Le Licedei est né en 1968. C'était, dès le départ, un collectif de sept membres qui pratiquaient un mélange de théâtre de rue et d'art clownesque. Ils ont fondé une école et Semianyki est un spectacle créé avec les diplômés de cette école. Il roule depuis trois ans déjà.

À quoi ça ressemble?

«À La petite vie sur l'acide, répond Stéphane Lavoie, directeur de la TOHU, qui a vu le spectacle. Il y a le père, la mère et les quatre enfants. Les enfants veulent tuer leur père alcoolique. Il y a un côté dessin animé dans ce spectacle. C'est russe, mais on comprend tout, même qu'on s'y reconnaît.»

 

Le directeur de la TOHU compare le spectacle à celui qu'avait présenté il y a quelques années à Montréal le festival Juste pour rire, Slava's Snowshow, créé par l'un des fondateurs du Licedei qui a décidé de faire bande à part il y a longtemps.

Formation en théâtre

Les membres actuels de la troupe ont tous une formation en théâtre et 46 autres métiers aussi - femme de ménage, ouvrier, infirmière - mais tous ont trouvé au Licedei leur planche de salut.

«Nous préférons le genre clownesque, ont-ils expliqué lors d'une entrevue par courriel. Ce n'est pas habituel, mais cela nous laisse tout l'espace nécessaire pour explorer. C'est aussi un art universel. N'importe qui peut comprendre et apprécier. Le seul prérequis est le désir de s'amuser.»

À la base de ce spectacle sans paroles, les acteurs ont travaillé à partir de leurs propres observations et réflexions sur la vie de famille.

«Beaucoup de choses nous sont venues spontanément, basées sur notre intuition, disent-ils. On est parti de choses pouvant paraître absurdes, mais dont le sens est apparu au cours de notre travail. Dans le fond, notre performance vient de nos expériences personnelles, nos souvenirs d'enfance et nos histoires de famille.»

Politique

Semianyki, précisent-ils, est une grande famille dont les personnages ne représentent aucun archétype culturel particulier. «En tournée, les spectateurs se reconnaissent aisément ou reconnaissent des gens qu'ils ont connus ou dont ils ont entendu parler.»

Inutile d'y voir une satire politique, cependant, de la situation en Russie à l'heure actuelle.

«La structure familiale dans le spectacle a des connotations sociales, mais ce n'est rien de politique», soulignent-ils.

Chez Licedei, après 40 ans, c'est l'art clownesque qui reste au premier plan de la formation et de l'écriture des spectacles. Repousser les limites de cet art millénaire représente une entreprise des plus... «sérieuses».

«L'art clownesque possède une riche histoire, expliquent-ils. Nous comprenons que nous ne pouvons pas répéter ce qui a déjà été fait maintes et maintes fois. Ce ne serait carrément pas intéressant. Nous sommes condamnés à rester actuels. Alors nous devons emprunter de nouvelles voies, faire des gestes originaux.»

Déjà, les clowns du Licedei préparent un nouveau spectacle dont ils ont refusé de nous dévoiler les détails, tout russes superstitieux qu'ils soient, disent-ils, mais Semianyki marque un tournant important dans l'histoire de la légendaire troupe de Saint-Pétersbourg.

«Avec ce spectacle, la nouveauté, c'était de respecter l'intégrité de l'intrigue durant toute la performance, font-ils. Auparavant, nous travaillions davantage avec des séquences de numéros distincts. De plus, ce qui en ressort à la fin est une histoire dramatique!»

Pince-sans-rire en russe: c'est bien Licedei?

La TOHU profite de la venue de cette troupe exceptionnelle pour exposer une cinquantaine d'affiches de cirque russes et soviétiques, influencées par les grands courants d'art visuel du siècle dernier.

Semianyki, de la troupe russe Licedei, à la TOHU du 16 décembre au 2 janvier.