Nous étions une quinzaine de journalistes des Arts autour de la table à faire valoir les mérites des artistes qui ont marqué notre année culturelle. Chacun dans son secteur avait des arguments solides pour appuyer la candidature de l'un ou de l'autre. Rapidement, nous nous sommes rendus à l'évidence: des ambassadeurs comme Céline Dion et le Cirque du Soleil sont dans une catégorie à part tellement leurs succès et leur rayonnement international sont exceptionnels. Ce sont des immortels.

Puis, au bout de quelques rencontres, un autre constat s'est imposé: tous les excellents candidats retenus ne pouvaient loger dans un Top 25.

Voici donc notre Top 30 de 2011 composé d'artistes fort différents l'un de l'autre: certains qui ont poursuivi sur leur lancée de 2010 et d'autres qui se sont manifestés en fin d'année et pour qui tous les espoirs sont permis en 2012.

1. Les 7 doigts de la main

Les 7 doigts de la main s'appellent Shana Carroll, Isabelle Chassé, Patrick Léonard, Faon Shane, Gypsie Snyder, Sébastien Soldevila et Samuel Tétreault. Formée en 2002, la troupe de cirque vit une croissance fulgurante et promène ses cinq spectacles un peu partout dans le monde. L'année 2011 en a été une de consécration pour elle: la présentation de Traces au Union Square Theatre de New York pour un an; la formation d'une nouvelle équipe de Traces pour tourner en Europe; la reprise de La vie et de PSY, à Paris, cet automne, vantés par la critique française; la présentation de Loft à Berlin pour six mois, à partir de février;  la tournée du solo de Patrick Léonard, Patinoire; et la nouvelle création des 7 doigts, en production, qui sera présentée à Montréal l'été prochain pour ses

10 ans. Ouf!

- Jean Siag

2. Arcade Fire

Tout a été dit sur Arcade Fire, mais il faut se rappeler les visages hébétés des membres du groupe quand Barbra Steisand a annoncé au micro qu'ils venaient de remporter le prix Grammy de l'album de l'année pour The Suburbs. Ont suivi d'autres récompenses prestigieuses, dont un Brit Award, le prix Polaris et même deux Félix à l'ADISQ. Pour son retour à la maison après des mois de tournée, le groupe a fait un cadeau mémorable aux Montréalais en se produisant gratuitement à la place des Festivals, en septembre dernier, lors de Pop Montréal. Avec Karkwa en première partie, c'était une soirée magique et un grand moment de collectivité.

- Émilie Côté

3. Claude Legault et Réal Bossé

Oui, ces deux amis de longue date ont traversé un épisode de grosse dispute, mais l'oeuvre télévisuelle qu'ils ont créée ensemble, la série policière 19-2, a illuminé nos téléviseurs à l'hiver 2011. Vraiment, ça faisait un bail qu'une émission avait frappé aussi fort: le brillant jeu des comédiens, la réalisation magnifique de Podz, les textes crus, les scènes déchirantes, tout ça a contribué à produire une fiction de qualité exceptionnelle. Dans la peau du policier «des régions» Ben Chartier, Claude Legault a extrêmement bien rendu, tout en finesse, les tourments intérieurs vécus par son personnage. La puissance du jeu de Réal Bossé, qui a incarné l'enragé Nick Berrof, lui a valu un prix Gémeaux. Sans l'un ou l'autre, jamais la série 19-2 n'aurait été aussi poignante. C'est ce qu'on appelle un beau travail d'équipe, avec des hauts et des bas.

- Hugo Dumas

4. Michel Rabagliati

Longtemps, Michel Rabagliati a été le bédéiste le plus apprécié au Québec. Son oeuvre, qui lui a déjà valu de nombreuses distinctions, dont un prestigieux Prix du public au Festival d'Angoulême, s'est enrichie d'un autre joyau cette année: Paul au parc. Publié au début du mois de novembre, cet album s'était déjà écoulé à plus de 30 000 exemplaires à la mi-décembre. Rabagliati retourne à Angoulême au mois de janvier non pas comme le plus célèbre bédéiste du Québec, mais comme l'un de ses auteurs les plus lus, tous genres confondus. Inutile de dire que ça aurait été impensable il y a 10 ans et qu'il est en grande partie responsable de l'intérêt désormais suscité par la bande dessinée d'ici.

