Comment la mort a fauché des rockeurs en pleine gloire. Et pas toujours de façon glorieuse...

«V is vite. Meurs jeune. Ton cadavre sera plus beau.»

Ce célèbre proverbe turc pourrait bien s'appliquer aux martyrs du rock, qui hantent la légende depuis plus d'un demi-siècle. De Buddy Holly à Kurt Cobain, en passant par Jimi Hendrix, Jim Morrison, Sid Vicious, Ian Curtis ou Jeff Buckley ils sont plusieurs à être tombés au combat, fauchés en pleine gloire, dans des circonstances parfois spectaculaires, laissant comme seul héritage une poignée de disques-cultes et une certaine impression d'immortalité.

« Les morts de rockeurs nous fascinent parce que ce sont des trajectoires à la Arthur Rimbaud, résume Bruno de Stabenrath, auteur du Dictionnaire des destins brisés du rock (Éditions Scali), qui recense une centaine de décès de musiciens. On a l'impression qu'ils ont livré leur message, qu'ils ont connu un succès rapide et qu'après, ils sont morts. Leur jeunesse est en quelque sorte fixée pour l'éternité. Leur voix aussi, puisqu'elle a été gravée sur disque... «

Mais attention, précise l'écrivain : ce n'est pas parce qu'on meurt prématurément, et de façon extrême, que l'on devient une légende. « Il n'y a de grands rockeurs morts que s'il y a de grandes chansons, lance-t-il. Le mythe d'un musicien est généralement à la hauteur de son oeuvre.»

Halloween oblige, La Presse réveille aujourd'hui les fantômes. Voici une vingtaine de morts « rock « plus ou moins célèbres, qui ont frappé l'imaginaire et nourri la légende. Accidents, surdoses, suicides, meurtres... en avant la musique!

Controversé

Bien sûr il y a eu Ian Curtis de Joy Division. Michael Hutchence d'INXS. Ou Pete Ham de Badfinger. Mais le plus célèbre suicidé du rock reste encore Kurt Cobain, chanteur de Nirvana, qui se tire une balle dans la tête le 8 avril 1994, alors que son groupe est au sommet. Dans les années qui suivent, les rumeurs les plus folles circulent sur sa mort. On affirme que Cobain aurait été victime d'un meurtre commandité par sa femme Courtney Love. En effet, comment aurait-il pu appuyer sur la détente, considérant les phénoménales quantités d'héroïne absorbées ce soir-là?... Ouais, bon. Divisées en trois parts égales, ses cendres reposent aujourd'hui dans un temple bouddhiste new-yorkais, au fond de la rivière Wishkah dans l'État de Washington, et chez sa Love de veuve...

Aérien

Attention, la liste est longue. Depuis le célèbre écrasement d'avion le 3 février 1959, qui a emporté d'un seul coup les prometteurs Ritchie Valens, The Big Popper et Buddy Holly, on ne compte plus les rockeurs qui ont péri à bord d'un avion. C'est ainsi que le ciel nous a pris Otis Redding (ainsi que quatre de ses musiciens), la chanteuse R'n'B Aaliyah (2001) quatre membres du groupe de rock sudiste Lynyrd Skynyrd (1977) et le guitariste Randy Rhoads (1982), qui avait été invité à « faire un tour « par son chauffeur cocaïnomane. Mais la palme, ou plutôt la pale, revient au guitar hero Stevie Ray Vaughan, dont l'hélicoptère s'est écrasé sur une montagne, le 27 août 1990. Le pilote connaissait mal la région...

Gothique

La radicale scène black métal norvégienne n'a jamais fait les choses à moitié. En août 1993, après avoir commandé l'incendie de plusieurs églises et prélevé des bouts de cervelle d'un de ses amis fraîchement suicidé (il a prétendu les avoir mangés) le chanteur du groupe Mayhem, Euronymous, a été poignardé 23 fois par un certain Burzum, son propre bassiste. Accusé, ce dernier a justifié son geste en affirmant que sa victime était un « homosexuel, un communiste et un traître à la cause black metal «. Il purge actuellement une peine de 21 ans de prison et serait attendu de pied ferme par les fans d'Euronymous, qui ont juré de lui faire payer son crime.

