C'était l'été, lundi soir, au centre-ville de Montréal. Le temps d'une soirée, la rue Sainte-Catherine a retrouvé sa fièvre de juillet à l'occasion de l'inauguration officielle de la place des Festivals, pièce maîtresse du projet du Quartier des spectacles.

La place des Festivals est ouverte depuis la fin juin. Mais les festivaliers n'ont pas pu l'apprécier à sa juste valeur, cet été: il manquait la fontaine, installée au centre de l'espace public de la rue Jeanne-Mance. Cette dernière, dotée d'un bassin souterrain, égayera l'endroit lorsque des grands rassemblements n'y seront pas organisés.

Hier, 20 mois après la mise en chantier, l'imposante fontaine de 235 jets est enfin entrée en fonction. Les milliers de personnes venues assister à son inauguration ont eu droit à un spectacle qui conjuguait les prestations musicales et artistiques aux jeux d'eau et de lumière.

Le spectacle mettait notamment en vedette Diane Dufresne et DJ Champion. Certains numéros ont été offerts en hauteur, au-dessus de la fontaine, qui est programmée à l'aide d'un logiciel 3D.

La disposition de la scène rendait la vue difficile, mais les spectateurs, entourés de deux écrans géants, ont somme toute apprécié la soirée, selon les commentaires qu'a récoltés La Presse. Le spectacle, intitulé Le Grand Baiser, a été conçu par l'artiste R O Y.

«Je suis venue à tous les festivals cet été. Et on ne pouvait pas saisir toute la beauté de cet endroit», a dit Clairette Paquette. À 15 mètres du sol, un clown planait au-dessus du jet central de la fontaine, porté par une immense grappe de ballons blancs. Des boules disco accrochées aux lampadaires futuristes de la place des Festivals complétaient le portrait de cette soirée animée, qui s'est clôturée par la dernière projection du Cinéma à la belle étoile du Festival des films du monde.

Défilé éclectique

Les célébrations ont commencé à 17h30 avec Le Grand Charivari, un défilé qui a ravi petits et grands. Les artistes ont entamé leur marche au coin des rues Sainte-Catherine et McGill College en direction de la place des Festivals.

Danses africaines, enfants chaussés de patins à roulettes ou montés sur des échasses: le défilé, très éclectique, rassemblait 700 participants issus d'arrondissements ou de groupes culturels du Grand Montréal.

Puis le maire de Montréal, Gérald Tremblay, a prononcé un discours au Musée d'art contemporain. Sur un ton résolument électoral, il a remercié ses partenaires et loué le Quartier des spectacles.

«La campagne électorale, ça aide un petit peu, a-t-il convenu après son discours. Mais on a de belles réalisations. C'est vrai que ça a pris un petit peu de temps, mais on récolte les fruits de nos efforts. Les gens réalisent que c'est un investissement aux retours illimités.» Il était accompagné des ministres provinciaux Christine St-Pierre, Laurent Lessard et Raymond Bachand, ainsi que d'un représentant du gouvernement fédéral.

Gilbert Rozon, le fondateur du festival Juste pour rire, assistait à la conférence de presse. Deux ans plus tôt, il avait pourtant accusé publiquement le maire de Montréal de ne pas avoir de plan de développement pour sa ville...

«Je suis content que toutes les sorties publiques aient contribué, entre autres choses, à provoquer une réflexion, a-t-il dit, soulignant qu'il reste beaucoup de travail à faire. On ne pouvait pas rester comme on l'était il y a deux trois ans, c'est-à-dire inactifs.»

«La place des Festivals, ce n'est que la première étape, a rappelé Alain Simard, le président de Spectra. Les gens ne se doutent pas à quel point, dans trois ou quatre ans, tout le centre-ville de Montréal sera transfiguré.»