Bon, précisons un truc ici: oui, en pleine crise humanitaire en Haïti, on a ressenti un malaise à entendre les stars de Hollywood maudire la météo pourrie et se plaindre de la pluie qui arrosait violemment le tapis rouge des Golden Globes, qui a été déroulé hier soir à l'extérieur du Beverly Hilton, à Los Angeles. Hon, pauvres petites bêtes, dont la chevelure a - quelle horreur! - frisé par temps humide.

Pas très délicat et pas très sensible, mettons. Et malgré les rubans d'appui qu'elles arboraient fièrement, ces vedettes paillettées et pomponnées n'ont pas remporté le trophée de la compassion, loin de là. Mais ne soyons pas trop surpris par ce manque flagrant d'humanisme, car c'est un peu ça Hollywood: une grosse bulle de superficialité isolée du reste de la planète. Fin de l'éditorial.

Voir les gagnants de la soirée en cinéma et en télévision.

Passons maintenant aux prix raflés par les artisans du petit écran, qui ont été saupoudrés dans toutes les directions hier. La superbe Mad Men a été sacrée meilleure série dramatique pour la deuxième année consécutive, mais ses acteurs prinicpaux, Jon Hamm et January Jones, qui forment le couple tourmenté Don et Betty, ont été boudés. Mad Men a envoyé au tapis Big Love, Dexter, House et True Blood. Forte catégorie, on en convient.

Le succès cendrillon de l'automne sur Fox, Glee, est reparti avec la statuette dorée de la meilleure comédie, arrachant le titre à la chouchou des critiques, 30 Rock. Avis aux intéressés: le coffret DVD des premiers épisodes de Glee - une comédie musicale qui se déroule dans une école secondaire fictive de l'Ohio - est déjà sur les tablettes. Un joli vent de fraîcheur.

Séries dramatiques

Au rayon dramatique, Dexter a connu une belle soirée. Battant des poids lourds comme Jon Hamm de Mad Men et Hugh Laurie de House, Michael C. Hall a enfin été salué pour son brillant jeu dans cette série policière, où il se glisse dans la peau d'un tueur en série presque sympathique (si, si, c'est possible). L'acteur de 38 ans combat présentement un cancer, un lymphome de Hodgkin pour être précis. Voilà pourquoi il portait une tuque noire hier soir, question de camoufler la perte de ses cheveux roux.

Chez les femmes, l'ex-star de E.R., Julianna Margulies, a été couronnée pour sa participation à The Good Wife, une nouveauté du réseau CBS produite par Ridley Scott. L'an dernier, Anna Paquin de True Blood s'était sauvée avec le Golden Globe. Glenn Close (formidable dans Damages) et January Jones (Betty dans Mad Men) ont mordu la poussière ici.

Du côté des actrices dans une comédie, surprise!, l'Australienne Toni Collette a éclipsé la ravissante Tina Fey de 30 Rock, qui régnait sur cette catégorie depuis deux ans. Toni Collette tient la vedette de United States of Tara du réseau Showtime , une série créée par Diablo Cody (Juno, Jennifer's Body) où elle incarne une mère de famille aux personnalités multiples.

Comme l'an dernier, Alec Baldwin a triomphé pour son rôle du patron Jack Donaghy dans 30 Rock. En équipe avec Tina Fey, Baldwin forme la paire la plus amusante, la plus divertissante de la télé américaine. Chapeau. Pour votre info, V a débuté la diffusion de 30 Rock les lundis à 18h30. C'est délicieux.

Dans un rôle de soutien, John Lithgow, le célèbre Trinity Killer, a été récompensé pour ses débuts dans la quatrième saison de Dexter. Il a battu les favoris Jeremy Piven (Ari Gold dans Entourage) et Michael Emerson (le vilain Benjamin Linus dans Lost). Chloë Sevigny, une des trois épouses de Big Love, est montée sur scène dans la même catégorie.

Pour la première fois depuis 1995, les Golden Globes ont eu recours hier aux services d'un animateur, soit Ricky Gervais, le créateur de la série britannique The Office. Depuis 15 ans, cette soirée fonctionnait sans maître de cérémonie dans une formule courte et punchée, où les lauréats de l'année précédente passaient le flambeau aux nouveaux gagnants.

Et Ricky Gervais? Il a été fidèle à lui-même: grinçant, baveux et caustique. Sa présence (très discrète) était-elle nécessaire au bon déroulement du gala? Non. Avec tout le champagne qui coule au Beverly Hilton, les stars n'ont pas besoin d'un Gervais pour créer des malaises ou pour subir l'humiliation en direct.