Si l'offre culturelle n'a jamais été aussi vaste, la musique classique, la danse, le théâtre ou encore l'opéra attirent un public vieillissant composé essentiellement de Québécois dits «de souche».

En raison de cette difficulté à renouveler les publics, la survie de certaines institutions est en péril. C'est ce qui ressort d'une vaste étude intitulée Enquête sur les pratiques culturelles au Québec, réalisée à partir de données recueillies entre 1979 et 2004.

Au cours de cette période, la proportion de gens âgés de 55 ans et plus qui assistaient à des spectacles d'arts classiques comme le théâtre ou la danse est passée de 32,3 % en 1979 à 44,4 % en 2004. Les jeunes de 15 à 34 ans sont, eux, moins nombreux qu'avant. Les 15 à 24 ans formaient 52,7 % du public en 1979 et 45,7 % en 2004. Chez les 25 à 34 ans, la proportion est passée de 52,3 % à 40 %.

«Le public des arts d'interprétation traditionnels a vieilli, indique l'étude de 390 pages, en ligne depuis le 5 février sur le site web du ministère de la Culture.

«La génération qui avait de 20 à 30 ans à la fin des années 70 et au début des années 80 a pris goût aux arts de la scène et elle l'a conservé. Les jeunes des années 1990 et 2000 ont également des sensibilités culturelles qui vont les marquer, mais elles ne les dirigeront pas nécessairement vers les mêmes genres de spectacles», indique également l'étude.

Ce constat n'étonne pas Simon Brault, auteur de l'essai Le facteur C: l'avenir passe par la culture. «L'accès à la culture pour les plus jeunes passe maintenant énormément par l'internet, par la technologie», souligne celui qui est également directeur de l'École nationale de théâtre, vice-président du Conseil des arts du Canada et président de Culture Montréal.

«On voit très peu de jeunes aujourd'hui qui ont une fréquentation culturelle institutionnelle. On voit que c'est beaucoup plus éclaté.»

Pour que les jeunes achètent davantage de billets de spectacles de danse et d'opéra, il faut les initier à cette forme d'art dès l'âge scolaire, estime Simon Brault. «Mais le système d'éducation ne fait pas son travail, affirme-t-il. Il faut investir pour essayer d'accroître la fréquentation et ne pas se contenter de tout mettre nos oeufs dans l'offre.» Il ajoute du même souffle que, souvent, l'État subventionne davantage les organismes et les formes d'art dont le public est vieillissant.

L'enquête s'est également penchée sur le cas de Montréal. Premier constat: les résidants du Plateau-Mont-Royal fréquentent en plus grand nombre les salles de spectacle que ceux qui habitent Kirkland ou encore Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, par exemple.

Montréal, aux fins de l'étude, a été divisé en trois parties: l'est, le centre et l'ouest. Les résidants du centre, comme les gens du Plateau, sortent plus que ceux qui habitent l'est ou l'ouest de la ville. Autre particularité: la fréquence des activités culturelles varie en fonction de la langue.

Les allophones «vivent plus en retrait des lieux publics de la culture, alors que les francophones et les anglophones les occupent largement», souligne le document. Le fait que les spectacles et les activités se déroulent essentiellement dans les langues de Molière et de Shakespeare peut être un obstacle pour les Montréalais qui parlent portugais, espagnol ou allemand, par exemple.

Cinéma

L'enquête révèle également que la fréquentation des cinémas a connu une augmentation de 82 % entre 1989 et 2004. Le nombre d'entrées est passé de 15,5 millions à 28,3 millions. De plus, les cinéphiles d'ici aiment aller voir des films québécois. À preuve, en 2004, 70 % des personnes qui sont allées au cinéma affirment avoir vu des longs métrages d'ici.

Ce rapport sur les habitudes culturelles des Québécois est présenté tous les cinq ans depuis 1979. Les résultats de l'année 2009 seront dévoilés au mois de septembre.