Dès ce soir jusqu'au 29 novembre, l'État d'urgence de l'ATSA (Action terroriste socialement acceptable) se montre de plus en plus international. La bouffe et la musique brésiliennes sont au menu, mais le plus grand pays d'Amérique latine est aussi représenté par Sérgio Cezar, architecte du papier et créateur de favelas miniatures recyclées.

«Quand je regarde autour de moi, fait-il en entrevue à La Presse, je ne vois jamais les produits finis. Tout, absolument tout peut être réutilisé, transformé, recyclé, pratiquement à l'infini. Un bouchon peut devenir un verre, une roue si on le met de côté, un plat si on le coupe en deux, etc.»

À Montréal, cet ex-joueur de soccer utilise le carton et tout ce qu'il trouve, en fait, pour fabriquer, avec le public et les habitués du Centre St-James, un lieu d'entraide pour personnes en difficulté, de minuscules maisons et édifices qui formeront, sur le site de l'État d'urgence, une favela tout ce qu'il y a de plus montréalaise.

«J'aimerais faire des favelas partout, au Mexique, en Inde et au Brésil, explique l'artiste. Mon projet, c'est la favela globale: construire des habitations avec les déchets pour montrer aux Nations unies l'importance de la destruction de la planète par l'homme.»

Il s'agit de la première visite de Cezar et de ses maquettes à Montréal. Il a rencontré Annie Roy et Pierre Allard, les deux complices de l'ATSA, à la Biennale de La Havane. Les deux Québécois l'ont aussitôt invité à l'État d'urgence.

«Sa manière de travailler est un hommage au petit monde et aux petites gens, explique Annie Roy. C'est un architecte magnifique qui construit de petits villages sociaux, en plein dans notre façon de voir les choses. L'État d'urgence est une oeuvre d'art en soi, une oeuvre collective qui agit pour la société.»

Rencontré au Centre St-James cette semaine, Sérgio Cezar soulignait à quel point il était content, voire «ému», de travailler dans un tel endroit où la «dignité humaine» est au centre des préoccupations quotidiennes.

«Je crois beaucoup que l'art peut changer notre regard, dit-il. Dans le cas des matériaux recyclés, c'est une façon de refaire le monde tout en respectant l'environnement et l'être humain. Plutôt que d'acheter, je préfère réutiliser pour construire.»

Programmation

Sérgio Cezar aura sa propre tente sur le site de l'État d'urgence, qui s'ouvre ce soir, place Émilie-Gamelin. Mais il n'est pas le seul artiste étranger cette année. Se situant entre art interventionniste et action politique, l'Allemand Hans Winkler crée des oeuvres spécifiques, selon les habitants et la ville qu'il visite.

Les artistes canadiens Phil Allard, Jean-François Lemire et Donigan Cumming complètent la programmation en arts visuels. Ce soir, le spectacle d'ouverture de Sylvie Moreau et de François Papineau mettra aussi en vedette la soprano Marie-Josée Lord, le Jazzbin Band et Mathieu Lippé.