Au retour d’un voyage, on pose souvent un nouveau regard sur son environnement, mais qu’en est-il lorsqu’on apporte des parcelles de lui avec soi ? L’Atelier Pierre Thibault en fait en ce moment l’expérience grâce à l’exposition Territoires et paysages, présentant son travail des 20 dernières années au Québec, et qui ouvre ses portes ce samedi à la Galerie d’architecture de Paris.
Douze valises noires venues du Québec ont rejoint la Galerie d’architecture de Paris, dans le Marais, par une belle journée printanière d’avril. Délicatement logées à l’intérieur de celles-ci, des maquettes en bois de peuplier représentent l’essence du travail de l’Atelier Pierre Thibault.
Toute l’équipe du célèbre architecte a fait le voyage pour monter l’exposition Territoires et paysages, mais aussi pour avoir une autre perspective sur le travail accompli au cours des deux dernières décennies. « C’est une façon de jeter un regard sur nos projets. Chaque fois que je l’ai fait, cela a fait surgir une sorte de fil d’Ariane entre eux. On a toujours ce souci de s’inscrire d’une façon pérenne dans un environnement », confie Pierre Thibault.
Le fondateur de l’Atelier Pierre Thibault a transposé ce travail dans la galerie que le visiteur est invité à découvrir comme s’il était au Québec. Des tables, tels des îlots au milieu d’un lac, présentent des maquettes, des plans, des aquarelles et des carnets de croquis de territoires explorés et respectés. D’immenses photos de paysages québécois, prises au fil des quatre saisons, transportent, quant à elles, les Parisiens de l’autre côté de l’océan pour prendre la mesure des liens entre ces lieux et l’architecture qui s’y est enracinée.
Mise en relief
« La relation qu’on tisse avec l’extérieur est tellement importante », souligne Pierre Thibault, qui conçoit, depuis 35 ans, chaque maison pour la renforcer. Les projets sélectionnés pour cette exposition en témoignent, peu importe leur taille ou leur cadre naturel. On y retrouve ainsi la résidence de Lac-Brome, dans les Cantons-de-l’Est, avec son jardin zen intérieur et son foyer dans une terrasse couverte, la signature de l’atelier, pour profiter du plein air en tout temps ou presque, ou encore le Lupin, un habitat de 80 m2, dans le Bas-Saint-Laurent, où la vie tend vers le fleuve et la campagne alentour.
Cette exposition, née d’une rencontre avec le directeur de la galerie lors d’un des nombreux séjours de Pierre Thibault à Paris (qui avait déjà exposé au Jardin des Tuileries en 1999), devait initialement ouvrir ses portes en avril 2020. La pandémie, qui a retardé cet évènement, a aussi rendu son propos d’autant plus pertinent pour les citadins. « La pandémie a changé beaucoup de choses en France. C’est comme si on avait redécouvert les spécificités des territoires provinciaux ; on leur avait rendu leurs lettres de noblesse », observe l’architecte, qui se plaît à relever par ailleurs l’un des points forts du Québec : celui de devoir composer de longue date avec des écarts climatiques impressionnants.
Nous voulons lancer un message positif aux architectes français. Il faut, bien sûr, atténuer notre impact sur l’environnement, mais il va aussi falloir apprendre à concevoir autrement, et cette contrainte peut nourrir la créativité.
Pierre Thibault, architecte
Les pistes à suivre sont là : préserver le végétal et le réintégrer dans nos vies, mais aussi privilégier un habitat sobre et qui respire en estompant les limites entre l’intérieur et l’extérieur. « Il faut trouver la singularité des territoires pour essayer de savoir ce qu’on peut y introduire et mettre en relation, de la façon la plus harmonieuse possible, le territoire et l’architecture, à la campagne comme en ville », explique Pierre Thibault, qui se prépare à sortir en septembre prochain un nouveau livre vantant les bienfaits d’une architecture conçue avec la nature au quotidien.
Territoires et paysages
À la Galerie d’architecture (11, rue des Blancs Manteaux, 75004 Paris)
Du mardi au samedi de 11 h à 19 h (entrée libre), Jusqu’au 27 mai 2023