Le cinéaste, auteur et polémiste québécois Pierre Falardeau a été emporté par le cancer hier soir à l'âge de 62 ans. Le décès du réalisateur reconnu pour ses prises de positions tranchées a suscité une véritable onde de choc aujourd'hui, tant dans les cercles souverainistes que culturels.

«Pierre a vécu sa vie comme il aurait voulu son pays: indépendant et libre, a souligné Luc Picard, comédien et ami du cinéaste. Il va vraiment me manquer. Contrairement à ce que la plupart des gens croient, c'était un gars drôle, affectueux et surtout très humain.»

«Sous des dehors un peu rugueux, c'était un personnage très sensible», nous a confié son ami et collègue de la revue Couac, Jean-François Nadeau. «C'est contradictoire par rapport au personnage public qui était demi-truand, très sûr de lui et qui n'avait pas peur de la controverse. Mais en privé, c'était quelqu'un qui écoutait beaucoup. Il faut toutefois ajouter qu'il était droit comme un tronc d'arbre!»

Pierre Falardeau est décédé hier soir à l'unité de soins palliatifs de l'Hôpital Notre-Dame du CHUM. Sa conjointe, Manon Leriche, et ses enfants, Jules, Hélène et Jérémie, souhaitent pour l'instant vivre leur deuil dans l'intimité et n'accorderont aucune entrevue aux médias aujourd'hui

Au-delà du personnage coloré, les gens qui l'on connu se souviendront surtout de lui pour sa persévérance et son intégrité intellectuelle.

«On perd un père spirituel», a déclaré son ami Patrick Bourgeois, également porte-parole du journal Le Québécois. «Il fallait se promener avec Pierre en public pour comprendre à quel point il aimait les gens et que les gens l'aimaient. C'est rare, aujourd'hui, les personnes qui bâtissent leur vie autour d'une cause. Même quand le système lui a tapé dessus, il a tout le temps continué à se battre, il n'a jamais mis ses idéaux de côté.»

L'ancien premier ministre du Québec Bernard Landry s'est dit profondément attristé par sa mort.

«Je le rencontrais souvent et à chaque fois, je lui disais qu'on pensait à peu près tout le temps la même chose, mais qu'on l'exprimait de façon complètement différente. Cela nous faisait beaucoup rigoler!», se souvient-il.

«Son cinéma était vivant et vigoureux. Son art a servi l'indépendance nationale de façon inoubliable et humoristique avec Elvis Gratton et de façon poignante et dramatique avec 15 février 1839, son film sur les Patriotes, a-t-il ajouté. J'espère que son oeuvre va continuer de faire réfléchir et que lorsque l'on parlera d'indépendance, on aura une pensée pour lui.»

Le comédien Michel Beaudry a imité le cinéaste pendant plus de 15 ans. «C'est le type de personnage qui est vraiment intéressant à imiter car au-delà de sa voix rauque et de ses blasphèmes, c'est un personnage qui avait un caractère social, engagé et c'est souvent dans l'engagement que l'on peut ironiser. C'était un penseur et ironiser un penseur c'est beaucoup plus drôle que d'imiter un joueur de hockey. Je l'ai connu dans les six dernières années de sa vie. Je ne l'ai pas connu longtemps, mais j'ai découvert un homme fatigué, tanné de se battre, parce qu'il trouvait que le peuple québécois ne réagissait pas assez aux injustices.»

 

Pierre Falardeau animait son propre blogue.

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