- Alexandre Vigneault

5. Kent Nagano

Kent Nagano n'est évidemment pas l'unique responsable de la construction de la Maison Symphonique. Mais peut-être que sans sa volonté ferme de mener à bien ce dossier chaud dès son arrivée à Montréal, on rangerait aujourd'hui la très belle nouvelle salle parmi les bonnes idées qui traînent la patte aux côtés du CHUM et du boulevard Notre-Dame. Comme nous l'a dit, l'été dernier, Yannick Nézet-Séguin, le chef de l'Orchestre Métropolitain: «C'est sûr que le crédit va à maestro Nagano d'avoir finalement pu concrétiser tout ça, d'être celui sous qui c'est arrivé.» Non seulement Kent Nagano s'est-il fait le défenseur auprès des décideurs de ce projet essentiel pour l'Orchestre Symphonique de Montréal, mais il en a été l'un des principaux porte-parole à l'étranger comme on a pu le constater en août dernier à Édimbourg. Montréal peut l'en remercier.

- Alain de Repentigny

6. Perrine Leblanc

Son premier roman, L'homme blanc, encensé par la critique, est paru à l'automne 2010, mais c'est vraiment en 2011 que la jeune écrivaine explose sur la scène littéraire. Juste après avoir remporté le Grand Prix du livre de Montréal, elle triomphe en mars au Combat des livres de Radio-Canada, est recrutée par la prestigieuse collection Blanche de Gallimard - le roman a été publié cet automne sous le titre Kolia - puis reçoit le prestigieux Prix littéraire du Gouverneur général. Un parcours sans faute, qui rend très curieux pour la suite.

- Chantal Guy

7. Philippe Falardeau

Monsieur Lazhar, le plus récent long métrage de Philippe Falardeau, à propos d'un immigrant algérien qui devient instituteur dans un collège privé de Montréal après le suicide d'une enseignante, a été sélectionné cette année pour représenter le Canada aux Oscars. Au Festival de Toronto, il a été sacré meilleur film canadien. La bible de l'industrie du cinéma américain, Variety, vient de sélectionner Philippe Falardeau dans sa liste annuelle des 10 réalisateurs à suivre. On comprend pourquoi. Monsieur Lazhar est une oeuvre d'une grande finesse, tendre et sensible, qui pose un regard subtil et pertinent sur notre rapport à l'immigration, à l'éducation, à l'enfance. La mise en scène épurée de Falardeau laisse une place de choix à l'évocation des sentiments. Et les enfants, qu'il sait si bien diriger, sont porteurs d'une émotion franche que l'on n'avait pas connue encore dans son cinéma.

- Marc Cassivi

8. Dominic Champagne

Après une année 2010 difficile - une grave commotion cérébrale suivie de l'échec de Paradis perdu, le spectacle écolo dans lequel il s'était investi corps et âme - Dominic Champagne est retombé sur ses pattes de belle façon. Il a habilement mis en scène Le boss est mort d'après les monologues d'Yvon Deschamps, une entreprise à haut risque qui nous a permis de découvrir une autre facette du talent de Benoît Brière. Puis, Champagne a brassé la cage avec le triptyque théâtral Tout ça m'assassine, à la Cinquième salle de la Place des Arts, avant de porter brillamment à la scène HA ha! ... de Réjean Ducharme, au TNM. En plus, l'artiste engagé est passé de la parole aux actes en jouant un rôle de premier plan dans la campagne contre l'exploitation du gaz de schiste. Grosse année 2011.

- Alain de Repentigny

9. Véronique Cloutier

Difficile d'avoir connu une meilleure année pour celle que tous ses admirateurs appellent tout simplement Véro. Sa collection de vêtements commercialisée à l'Aubainerie a été un succès, son émission de radio à Rythme-FM (Les midis de Véro) a caracolé dans les sondages, Les enfants de la télé a franchi la barre du 1,5 million de téléspectateurs et Le verdict a pris beaucoup de galon. Pour couronner le tout, Véronique Cloutier a encore gagné le trophée Artis de la personnalité de l'année sur les ondes de TVA, au printemps, et a également raflé un Gémeaux cet automne pour Les enfants de la télé. Ah oui, la SRC a renouvelé sa confiance au duo/couple Louis Morissette et Véronique Cloutier pour la confection du Bye Bye 2011. Mettons que la barre est haut placée pour 2012.

