Des oeuvres de Frédéric Back, ce grand artiste qui a mis son crayon au service de la défense de l'environnement, seront présentées à compter de jeudi prochain, et pour tout l'été, au Musée des beaux-arts de Montréal.

Celui qui s'est fait connaître notamment par Crac! et L'Homme qui plantait des arbres, deux films d'animation oscarisés, a même exécuté une nouvelle oeuvre pour l'exposition Frédéric Back, une nature témoin, en réaction aux dommages faits par l'homme et la machine à la forêt boréale canadienne.

L'Horreur boréale, titre qui n'est pas sans rappeler le film de Richard Desjardins L'Erreur Boréale, est un «panneau-manifeste» - sur contreplaqué - illustrant la destruction «sauvage» de la forêt.

Back veut ainsi montrer sa vision de la forêt boréale, rasée à blanc, comme il l'a vue lors d'un vol Vancouver-Montréal, en 1998.

«Je ne pensais pas que ça pouvait être pareil. Ça dépassait vraiment tout ce que l'on pensait imaginer», a soutenu le peintre, illustrateur et cinéaste, parlant de l'état de la forêt.

«L'image me poursuit. Je suis heureux de réaliser un travail qui permet d'illustrer à quel point on a abusé de la forêt boréale, si essentielle pour les animaux. Et c'est aussi la fourrure de la terre, une protection naturelle. Il faudra 1000 ans pour corriger la situation», a-t-il déploré en entrevue à La Presse Canadienne.

À l'image des autres oeuvres produites au cours de sa longue carrière, celle-ci vise aussi à dénoncer, certes, mais aussi à sensibiliser, en invitant les gens à manifester leur opposition envers les forestières, partout sur la planète.

À 85 ans, Frédéric Back continue le combat commencé il y a longtemps. «C'est par amour pour la nature, les animaux. À mesure que l'on découvre les abus, il faut réagir par des gestes, des récits, des paroles», a souligné celui qui a aussi créé le célèbre film d'animation Le Fleuve aux grands eaux. Arrivé au Québec à la fin des années 1940, Back a pris goût au Québec et à ses grands espaces, après un début de carrière comme artiste-peintre en France.

Il a été embauché par Radio-Canada au début de la télévision. «Ce qui été formidable c'est, comme employé de la société d'État, d'avoir eu cette liberté d'utiliser des moyens formidables (comme illustrateur d'abord) pour passer les messages et rejoindre un nombre incroyable de gens.»

Plus tard, le cinéma d'animation deviendra un «bon outil de motivation» pour de belles causes.

La rétrospective des oeuvres de Back comprend des carnets de dessins, 54 gouaches et dessins et des acétates de films de l'artiste.

L'idée de cette exposition est de Nathalie Bondil, la directrice du MBA de la rue Sherbrooke, qui, après avoir porté le message de paix de John Lennon et Yoko Ono, récidive cette fois avec un message écologique.

«C'est toujours le souci de rattacher l'art à des prises de conscience actuelles», a expliqué Mme Bondil.

L'exposition des oeuvres de Back sera présentée en parallèle avec celle intitulée Grandeur nature: peinture et photographies des paysages américains et canadiens de 1860 à 1918.

Entre les deux, il y a une sorte de continuité. On pourra voir, dans une exposition, des splendeurs d'une période où l'on découvrait l'Ouest canadien et américain et dans l'autre, un besoin nouveau de protéger le territoire.

«On est passé d'un rapport d'exploration à un rapport de protection et de conservation face à cette même nature», aux dires de Mme Bondil.

Richard Gagné, le coordonateur de l'exposition, a fait un gros travail pour rassembler les oeuvres de Back qui craint beaucoup pour l'avenir de la planète bleue.

«Je ne peux pas dire que je suis optimiste, a avoué Back. Tant que l'on est vivant, il faut se battre, espérer pour le mieux. Mais quand on fait montre d'optimisme, ça porte à laisser aller les choses. Je suis un pessimiste qui réagit en espérant qu'il y aura quelque chose de mieux qui va se passer dans le futur, qu'enfin l'humanité va comprendre, agir de façon plus sensible pour la vie sur terre.»