Le Cirque du Soleil, l'Orchestre symphonique de Montréal (OSM), les théâtres et les salles de la ville ont beau présenter une variété de spectacles durant toute l'année, la métropole fait piètre figure en se classant avant-dernière au pays en ce qui concerne la consommation culturelle de ses habitants.

C'est ce que révèle une étude réalisée par le Conseil canadien de l'apprentissage (CCA), publiée récemment dans le magazine Maclean's.

«Tu peux être une grande ville gastronomique, mais si une partie de la population mange seulement des hot-dogs, il me semble que tu as un job à faire pour que tout le monde mange mieux», illustre Simon Brault, auteur de l'essai Le facteur C: l'avenir passe par la culture. Celui-ci, qui prône justement l'importance de la participation culturelle, vient tout juste de lancer No Culture, No Future, la version anglaise de son livre. L'ouvrage suscite l'intérêt du Canada anglais et trouve même des échos jusqu'au Japon.

Les habitants de la métropole consomment peu de culture par rapport à ceux des autres villes canadiennes. Ainsi, sur un total de 18 villes, Montréal se classe au 17e rang du palmarès des villes canadiennes les plus performantes en termes de consommation culturelle. Victoria arrive en tête alors que Cap-Breton est en queue de peloton, tout juste derrière Montréal. La Vieille Capitale, pour sa part, arrive en 14e position. Pour réaliser son classement, le CCA a tenu compte de la consommation culturelle des habitants dans les domaines des livres et des arts de la scène ainsi que de la fréquentation des musées.

Surprenante, cette piètre performance de la métropole québécoise? En publiant le classement dans ses pages, Maclean's s'est également posé la question. Dans un article intitulé Why Does Montreal Rank So Poorly?, on écrit que le problème de Montréal ne réside pas dans son offre culturelle, jugée abondante, mais plutôt dans l'utilisation que les gens en font, résume Paul Cappon, président et chef de la direction du CCA.

Les chiffres publiés sont d'ailleurs éloquents. L'an dernier, un Montréalais sur quatre a visité un musée. Par comparaison, près de la moitié de la population de Victoria a fréquenté ce type d'institution au cours de la même période. Mais les résultats de cette étude ne surprennent guère Simon Brault, également président de Culture Montréal et vice-président du Conseil des arts du Canada.

«Ça fait mal un peu, mais ça confirme ce que je dis», a-t-il affirmé au cours d'un entretien téléphonique avec La Presse. Tout juste de retour de Toronto où la version anglaise de son livre a été lancée en grande pompe la semaine dernière, bénéficiant d'une large couverture de la part des journaux de la ville, il juge que les pistes de solutions qu'il lance, notamment en ce qui concerne l'importance de la participation culturelle - comprenant la consommation culturelle de tous, y compris les nouveaux arrivants, l'enseignement des arts et les pratiques artistiques amateurs -, sont d'autant plus pertinentes à la suite de la publication du palmarès du CCA.

En ce sens, M. Brault persiste et signe: bien que la métropole puisse se targuer d'avoir une offre culturelle diversifiée, il demeure difficile d'inciter les gens à venir s'asseoir dans les salles de spectacles ou encore de déambuler dans les musées.

«Il faut toujours faire le rapport entre ce que l'on offre et ce qui est fréquenté, dit-il. Pour moi, une vraie métropole culturelle, c'est celle qui a l'offre, mais c'est aussi celle qui a une demande.»

Et cet argument qu'il défend largement dans son livre a vraisemblablement trouvé des adhérents - artistes, gens d'affaires, organisateurs de festivals - au Canada anglais. Après Toronto, il poursuivra sa tournée pancanadienne au cours des prochains mois en se rendant à Calgary, Saint-Jean (Nouveau-Brunswick), Ottawa et Vancouver.

L'auteur ira même prononcer une conférence à Tokyo en septembre, à l'invitation de l'Association japonaise d'études canadiennes. Des demandes lui sont aussi venues de l'Allemagne et de la France. Invitations qu'il a toutefois déclinées, faute de temps.

Bien que son livre aborde précisément le cas de Montréal, les idées proposées peuvent être exportables, estime-t-il. «Moi, je n'ai rien à vendre, insiste Simon Brault. Ce que je veux, c'est que cette idée-là soit reprise.»

 

Le palmarès

Palmarès des villes ayant la meilleure consommation culturelle par habitant :

1- Victoria

2- Saskatoon

3- Regina

4- Calgary

5- Halifax

6- St. John's (T.-N.)

7- Edmonton

8- Fredericton

9- Winnipeg

10- Toronto

11- London

12-Charlottetown

13- Vancouver

14- Québec

15- Moncton

16- Saint-Jean (N.-B.)

17- Montréal

18- Cap-Breton

Source: Maclean's