- Hugo Dumas

10. Cavalia

Parti de Shawinigan en 2003, Cavalia a attiré depuis plus de trois millions de spectateurs en Amérique du Nord et en Europe. Créé à Laval en septembre dernier, Odysséo, le deuxième spectacle de Cavalia, intègre à un niveau inédit l'art équestre, les arts du cirque et les technologies multimédias. Ces spectaculaires réussites artistiques et commerciales sont le fruit du génie patient de Normand Latourelle qui, toujours entouré des meilleurs spécialistes, a su donner un cadre moderne à l'un des plus vieux filons du spectacle: la fascination de l'homme pour le cheval. Aujourd'hui, le magnifique chapiteau d'Odysséo est à Atlanta tandis que, sur la côte Ouest, les artistes humains et équins de Cavalia s'apprêtent à partir à la conquête de la Chine. Ce formidable défi logistique s'ajoute à la liste des premières signées Normand Latourelle.

- Daniel Lemay

11. Marie-Mai

Encore une grosse année pour l'intense et travaillante Marie-Mai: présentation du dernier des 70 spectacles de sa tournée Version 3.0, au Centre Bell, le 6 mai (c'était la 5e fois qu'elle s'y produisait), obtention de deux Félix à l'ADISQ, vaste succès populaire ici et en France de son duo avec le groupe Simple Plan, signature avec l'importante compagnie de disque Warner Music France en vue d'une carrière outre-Atlantique... Mais connaissant un brin Marie-Mai, ce qu'elle retiendra sans doute le plus de 2011, c'est son mariage avec son compositeur-réalisateur de mari, Fred St-Gelais, à Hawaii.

- Marie-Christine Blais

12. Fred Pellerin

Ça devait être une année tranquille pour Fred Pellerin puisque c'est en 2012 qu'on attend son nouveau spectacle et son deuxième film. N'empêche, cette année, Fred-le-chanteur a gagné un Félix pour son spectacle Saint-Élie-de-chansons qu'il n'a pourtant donné qu'une poignée de fois. Il a continué de trouver preneur pour son album Silence dont les ventes sont astronomiques (plus de 140 000 exemplaires) avant de lancer récemment son fort beau successeur, C'est un monde. Il y a deux semaines, les Parisiens ont acclamé les dernières représentations de L'arracheuse de temps et, hier soir, il a créé un conte de Noël avec l'OSM à la Maison symphonique où les 6000 billets pour les trois représentations se sont vendus en un rien de temps. On allait l'oublier, son hommage à Vigneault au gala de l'ADISQ a touché tout le monde. Une petite année, disions-nous...

- Alain de Repentigny

13. Gilbert Sicotte

Gilbert Sicotte trouve dans Le vendeur, premier film de Sébastien Pilote, l'un des rôles les plus marquants de sa riche carrière. Celui de Marcel Lévesque, un homme dans la dernière ligne droite de la vie, employé modèle, champion toutes catégories de la vente d'automobiles, défini par son travail, égaré sans lui. Lauréat de plusieurs prix depuis sa sélection au Festival de Sundance en début d'année, Le vendeur est une oeuvre de spleen et de solitude centrée sur ce personnage fascinant, interprété avec une extrême subtilité. La performance d'acteur de Gilbert Sicotte compte parmi les plus fortes de la dernière année. Elle est la pierre d'assise d'un très beau film, parfaitement rythmé, ne craignant pas les silences et les temps morts, campé dans une petite ville du Saguenay qui voit son principal employeur, une usine de pâtes et papiers, fermer ses portes.

- Marc Cassivi

14. Serge Denoncourt

GRUBB, spectacle musical créé pour et par des jeunes Roms de Serbie sous la direction de Serge Denoncourt, a fait sensation au dernier Festival international de jazz de Montréal. Après trois années à multiplier les séjours à Belgrade, le metteur en scène a livré une oeuvre extrêmement remuante, mais aussi très drôle, loin des bons sentiments et du manichéisme associés aux spectacles humanitaires. Serge Denoncourt nous a aussi soufflés avec une version extraordinairement dépouillée d'Andromaque de Racine. 2011 a de plus été marquée par les reprises de plusieurs de ses mises en scène dont un hilarant Goldoni (Il Campiello) qu'il avait recréé à la fin de 2010.

