Figure emblématique du dernier demi-siècle, la reine Élisabeth II est devenue avec le temps une véritable icône de la culture pop. Des Sex Pistols à Andy Warhol, plusieurs artistes lui ont rendu hommage… ou l’ont prise pour cible.

Musique

Censure et doigt d’honneur

En 1969, l’album Abbey Road des Beatles se conclut sur Her Majesty, petite pièce aigre-douce signée Paul McCartney. 

Écoutez la chanson Her Majesty des Beatles

C’est la première fois qu’un groupe de rock égratigne la reine d’Angleterre, mais cette petite pointe n’est rien à côté de la bombe que larguent les Sex Pistols en 1977. Antimonarchiste autant qu’anarchiste, le groupe punk trouve avec God Save the Queen, pastiche violent de l’hymne national britannique, le moyen de faire rimer « queen » et « fascist regime », avec un mépris affiché pour la monarque. 

La chanson sera bannie par la BBC, ce qui contribuera à son mythe. 

En 1986, le groupe The Smiths en remet avec The Queen Is Dead, dans laquelle le chanteur Morrissey imagine la mort de la souveraine, écorchant au passage le pauvre prince Charles. 

Des Stone Roses (Elizabeth My Dear) aux Pet Shop Boys (Dreaming of the Queen), d’autres groupes britanniques vont donner leur point de vue sur Son Altesse, mais la palme du doigt d’honneur revient – ironiquement – au chanteur français Philippe Katerine, qui met en scène une reine ultra-fendante dans sa chanson La reine d’Angleterre en 2010. 

Arts visuels

Photographiée et photographe

Après Elvis, Marilyn Monroe et la boîte de soupe Campbell, Andy Warhol fait entrer Élisabeth II dans le joyeux monde du pop art. Ses peintures sur soie, créées en 1985, seront achetées par Buckingham Palace en 2012, et intégrées à la collection royale juste à temps pour le jubilé de diamant. 

PHOTO KIRSTY WIGGLESWORTH, ASSOCIATED PRESS

Les portraits de la reine Élisabeth II par Andy Warhol

Dans une veine plus classique, la reine s’est aussi prêtée des centaines de fois au jeu du portrait, l’un d’entre eux ayant été réalisé par le peintre canadien Phil Richards en 2012. 

Le personnage public fut photographié encore plus souvent, mais on retiendra surtout les clichés pris par Annie Leibovitz en 2016, qui se retrouveront en une du magazine Vanity Fair.

PHOTO ANNIE LEIBOVITZ, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Les photos de la reine et de sa famille prises par Annie Leibovitz ont été publiées dans le Vanity Fair en 2016.

À noter qu’Élisabeth était elle-même maniaque de photographie, et qu’elle se déplaçait rarement sans son petit appareil Leica. 

Cinéma et télé

Entre fiction et réalité

De The Naked Gun (1988) à Austin Powers in Goldmember (2002), les comédies se sont amusées à inclure Son Altesse dans le cinéma grand public. 

En 2006, l’actrice Helen Mirren remporte un Oscar pour son rôle dans The Queen, qui raconte les heures sombres de la famille royale suivant la mort de Lady Di.

Le personnage apparaît dans une multitude d’autres long métrages – de plus ou moins bonne qualité, avouons-le. Parmi les réussites, mentionnons The King’s Speech (2010), où on la voit enfant, A Royal Night Out (2015), où elle est adolescente, et Walking the Dogs avec Emma Thompson (2012), qui raconte l’épisode où un intrus s’était faufilé dans sa chambre.

Sans parler de la fabuleuse série télévisée The Crown (2016), qui porte précisément sur la vie de la reine à partir de son mariage en 1947. 

Image de marque

Une icône commercialisable

Reine d’un autre temps, Élisabeth II fut couronnée avant l’explosion de la culture pop. Elle y contribua pourtant par sa personnalité emblématique. Comme d’autres souveraines, on la verra très tôt sur des timbres et des billets de banque, mais aussi, plus tard, sur des assiettes, des tasses, des sous-verres, des « gougounes » et des t-shirts, sans parler des cartes postales et de la presse à potins, qui fera ses choux gras de la souveraine et de sa famille. Icône commercialisable, image d’Épinal, personnage du domaine public, elle fut tout cela à la fois, contribuant, de son vivant, au fantasme des masses de même qu’à son propre mythe.