bureau européen de Paris.

Jean-Guy Chaput a défendu bec et ongles sa gestion de la SODEC, mardi, lors d'une conférence de presse. Il a affirmé son désir de rester en poste, et n'a pas exclu de poursuivre le gouvernement si celui-ci devait lui montrer la porte.

Mais cette sortie n'a pas convaincu le conseil d'administration de l'organisme, qui a finalement tranché que les dépenses étaient trop extravagantes.

«M. Chaput est le premier responsable et se doit de donner l'exemple, a indiqué Jean Pronovost. Quand le premier responsable fait des gestes qui sont un peu, disons, laxistes, à ce moment les autres suivent dans son sillage.»

Prime de départ

Si le gouvernement décide de le destituer, Jean-Guy Chaput aura droit à une indemnité de départ, s'il n'en tient qu'au conseil d'administration. Ses membres recommandent au gouvernement d'appliquer les conditions du contrat qui lie le PDG à la SODEC, un contrat qui prévoit une prime de départ.

Le conseil a par ailleurs convenu d'implanter de nouvelles mesures pour scruter les dépenses des employés de la SODEC. Les normes gouvernementales en la matière seront appliquées systématiquement, et toute dérogation devra être justifiée par écrit. Le comité de vérification de l'organisme recevra périodiquement un rapport détaillé, et en informera le conseil d'administration.

«Le conseil aura pleine emprise sur les dépenses de la SODEC», a affirmé Jean Pronovost.