Lacteur et humoriste français Pierre Richard est de retour sur les planches au Québec après quatre ans d'absence : il vient présenter son dernier spectacle, Franchise postale, dans lequel il célèbre son passé et ses amis avec humour et émotion.

Il a beau avoir les tempes grises, Pierre Richard, avec ses yeux rieurs et sa bonne humeur légendaire, demeure toujours le Grand blond avec une chaussure noire. Près de 40 ans après la sortie du film d'Yves Robert où il jouait un violoniste fantasque pris dans un imbroglio de services secrets, l'image lui colle toujours à la peau.

«Des gens me demandent encore où est ma chaussure noire!» dit-il en entrevue, peu après son arrivée à Montréal, mercredi.

Pierre Richard aime le Québec. S'il y est passé en 2004 pour Détournement de mémoire puis en 2007 pour Pierre & Fils, il est venu plusieurs fois depuis avec sa conjointe visiter des amis ou pêcher la truite dans la région de Gatineau et l'omble chevalier avec les Inuits.

Cette fois-ci, il présente Franchise postale, deux fois à Montréal, une fois à Québec. La comédie est un peu la suite de Détournement de mémoire. Il y est question encore de souvenirs, cette fois-ci par l'intermédiaire de lettres.

«J'ai toujours reçu beaucoup de lettres d'admirateurs, alors c'est devenu le fil conducteur de Franchise postale, dit-il. On n'a pas pris les vraies lettres car elles ne sont pas aussi drôles que celles qu'on a créées avec Christophe Duthuron. Mais j'en ai parfois reçu des drôles, comme la fois où on m'invitait pour un anniversaire en m'indiquant le trajet en autobus et juste pour le dessert!»

Hommage à Brassens

Dans sa comédie, il revient sur son passé, aborde Mai 68, sa première audition à un cours de théâtre, sa rencontre avec le mime Marceau et d'autres «gens extraordinaires».

Il rend hommage à Georges Brassens, le personnage qui l'a le plus impressionné. Avec son compère Victor Lanoux, il a fait la première du poète à Bobino dans les années 70.

«Il m'impressionnait par sa simplicité, son talent et son intelligence, dit-il. À l'époque, je me levais le matin en me demandant pourquoi j'étais si heureux. Mais ce soir, je vois Brassens, je me disais! Il irradiait.»

Pierre Richard raconte que, n'eût été cette rencontre avec Brassens, sa carrière aurait pu être tout autre car en même temps, le chorégraphe Maurice Béjart l'avait auditionné pour devenir danseur! «Heureusement que j'ai eu Brassens car aujourd'hui, je ne danserais pas beaucoup!» lâche-t-il dans un grand rire.

Pierre Richard est accompagné sur scène par un de ses fils, Olivier, qui joue du saxo et le rôle «du petit nuage de tristesse que je dois chasser».

À 76 ans, Pierre Richard fuit la tristesse et si elle le poursuit, la combat par le rire. À l'automne sortira un film en France, Et si on vivait tous ensemble? de Stéphane Robelin, dans lequel cinq amis (lui, Jane Fonda, Géraldine Chaplin, Claude Rich et Guy Bedos) qui n'ont aucune envie de finir leurs jours dans une maison de retraite décident de vivre ensemble.

«Et ce n'est pas facile, dit Pierre Richard. Dans ce film, il y a, à la fois, de l'humour et de l'émotion. C'est pathétiquement drôle!»

Pathétiquement drôle convient à la nature de Pierre Richard, qui est à l'humour ce que la poésie est à la littérature. Un jeu fin et tendre, fragile et ténu comme la délicatesse de ses textes. «Dans Le Distrait, j'étais un personnage décalé et c'est vrai, rempli de poésie.»

Comme tous les humoristes, il confie qu'il est plus aisé de faire pleurer à 7 h 30 que de faire rire. Mais il n'est pas prêt à jouer des classiques de la dramaturgie. «Shakespeare peut-être, mais Corneille ou Racine, ce serait plus difficile, dit-il. Je suis un peu vieux pour jouer Le Cid! Ou Le retour du Cid! Le Cid 4

Vin et humour

En attendant, il poursuit son chemin tout en se consacrant à améliorer son Château Bel Évêque, un vin de Corbières qu'il produit sur 20 hectares dans la région de Narbonne depuis 27 ans.

«Il y a quelques jours, on a fait l'assemblage, dit-il. J'en vends en Europe, mais pas au Québec.»

Le vin et l'humour, une association naturelle pour un homme attaché au travail soigné et au respect de la vie et de la mémoire.

«On exagère un peu le souvenir dans Franchise postale, mais c'est toujours pour la bonne cause, dit-il. Notre objectif, dont je ne me lasse pas, c'est de faire rire. J'aime faire alterner le rire et l'émotion, surtout quand on ne le voit pas venir! Je ne veux pas me complaire dans la nostalgie. La leçon du spectacle, c'est une leçon pour la vie.»

Franchise postale, avec Pierre Richard, les 28 et 29 avril, salle Maisonneuve de la Place des Arts.