Le Festival international de la littérature a annoncé hier que sa subvention de 65000$ du Fonds du Canada pour la présentation des arts (FPAC) n'avait pas été renouvelée. La directrice de l'événement, Michelle Corbeil, a appris la décision de Patrimoine canadien le 26 juillet, à six semaines de l'ouverture du festival qui se déroulera du 16 au 25 septembre.

« Ces 65000$ représentent 13% de notre budget annuel de 500000$. C'est assez pour mettre notre existence en péril «, déplore Michelle Corbeil. Patrimoine canadien subventionne encore le FIL à hauteur de 30 000$ par l'entremise du Fonds du livre du Canada, souligne Sébastien Gariépy, attaché de presse du ministre James Moore.

Le FIL a reçu 60000$ par année du FPAC de 2002 à 2007, subvention qui a été augmentée à 65000$ en 2008 et renouvelée les deux années suivantes. Michelle Corbeil a donc déposé sa demande en toute confiance le 30 septembre 2010, et sa surprise a été totale le 26 juillet. Elle a décidé de ne pas ébruiter l'affaire tout de suite «d'abord pour ne pas inquiéter les artistes» qui participent au FIL, ensuite parce qu'elle espérait pouvoir faire changer la décision. «On nous a finalement dit que c'était irrévocable.»

Michelle Corbeil est étonnée. Les critères n'ont officiellement pas été modifiés, soutient-elle, et le ministre James Moore a affirmé cet été que l'enveloppe budgétaire était la même. L'attaché de presse du ministre, Sébastien Gariépy, répond que le Ministère «reçoit plus de 10 000 demandes de financement pour des évènements locaux et des festivals partout au Canada. Le nombre total de demandes dépasse largement les fonds disponibles et le Ministère doit faire des choix.»

Michelle Corbeil assure que le 17e FIL, qui commence la semaine prochaine, sera «la plus belle édition de toutes» et que ce trou dans le budget ne paraîtra pas. Mais la directrice devra, pour la première fois depuis qu'elle est entrée en poste en 2002, clore l'année avec un déficit. «Tous les artistes seront payés, les droits d'auteur aussi. Le seul endroit où nous pouvons couper, c'est dans les frais administratifs, qui sont déjà très bas. Nous devrons donc utiliser le crédit.» Ce n'est qu'à l'heure du bilan, quand le FIL se terminera le 25 septembre, qu'elle décidera si elle ferme boutique ou quelles contorsions elle devra faire pour garder le FIL en vie.

Le FIL est unique en son genre parce qu'il jumelle diverses formes d'art à la littérature, en créant entre autres des spectacles et des événements spéciaux: son grand succès présenté depuis 2006, la soirée de poésie déjantée Poésie, sandwichs et autres soirs qui penchent, en est un bon exemple. C'est le FIL aussi qui fait venir à Montréal des artistes internationaux, comme Jean-Louis Trintignant et Fanny Ardant. Cette année, Arthur H (avec son spectacle L'or noir) et le comédien français Serge Merlin, dans une lecture de textes de Thomas Bernhard, monteront sur scène à l'invitation du FIL.