Le comédien Benoît Marleau est mort mercredi à l'âge de 72 ans des suites d'un cancer du foie.

Très malade depuis plusieurs années, il avait malgré tout continué de travailler en postsynchronisation jusqu'en 2007. Il était, notamment, la voix du tenancier de bar Moe Szyslak dans Les Simpson, aussi bien dans le film, sorti en 2007, que dans la télésérie américaine. Il interprétait également Boule Goyette dans la série Henri pis sa gang, traduction de King of the Hill.

Télévision, théâtre, cinéma, postsynchronisation: Benoît Marleau a tout fait en 50 ans, mais on se souviendra beaucoup de son personnage de Jean-Paul Bordeleau dans la comédie Chez Denise, en compagnie de Denise Filiatrault. Dans la foulée de ce succès télévisuel, il avait ouvert un restaurant sur le Plateau Mont-Royal qui s'appelait justement Chez Marleau.

«Je l'ai vu à l'hôpital il y a deux semaines, a confié son collègue et ami André Montmorency. Il allait mal, tant physiquement que moralement. Alors, je suis soulagé pour lui.»

Le comédien raconte avoir appris son métier avec Benoît Marleau au Rideau Vert dans les années 60. Il perd donc un ami qu'il côtoyait depuis très longtemps.

«On ne s'est jamais lâchés, dit-il. Après Chez Denise, on faisait toujours du doublage ensemble. Puis, il a commencé à diriger et il m'embauchait.»

André Montmorency disait encore refuser, hier, l'idée de la disparition de son collègue.

«J'ai comme un blocage, avoue-t-il. Mais je peux vous dire qu'on avait arrêté de se voir pendant quelque temps et quelqu'un avait dit: ah non, vous êtes tellement drôles quand vous vous chicanez! Je pense que ça va me manquer.»

Comme acteur, Benoît Marleau a débuté sa longue carrière télévisuelle dans La pension Velder qui a été présentée à Radio-Canada de 1957 à 1961. Au théâtre, le comédien aura beaucoup été présent sur la scène du Rideau Vert.

Il s'est fait plus rare au cinéma, mais il est inoubliable pour son interprétation de la voix française de Reggie Dunlop, le rôle tenu par Paul Newman dans la comédie sur le hockey Slapshot. Benoît Marleau aura aussi fait sa marque dans les séries télé Nic et Pic et Les Chiboukis, pour le public jeunesse, ainsi que dans les téléromans Le 101 ouest, avenue des Pins et La misère des riches.

L'actrice Françoise Faucher a aussi travaillé avec Benoît Marleau à plusieurs reprises. Elle estime qu'il était un «virtuose de la voix». La grande dame du théâtre québécois dit regretter cet «excellent comédien» qui savait rester simple et accessible.

«Il était surtout très gentil, dit-elle. Il me faisait penser au comédien français Jean-Pierre Cassel. Il y avait une fantaisie chez lui, un humour avec beaucoup d'élégance. Il pouvait passer du classique à la comédie. C'était toujours une fête de travailler avec lui.»

À la télévision de Radio-Canada, la comédienne Janine Sutto, qui l'a connu surtout au théâtre, a déclaré s'en souvenir avec beaucoup de tendresse. «On se disait toujours tous les deux qu'on avait le même nez, un nez italien, a-t-elle dit. Il était très drôle.»

Le comédien Vincent Bilodeau le décrit comme un «homme charmant et un bon camarade». Il a joué avec lui dans le téléroman La Petite Patrie de Claude Jasmin, également à l'antenne de Radio-Canada. «C'était un fou, ce gars-là, se souvient-il. Il n'aimait pas le drame. Travailler avec lui, ça voulait dire qu'on allait avoir un fun noir. Il faisait tout pour rire et faire rire.»

La famille de Benoît Marleau tiendra une rencontre à la salle du Gesù dans quelques jours.

Faits saillants d'une carrière

1957-1961: La pension Velder, Radio-Canada

1964: Solange dans nos campagnes, film de Gilles Carle

1972-1975: Les Chiboukis, Radio-Canada

1972-1977: Nic et Pic, Radio-Canada

1973: Y'a toujours moyen de moyenner!, film de Denis Héroux

1977: Slapshot, voix française de Reggie Dunlop

1979-1982: Chez Denise, Radio-Canada

1984-1985: Le 101 ouest, avenue des Pins, Radio-Canada

1990-1991: La misère des riches, Radio-Canada

1990-2007: Les Simpson, TQS