- Alexandre Vigneault

15. Yannick Nézet-Séguin

Le jeune chef - il aura 37 ans le 6 mars - a entrepris l'année en se donnant un peu de répit... avant de replonger de plus belle dans le tourbillon qui le mène bon an, mal an sur les plus grandes scènes du monde. Par où on commence? Par son Orchestre Métropolitain qu'il a brillamment dirigé dans l'opéra Salomé puis à ses débuts à la Maison symphonique, ou encore au Festival de Lanaudière où l'OM et son chef ont établi un record d'assistance? Par les louanges qui ont salué son retour à Salzbourg, ses débuts à La Scala de Milan et sa direction dans le tout récent Faust de Gounod au Metropolitan Opera? Par ses disques, excellents, avec l'OM, son Orchestre Philharmonique de Rotterdam et même l'Orchestre de Philadelphie dont il deviendra le titulaire en 2012? Par le prix Denise-Pelletier des Arts de la scène dont il est le plus jeune lauréat, le Félix pour La tragédie de Salomé ou le doctorat honorifique que lui a décerné l'UQAM? 2012 s'annonce tout aussi étourdissante pour Yannick Nézet-Séguin.

- Alain de Repentigny

16. Jean-Marc Vallée

Le cinéaste de Liste noire, C.R.A.Z.Y. et Young Victoria a signé cette année un film ambitieux et émouvant, complexe et imparfait, impressionniste et atmosphérique, rythmé du début à la fin par la musique. Café de Flore, présenté en première mondiale au Festival de Venise, puis au Festival de Toronto, est un «beau risque», tant par sa structure, par les thèmes qu'il aborde, que par le rôle principal confié à Kevin Parent. Le chanteur et musicien crève l'écran de sex-appeal dans son premier rôle au cinéma: celui d'un célèbre DJ montréalais, qui «a tout pour être heureux» avec son amoureuse (Evelyne Brochu), mais qui vit mal les contrecoups de sa séparation avec Carole (Hélène Florent), la mère de ses deux filles. Vanessa Paradis est tout aussi exceptionnelle dans le récit parallèle d'une mère courage qui élève seule son enfant trisomique à Paris au début des années 70.

- Marc Cassivi

17. Stéphane Rousseau

Cette année, l'humoriste Stéphane Rousseau aura présenté 113 fois Les confessions de Rousseau: 58 fois au Québec et 55 fois en France dont quatre fois à l'Olympia de Paris. Total: près de 140 000 billets vendus pour la production la plus réussie de la profession au Québec. Il aura en plus tourné le film Omertà qui sortira sur nos écrans en 2012 et trouvé le temps d'aller marcher sur le chemin de Compostelle pour aider la recherche contre le cancer. La popularité de Stéphane Rousseau est amplement méritée. C'est un artiste complet - humoriste, comédien, chanteur, dessinateur, peintre et sculpteur - qui garde les pieds sur terre, mais cherche encore son Graal... L'été dernier, il a dit à La Presse chercher «le coup de génie» qui comblera sa soif d'accomplissement.

- Éric Clément

18. Denis Villeneuve

La présentation d'Incendies de Denis Villeneuve au Festival de Venise l'an dernier fut le coup d'envoi d'une carrière exceptionnelle, auréolée par une sélection parmi les finalistes à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère en 2011. Ce film dur et poignant a aussi remporté huit prix Génie et neuf prix Jutra cette année, dont ceux du meilleur film et de la meilleure réalisation. En plus de gagner des prix dans une multitude de festivals internationaux. Incendies, qui a pris l'affiche dans une trentaine de régions du monde au cours des derniers mois, a été sacré meilleur film étranger par l'association des critiques de Boston récemment, et deuxième meilleur film étranger par l'association des critiques de New York. Le Festival de Karlovy Vary, en République tchèque, a consacré une rétrospective aux oeuvres de Denis Villeneuve, en juillet.

- Marc Cassivi

19. Robert Lepage

Bon an, mal an, des productions de Robert Lepage font le tour du monde et séduisent des publics très différents. Cette année, il a créé deux autres chapitres du Ring de Wagner au Metropolitan Opera de New York, l'entreprise la plus colossale, et casse-gueule, dans le monde de l'opéra. Son audacieuse machine de scène n'a pas fait l'unanimité, mais d'un opéra à l'autre, elle a mieux servi le propos de Wagner et sa musique. À l'automne, Lepage a reçu le prix Eugene McDermott in the Arts du MIT qui souligne «l'innovation dans toutes les disciplines artistiques» et dont la bourse de 80 000$ est l'une des plus généreuses en culture aux États-Unis. Dans cette autre belle année, un bémol: son adaptation de La tempête de Shakespeare à Wendake dont on a vivement critiqué la distribution inégale.

