Des producteurs de la scène et de l'industrie du disque demandent le retrait d'un projet de loi du gouvernement du Québec qui accorde divers droits à des travailleurs du théâtre, du disque et du cinéma.

L'ADISQ (Association québécoise de l'industrie du disque, du spectacle et de la vidéo), Festivals et événements du Québec ainsi que plusieurs compagnies de théâtre affirment que le projet de loi rend syndiqués ou syndicables des travailleurs du milieu culturel qui ne devraient pas l'être, selon eux, ou, en tout cas, qui ne devraient pas être soumis à des règles conçues pour des artistes dans la Loi sur le statut de l'artiste.

«La Loi sur le statut de l'artiste prévoit un régime d'exception particulier pour des artistes», a dit jeudi la vice-présidente aux affaires publiques et directrice générale de l'ADISQ, Solange Drouin.

«Les autres personnes que nous engageons, les travailleurs autonomes, nous les payons. Tout le monde qu'on engage, nous les payons. Le fait de dire qu'il faut absolument étendre la possibilité pour d'autres travailleurs autonomes culturels à une protection d'un régime particulier pour des artistes, là je ne vous suis pas», a-t-elle ajouté.

Sept de ces associations et groupes ont rencontré la presse, jeudi à Montréal, pour exposer leurs récriminations à l'endroit du projet de loi, qui est étudié jeudi et vendredi à l'Assemblée nationale.

La ministre de la Culture, Christine St-Pierre, s'est dit prête à écouter leurs arguments, mais elle tient à son projet de loi.

«On va écouter ce qu'ils ont à dire, ils ont peut-être d'excellentes solutions, ils ont peut-être d'excellentes suggestions à nous faire. On va regarder les recommandations qu'ils vont nous faire, mais je peux vous dire que je suis vraiment déterminée à ce que ce projet de loi soit adopté», a soutenu Mme St-Pierre, en point de presse à Québec, rappelant que ce projet de loi amène la paix syndicale dans ce milieu.

«Nous avons perdu trop de tournages étrangers à cause d'un climat de travail et d'une guerre entre deux syndicats. La guerre a été réglée, il y a une paix syndicale, c'est ça qui était l'objectif», a-t-elle ajouté, souhaitant que la mesure fasse en sorte «qu'il y ait de l'argent qui rentre pour faire travailler nos techniciens et nos équipes de tournage à Montréal et à l'extérieur également».

Mais selon les organismes de la scène et du disque, accorder de tels droits à des travailleurs du milieu culturel qui ne sont pas des artistes risque d'accroître les coûts de production, donc, éventuellement, le coût des billets.

Accorder des droits supplémentaires à ces travailleurs connexes du milieu culturel entraînera une «inflation qui engendrera inévitablement une augmentation des cachets d'achat de spectacle et, si vous me suivez bien, qui générera obligatoirement une augmentation des coûts de diffusion, qui influera ultimement sur le prix des billets», a prévenu Colette Brouillé, directrice générale de RIDEAU (Réseau indépendant des diffuseurs d'événements artistiques unis).

Le groupe affirme que le projet de loi couvrira ainsi 200 fonctions diverses du milieu culturel, notamment dans la production audiovisuelle au théâtre.

Selon ces producteurs, le problème à l'origine du projet de loi ne touchait que les techniciens et travailleurs embauchés lors de grandes productions cinématographiques américaines tournées au Québec. Et, selon eux, c'est en voulant solutionner leur problème que le gouvernement a ratissé plus large, touchant d'autres travailleurs du milieu culturel.

Ils suggèrent donc au gouvernement de régler le problème particulier des travailleurs de ces productions cinématographiques américaines par une loi qui ne concerne qu'eux seuls, en retirant tout simplement le projet de loi actuel.