Le nightlife montréalais est en deuil. Bob Di Salvio, fondateur du mythique Nuit magique dans le Vieux-Montréal, et du célèbre Di Salvio du boulevard Saint-Laurent, s'est éteint lundi, à l'âge de 66 ans, après une longue lutte contre le cancer.

«On le surnommait le patron des oiseaux de nuit, mais pour moi il était surtout un poète, souligne son fils James Di Salvio (Bran Van 3000). Son art était de provoquer des rencontres. C'était un architecte de la nuit. Beaucoup d'idées ont circulé dans ses clubs.»

Fils d'immigrants italiens, Robert Di Salvio avait de qui tenir, puisque son père était gérant au Clubhouse de Blue Bonnets. Dès l'âge de 18 ans, il s'est impliqué dans la vie de nuit, en créant «Le Salon de Bob», un bar underground dans le quartier Saint-Michel.

Mais c'est vraiment avec le club Nuit Magique, fondé en 1976, qu'il fera sa marque dans la mythologie montréalaise. Sorte de salon privé pour bohème glamour, l'endroit deviendra vite le QG de la faune hip de l'époque. «C'était la place des artistes, des musiciens, des cinéastes et des intellectuels, raconte son ancien partenaire Keith Dunmouchel. Mick Jagger. Leonard Cohen, Tony Roman, Gilles Carle, Robert Lantos, Michel Pagliaro, name it... Tout le monde se tenait là».

En 1986, Di Salvio récidive en ouvrant un club qui porte son nom, au 3519, boulevard Saint-Laurent, contribuant ainsi à la revitalisation de la Main. Il poursuivra l'aventure en 1991 avec le restaurant Luna. Aux dernières nouvelles, il s'apprêtait à ouvrir un nouvel établissement, projet qui pourrait être repris par des associés de longue date.

«Réseauteur», entrepreneur et artiste à sa façon, Bob Di Salvio est mort chez lui, souffrant mais serein: «Ses derniers mots ont été «materially nothing, potentially everything» (matériellement rien, potentiellement tout). Je crois qu'il voyait déjà la beauté et toute la vérité d'être dans la lumière...» Une cérémonie aura lieu dans quelques jours, dans la plus stricte intimité.