Anciennement un objet de fierté à l'échelle internationale, le réseau muséal québécois est en perte de vitesse et réclame du gouvernement l'aide financière qu'il aurait dû recevoir après le dépôt de la Politique muséale québécoise... il y a 12 ans.

«Les musées doivent d'abord être perçus comme des lieux identitaires», a rappelé hier Michel Perron, directeur général de la Société des musées québécois, peu avant la clôture du congrès de la SMQ, qui réunit à Montréal, depuis mardi, plus 300 professionnels des 195 musées, centres d'expositions et lieux d'interprétation. Les musées québécois - 12 millions de visiteurs par année, une affluence comparable à celle des grands pays européens, toutes proportions gardées - sont «très performants», 38% de leur financement provenant des revenus autonomes (billetterie, etc.) et du financement privé. Le financement public comptant en moyenne pour 30%, il reste encore 30% à trouver pour maintenir le niveau des ressources humaines, de la programmation des collections et de la recherche.

«Les premiers bénévoles des musées sont les employés», dira encore M. Perron, en évoquant l'indigence des salaires du secteur, qui n'en comptent pas moins pour 46% des dépenses de fonctionnement (les musées peuvent aussi compter sur quelque 6000 «vrais» bénévoles dont le travail est estimé à 9 millions de dollars). En bref, la SMQ demande à la ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, Christine St-Pierre, de libérer dans les plus brefs délais les 25 à 30 millions qui permettraient de voir à l'urgence du «colmatage». Pas de hauts cris, pas de menaces: «Nous voulons aider notre ministre à nous aider...»

«On se marche sur les pieds»

Dans la métropole, aucune des institutions muséales n'est en danger de fermeture, nous dit Manon Blanchette, DG de la Société des directeurs de musées montréalais, mais ceux-ci ont un besoin urgent de ressources supplémentaires «pour faire leur travail». «Oui, les musées montréalais tirent plus de revenus de l'affluence touristique, mais ils sont nombreux (38) à chercher du financement privé: on se marche sur les pieds...»

Pas de guerre Montréal-régions, toutefois, à la SMQ, où «solidarité» s'avère le maître mot. Aussi la nouvelle Coalition des (29) institutions muséales reconnues non soutenues se réjouit-elle de l'appui de ses congénères «soutenus» pour réclamer une «mesure transitoire» en attendant un nouveau programme de soutien aux musées.