- Alain de Repentigny

20. Karkwa

Propulsé par le rayonnement du prix Polaris, remporté à l'automne 2010 en tant que meilleur album canadien, Karkwa a vécu une année de rêve en 2011, multipliant les tournées au Canada anglais, en Europe et même aux États-Unis. Le groupe a vécu de grands moments quand il a assuré la première partie d'Arcade Fire en Europe et à la place des Festivals, pendant Pop Montréal. En octobre dernier, Les Chemins de verre a également été lancé en France. Et pour le magazine français branché Les Inrocks, Karkwa n'est rien de moins que «l'un des groupes rock les plus passionnants du monde».

- Émilie Côté

21. Denis Marleau

Premier Québécois à être invité à la Comédie-Française, a ravi le public de ce temple mythique qui est venu applaudir soir après soir, sa mise en scène de l'Agamemnon de Sénèque. Au même moment, ses mannequins animés, conçus à la demande de Jean Paul Gaultier, faisaient tourner les têtes et ajoutaient une touche de magie à l'expo du grand designer français. Tout cela avant de fêter les 30 ans d'Ubu et de l'Oulipo Show, sa toute première création.

- Nathalie Petrowski

22. Victor-Lévy Beaulieu

VLB a-t-il encore besoin de présentation? L'homme ne se laisse pas oublier et n'a absolument rien du has-been! Cette année, VLB a sauvé de la banqueroute le Caveau-Théâtre de Trois-Pistoles en écrivant une pièce pour soutenir l'établissement; il a refusé son hommage au Gala des Gémeaux parce qu'il était remis hors d'ondes, ajoutant ainsi une polémique à sa besace bien remplie; il a reçu le prix Gilles-Corbeil, la plus importante distinction littéraire au pays, pour l'ensemble de son oeuvre - immense. Enfin, en publiant Antiterre, il a mis un point final à sa grande saga des Beauchemin et il nous promet pour bientôt un nouvel essai sur Nietzsche. Incontournable, vous dites?

- Chantal Guy

23. Karine Vanasse

Avec sa fraîcheur souriante et son accent charmant, Karine Vanasse a mis peu de temps à faire sa place dans la série Pan Am et à séduire le public américain. Invitée à poser en lutin mutin dans le magazine Esquire et à se raconter aux filles de la populaire émission The View, elle a fait une percée spectaculaire aux États-Unis.

- Nathalie Petrowski     

24. Vincent Vallières

Quand Vincent Vallières a lancé son dernier album, l'excellent Le monde tourne fort, à l'automne 2009, il ne s'attendait pas à gagner deux ans plus tard le Félix de la chanson de l'année, choisi par le public. Le monde tourne fort était déjà certifié disque d'or quand On va s'aimer encore s'est mise à tourner à la radio. Rapidement, les ventes de l'album ont doublé pour dépasser les 80 000 exemplaires. On va s'aimer encore est une chose rare: une chanson de qualité, universelle en ce qu'elle transcende les générations et fait consensus chez des publics aux goûts fort différents, mais aussi une chanson-témoin qui est désormais associée à des événements marquants dans la vie d'un couple, d'une famille, d'amis.

- Alain de Repentigny

25. David Altmejd

En vogue à New York - où il est représenté par la réputée galerie Andrea Rosen - le sculpteur David Altmejd a connu une année 2011 assez faste. En avril, il a exposé avec succès ses dernières oeuvres fantastiques dans la Grosse Pomme. En mai, l'artiste de 36 ans a présenté Conte crépusculaire avec Pierre Lapointe à la galerie de l'UQAM, une performance scénique où l'on retrouvait toute la magie du Prix Sobey 2009. En juin, deux de ses sculptures monumentales ont fait partie du «Grand déploiement» du Musée d'art contemporain. Enfin, en septembre, L'oeil, sa première sculpture en bronze à la fois florentine et moderne, a été inaugurée devant le nouveau pavillon Claire et Marc Bourgie du Musée des beaux-arts de Montréal, rue Sherbrooke.

