«Il est un créateur. On en a fait un homme de loi.» Robert Lalonde a résumé ainsi l'impact qu'a eu pour son oncle, Claude Robinson, le fait d'avoir été plagié par Cinar et ses partenaires d'affaires et de devoir lutter 15 années durant pour faire reconnaître ses droits.

«Claude, c'est mon petit frère et je n'en reviens pas qu'on puisse démolir l'âme d'un créateur, a renchéri Louise Robinson en conférence de presse, hier, un sanglot dans la voix. On l'a violé.»En collaboration avec la Société des auteurs de radio, télévision et cinéma, les amis de Claude Robinson ont convoqué les médias, hier, pour relancer une opération d'appui financier.

C'est que Claude Robinson «a gagné la première manche, mais il est loin d'avoir gagné la bataille», a rappelé hier Pierre Paquet, président éditeur de Communications Voir et porte-parole du groupe à l'origine de la campagne d'appui.

En août, en un jugement lapidaire, la Cour supérieure accordait 5,2 millions en compensation à Claude Robinson, l'auteur plagié de Robinson Curiosité.

«La conduite des affaires de Charest, Weinberg et Izard est basée sur la tricherie, le mensonge et la malhonnêteté», était-il écrit dans le jugement.

Condamnés pour viol de droit d'auteur, Cinar (aujourd'hui rachetée par Cookie Jar), Ronald Weinberg (l'un de ses fondateurs), Christian Davin, de France animation, Christophe Izard et les entreprises France Animation et Ravensburger, ont depuis lors interjeté appel. Résultat: Claude Robinson n'a toujours pas vu la couleur du moindre sou de ses 5,2 millions.

Ses amis veulent maintenant s'assurer, dit Pierre Paquet, de rétablir le rapport de force - nécessairement inégal, quand on fait face à des multinationales - et aussi que Claude Robinson ne soit aucunement inquiété par des problèmes d'argent dans la dernière ligne droite de son combat.

«Ça va encore lui coûter des dizaines de milliers de dollars. Il n'a plus cet argent et ses adversaires le savent trop bien», a dit Pierre Paquet.

Le fonds d'aide à Claude Robinson existe depuis 2002, mais on a eu l'idée de créer un mouvement citoyen qui irait au-delà du cercle d'auteurs, de créateurs et des artistes plus directement concernés. La collecte de l'argent sera supervisée par la Caisse de la culture (émanant de Desjardins) et la somme totale n'ira pas à des avocats: les cabinets ne seront payés qu'en cas de victoire finale. Ce qu'il faut payer de façon plus pressante, ce sont tous les frais afférents - la rémunération d'experts, la paperasserie, etc.

«La multiplication des appuis et des témoignages sera assurément d'un grand réconfort pour Claude, qui a longtemps mené son combat seul», a souligné Sylvie Lussier, présidente de la Société des auteurs.

En août, quand il a gagné en première instance, Claude Robinson avait téléphoné à Pierre Paquet et lui avait lancé: «J'ai gagné, chr...!» d'une voix forte que M. Paquet n'avait pas entendue depuis longtemps.

Le but, maintenant, avec la campagne de dons lancée sur clauderobinson.org, c'est que «Claude gagne si fort sa cause qu'il retrouve le goût de créer», a dit M. Paquet. Maintenant, «ce n'est plus la cause de Claude. C'est la cause des droits d'auteurs», a conclu sa soeur, Louise Robinson.

William Brock, avocat de Cinar, n'avait pas de commentaires à fournir, pas plus que Cookie Jar, qui a racheté Cinar.

L'appel devrait être entendu en 2011.