La récession qui a touché le secteur culturel, comme bien d'autres cette année, aura tout de même permis aux capacités d'innovation d'organismes, habitués à faire beaucoup avec peu, de s'exprimer.

La lumière au bout du tunnel s'allume quand on travaille sur l'offre et la diffusion, a-t-on pu constater lors du colloque présenté vendredi à HEC Montréal, sur l'économie des arts en temps de crise.

Il est apparu clair que la vente des spectacles, la force de l'union entre organismes et l'attrait du talent local pouvaient aider considérablement les organismes culturels à s'en sortir.

Le directeur du festival de théâtre de Stratford en Ontario, Antoni Cimolino, a démontré aux 150 participants du colloque que la modulation du prix des billets était un atout important pour hausser les revenus d'une telle manifestation.

Menacé de retirer plusieurs spectacles l'été dernier, le Stratford a plutôt révisé sa politique de billetterie. Le prix des billets varie maintenant selon le moment où on les achète, la période de diffusion, les catégories d'acheteurs, voire l'emplacement des sièges.

«C'est un travail minutieux et délicat, mais cela a donné de bons résultats. Nous avons ainsi augmenté nos ventes de 22 %, soit 2 millions de dollars de plus, l'an dernier», a raconté fièrement M. Cimolino.

Synergie

Denis Bergeron, de son côté, a expliqué que l'union faisait la force, notamment dans un secteur pas très riche comme la danse contemporaine. Il est directeur de diffusion du consortium Art Circulation, qui représente avec succès depuis deux ans cinq sociétés québécoises à l'étranger.

Il s'agit essentiellement d'un travail de «synergie», a expliqué celui qui fait de la représentation tout en collaborant aux stratégies de croissance des entreprises. Ce travail permet de «maximiser leur rayonnement à l'étranger, tout en respectant l'identité et la signature de chacun».

André Marion, directeur général du dynamique Musée d'art contemporain des Laurentides, situé à Saint-Jérôme, a indiqué que cette petite institution attirait 20 000 visiteurs par année, avec une collection importante d'oeuvres d'artistes provenant essentiellement de la région.

«Nous sommes devenus incontournables, a précisé M. Marion à La Presse. L'appui de la communauté est extraordinaire. Cette année, notre encan annuel, qui est devenu très couru, a permis d'amasser 30 000$.»

Si on se compare...

Le colloque organisé par Culture Montréal et HEC Montréal a aussi permis de constater que la situation des organismes culturels, comparativement à Montréal, était loin d'être enviable dans des villes comme Toronto et Londres, en Angleterre.

La directrice du Conseil des arts de Toronto, Claire Hopkinson, a souligné qu'en Ontario, ce sont les compressions budgétaires gouvernementales qui ont davantage fait mal aux organismes culturels que la crise financière.

«Les 15 dernières années ont permis au secteur d'apprendre à se serrer les coudes et de développer les réseaux, dit-elle. Mais nous craignons de nouvelles taxes sur les billets de spectacles et la tentation de se tourner vers des productions plus populaires et moins innovantes.»

À Londres, la perte du financement privé pourrait atteindre près de 40 % cette année, selon les organismes culturels. Le chercheur John Nicholls a noté que les Anglais étaient, notamment, malheureusement très connus pour leur manque de collaboration entre eux.

«À l'horizon, il y a deux nuages bien pires: l'élection fort probable d'un gouvernement conservateur majoritaire en 2010 et les Jeux olympiques de 2012, qui réduiront encore le financement privé des arts», a dit M. Nicholls.