Même si la numérisation facilite grandement le vol d'oeuvres musicales, les cas de plagiat ou de vol d'oeuvres ne semblent pas plus importants dans le monde de la musique que dans celui des oeuvres écrites, s'il faut en croire le directeur de la Société professionnelle des auteurs et des compositeurs du Québec (SPACQ), Jean-Christian Céré.

Comme les représentants de l'UNEQ, de la SARTEC et du RAAV interrogés dans notre numéro d'hier, M. Céré estime que les cas de plagiat sont relativement rares. «J'en connais deux qui savent pertinemment qu'ils ont été copiés, mais estiment que le jeu n'en vaut pas la chandelle. Ils se disent: «J'ai fait une erreur. Je n'ai pas assez documenté mes affaires. J'ai peut-être envoyé trop vite, etc.», dit-il. Je pense à un compositeur qui me disait qu'il avait envoyé son oeuvre, n'en avait plus entendu parler, et un an après, l'a entendu en allumant la télé. La musique d'ouverture d'une émission reprenait exactement la même pièce», raconte Jean-Christian Céré. «Le problème était un problème de preuve. Il n'avait pas pris le soin de se l'envoyer à lui-même, de faire un back-up

Aux membres de son association, il recommande une approche prudente, mais non «paranoïaque». «Il y a un juste milieu à trouver. Prendre les moyens nécessaires à la protection de son oeuvre, au cas où il faudrait prouver qu'elle a été plagiée. Mais il faut quand même être capable de diffuser l'oeuvre, d'aller voir des éditeurs, des diffuseurs.» C'est particulièrement vrai pour les artistes qui commencent et doivent se faire connaître.

La situation est peut-être différente dans le milieu des scénaristes, souligne M. Céré. «En musique, on peut cibler ses producteurs, mais on fait fausse route si on ne met pas son contenu sur MySpace, si on ne profite pas des outils de diffusion» par crainte de plagiat. Il constate quand même que les artistes sont plus inquiets maintenant que les oeuvres peuvent circuler et être copiées mondialement en quelques secondes.

Il cite le cas de Girl Talk, un artiste américain qui crée des oeuvres qu'il prétend originales à partir d'autres oeuvres protégées. On peut le voir notamment dans le documentaire RIP: A Remix Manifesto, sur le droit d'auteur et le remix à l'ère du numérique. «Il n'a pas encore été poursuivi», souligne-t-il.

Il y a des cas aussi où ce ne sont pas les pertes de revenus qui incitent à agir, mais l'atteinte au droit moral sur une oeuvre. Lors de la dernière campagne électorale provinciale, DJ Champion s'était insurgé contre l'utilisation d'une de ses pièces lors des assemblées partisanes de l'Action démocratique du Québec. La pièce avait été enlevée et remplacée par une chanson de Mark Hamilton (Comme j'ai toujours envie de toi...), rapportait à l'époque Le Soleil.