- Éric Clément

26. Richard Desjardins

Desjardins a d'abord refait surface au printemps avec L'existoire, un album musicalement éclectique, sinon éclaté, où il a fait entièrement confiance au réalisateur Claude Fradette. Ça reste du Desjardins, dont la plume est toujours aussi vive, mais on a hâte de voir et d'entendre comment ces tableaux musicaux vont cohabiter en spectacle. Il a également poursuivi avec le chef Gilles Bellemare la tournée Desjardins symphonique, un concert magnifique qu'il faudra donner en exemple à tous les artistes tentés de marier la pop avec le symphonique. Mais son coup d'éclat, Desjardins l'a gardé pour l'automne: le film-pamphlet Trou Story sur l'industrie minière, réalisé avec son complice Robert Monderie. Comme toujours, Desjardins persiste et signe.

- Alain de Repentigny

27. Patrick Huard

Beaucoup d'encre a coulé dans l'agenda du touche-à-tout Patrick Huard en 2011. On se rappellera d'abord la sortie des films Funkytown et Starbuck. Ses interprétations de Bastien Lavallée et David Wosniak lui ouvrent le chemin vers le gala des Jutra. D'ailleurs, son personnage dans Starbuck lui a valu le prix du meilleur acteur au Festival de Valladolid en Espagne. Dans les coulisses, Patrick Huard a tourné dans le film Omertà qui sortira en 2012, écrit son troisième spectacle solo, Le bonheur, qui débutera en mars, lancé la chaîne mobile Lib TV dont il est directeur de la programmation et a été juge aux auditions de Star Académie.

- André Duchesne

28. India Desjardins

Plus de 650 000 exemplaires des huit tomes du Journal d'Aurélie Laflamme vendus au Québec, 80 000 exemplaires des quatre premiers tomes vendus en France en un an: on peut avoir l'impression qu'en mettant fin cet automne aux aventures de son héroïne, India Desjardins part en pleine gloire. L'affection de ses admiratrices n'a jamais faibli en six ans, mais l'idole littéraire des préadolescentes regarde vers l'avant avec des projets plus «adultes». Après avoir dirigé un recueil de nouvelles l'hiver dernier, elle travaille aussi sur une bande dessinée et sur le scénario d'une comédie romantique traitant de la «monogamie en série», tiré de sa propre nouvelle publiée dans Amour et libertinage, recueil sur les amours trentenaires paru au printemps dernier.

- Josée Lapointe

29. Mario Saint-Amand

Le comédien s'est démarqué dans plusieurs productions cette année, à commencer par sa performance convaincante dans le film Gerry, d'Alain DesRochers, où il a personnifié avec beaucoup d'aplomb l'ex-chanteur d'Offenbach. On l'a également vu dans le film Coteau rouge, d'André Forcier, qui a ouvert le Festival des films du monde plus tôt cette année. Il y tenait le rôle d'un ex-boxeur. Mais Mario Saint-Amand s'est aussi fait remarquer cet automne sur les planches de théâtre dans la pièce Tout ça m'assassine, mise en scène par Dominic Champagne à la Cinquième salle de la Place des Arts. Le comédien y jouait en duo avec Antoine Bertrand le rôle d'un désillusionné, qu'il a parfaitement défendu. Il a été nommé personnalité de la semaine de  La Presse en juillet dernier.

- Jean Siag

30. Coeur de pirate

Béatrice Martin s'est manifestée tard dans l'année. N'empêche, son album Blonde a fait l'unanimité, prouvant hors de tout doute qu'il faudra compter avec cette jeune femme de 22 ans qui avait surpris toute la francophonie avec son irrésistible premier album. Sitôt Blonde lancé, elle a amorcé une nouvelle tournée en Europe francophone où elle a passé l'essentiel de son temps depuis trois ans. Montréal la reverra en février, mais entre-temps, elle aura chanté, en français s'il vous plaît, à Toronto et dans quelques villes américaines. Ce tourbillon de fin d'année nous a presque fait oublier le mini-album Armistice, en anglais celui-là, qu'elle a commis avec son amoureux Jay Malinowsky: un disque tellement charmant qu'il donnait le goût d'en entendre davantage. En voilà une autre qu'il faudra suivre en 2012.

- Alain de Repentigny