Dans la série «morts violentes», mentionnons aussi John Lennon, Sam Cooke, Peter Tosh, le rappeur Notorious BIG et Marvin Gaye, tous tués par balle (ce dernier par son propre père) ainsi que la chanteuse Selena, assassinée par la présidente de son fan club...

Absurde

On pourrait vous parler de Jimi Hendrix, John Bonham (Led Zep) ou Bon Scott, tous trois étouffés dans leur vomi. Mais leur disparition est assurément moins absurde que celle de Terry Kaths, fondateur du groupe Chicago, mort en jouant à la roulette russe. Il était convaincu que le pistolet n'était pas chargé. Ou encore celle de Sonny Bono (Sonny & Cher), mort en ski après avoir percuté un arbre. Encore plus surréaliste, celle de Jeff Porcaro, batteur du groupe Poco, mort empoisonné. Toxicomane fini, il aurait tenté d'inhaler des insecticides. On l'a retrouvé raide au fond du jardin, au pied de son barbecue.

Flamboyant (1)

Icône du folk-rock, amant d'Emmylou Harris et ancien membre des Flying Burrito Brothers, le brillant Gram Parsons dilue son talent dans la dope. Le 13 septembre 1973, les mauvais anges ont finalement raison de lui. Après l'enregistrement de ce qui sera son album posthume (Grevious Angel), le chanteur se réfugie dans le bled de Joshua Tree, près de Yucca Valley, où il succombe à une surdose de tequila et de morphine. L'épisode suivant relève de la fiction. Alors que son corps est sur le point d'être rapatrié à Los Angeles, son ami et manager Phil Kaufman vole sa dépouille à l'aéroport et, pour honorer un pacte scellé entre eux, la fait brûler dans le désert...

Flamboyant (2)

Mourir sur scène? Plusieurs artistes en rêvent. Mais dans la réalité, la chose n'a rien de si romantique. Parlez-en au chanteur Ty Longley, du groupe heavy métal Great White, mort brûlé vif après qu'un incendie se fut déclaré en plein milieu d'un spectacle. Ce drame a fait 93 autres victimes.

Aquatique

Le rock est plus lourd que l'eau. Donc il coule. Premier guitariste des Stones, Brian Jones, se noie dans sa piscine, en 1969. On sait aujourd'hui que cet accident n'en serait pas tout à fait un (on l'aurait « aidé «). En 1983, le batteur des Beach Boys Dennis Wilson, fin soûl, plonge dans le Pacifique pour récupérer une pièce de monnaie. Il ne remontera jamais à la surface. Ironique : c'était le seul membre du groupe qui savait vraiment surfer! Le 29 mai 1997, trois ans après la sortie de son seul album (Grace) le chanteur Jeff Buckley entre à son tour dans la légende en disparaissant dans les eaux du Mississippi. On ne retrouvera son corps que cinq jours plus tard. Appelons ça le mauvais sort : son père Tim Buckley, aussi chanteur, avait succombé 22 ans plus tôt à une surdose d'héroïne.

Et au Québec?

Nous avons aussi nos fantômes. Ils sont moins nombreux, mais dans certains cas, pas moins spectaculaires. On pense bien sûr à Dédé Fortin, dont le hara-kiri dépasse encore l'entendement (en passant, le chanteur américain Elliot Smith s'est enlevé la vie de la même façon). Au chanteur Alex Soria (du groupe alternatif The Nils), écrasé par un train un soir de 2004, et, dans un registre plus « film noir «, à la chanteuse Colette Bonheur, morte aux Bahamas en 1966, dans de douteuses circonstances. Officiellement, son décès serait attribuable aux barbituriques. Mais certains prétendent que quelqu'un aurait sciemment augmenté la dose...

Ils se sont aussi sacrifiés...

Jim Morrison (crise cardiaque)

Janis Joplin (surdose d'héroïne)

Sid Vicious (surdose d'héroïne)

Mama Cass (surdose)

Freddie Mercury (sida)

Elvis Presley (crise cardiaque)

Keith Moon (surdose de médicaments)

Gene Vincent (alcoolisme)

Source : Wikipedia, Le dictionnaire du rock, Le dictionnaire des destins brisés du rock.