La nouvelle est tombée hier: Véronique Cloutier a accouché de son troisième enfant, un bébé de huit livres et une once. La petite fille, Raphaelle, et la maman se portent bien. Autre potin: la chanteuse et ex-académicienne Annie Villeneuve a été vue, photo à l'appui, attablée dans un restaurant avec le hockeyeur Guillaume Latendresse. Vous en voulez plus? Mitsou a eu le coup de foudre pour une paire de bottes noires, achetée la semaine dernière, et Érika d'Occupation double aurait déjà défilé avec un costume de policier.

Les paparazzis sont visiblement débarqués au Québec. Longtemps à l'abri de ces photographes de stars, les artistes québécois, à l'instar de plusieurs vedettes américaines et britanniques, risquent d'avoir de plus en plus de mal à préserver leur jardin secret. Une perspective qui inquiète l'Union des artistes.

Le président de l'UDA, Raymond Legault, reconnaît que les gens qui choisissent d'exercer un métier public doivent vivre avec le fait que le star system est de plus en plus important au Québec. Il affirme du même souffle que les artistes devront prendre de plus en plus conscience qu'ils peuvent être croqués sur le vif lorsqu'ils se retrouvent au supermarché, au restaurant ou dans la rue. Peu importe qu'ils soient ou non sur leur 31. «Quand je vais faire mon marché, je n'ai pas toujours une cravate!» lance Raymond Legault, en riant.

Par ailleurs, s'il juge que les photos et les potins présentés jusqu'à maintenant dans les médias et sur l'internet sont restés dans la limite du bon goût, il craint que le Québec ne soit pas à l'abri des dérapages avec la publication d'images qui peuvent parfois être compromettantes pour les vedettes. «Probablement que ça va devenir comme partout dans le monde. Ça ne pourra pas faire autrement», explique Raymond Legault.

C'est que les fans invétérés des vedettes d'ici, qui n'ont jamais pu étancher leur soif de potins, sont maintenant servis grâce à l'apparition de sites comme Hollywoodpq.com. Potins, photos prises sur le vif alors qu'un artiste traverse la rue ou s'allume une cigarette: rien n'échappe à ce site, l'un des rares à verser dans le potinage à la sauce québécoise.

En ligne depuis deux ans, Hollywoodpq a pris de l'expansion notamment grâce à l'avènement des Twitter et autres Facebook qui donnent accès à de nombreuses images. Et environ quatre ou cinq photographes travaillent pour lui.

Les internautes envoient eux aussi des photos, souvent prises à l'aide de leur téléphone portable, ou des potins qu'ils découvrent. Le site présente la plupart des nouvelles envoyées par le public sous forme de potins en les écrivant au conditionnel, au cas où la véracité des propos ne peut être vérifiée. Aux internautes de décider s'ils mordent ou non à l'hameçon.

«Je ne cherche pas nécessairement le scandale, lance d'emblée Jeff, le fondateur du site qui souhaite préserver un certain anonymat. Nos vedettes on les aime, on veut les voir vivre. On est rendu en 2010. Il faut peut-être que les vedettes s'actualisent dans leur façon de se promouvoir elles-mêmes, estime-t-il. C'est toujours le même style de contenu que l'on retrouve partout au Québec, la même photo cadrée.»

«Moi, une photo d'une vedette dans sa cour arrière en train de se faire bronzer, ça ne m'intéresse pas; c'est dans un endroit privé, poursuit Jeff. Ce qui m'intéresse, ce sont des personnalités publiques, lorsqu'elles sont dans des endroits publics, par exemple lorsqu'elles sortent de chez Jean Coutu.»

Mais est-ce-vraiment d'intérêt public? Oui, à partir du moment où une personnalité se retrouve dans un endroit public, répond-il. Selon lui, beaucoup d'artistes québécois ne réalisent pas à quel point ils sont populaires. Il se rappelle d'ailleurs la réaction des gens qui se tenaient près du tapis rouge, où déambulaient de nombreuses vedettes, lors du spectacle de Céline Dion au Centre Bell. «Les fans voyaient Éric Salvail et c'est comme s'ils voyaient Tom Cruise!»

Pour sa part, l'animatrice Mitsou Gélinas, dont la photo s'est retrouvée sur Hollywoodpq alors qu'elle faisait du magasinage, croit que l'attitude respectueuse et amicale que les gens ont envers les artistes va persister au Québec. Plutôt favorable à l'avènement des sites à potins - s'ils sont faits avec goût -, elle estime que, comme le Québec est un petit marché, les gens doivent continuer d'entretenir une relation de bon voisinage pour bien fonctionner.

«En France par exemple, Roch Voisine va se faire arracher les vêtements sur le dos, alors qu'ici c'est beaucoup plus relax.»