À 4 ans, après un camp d’éveil musical, Marion Portelance a regardé ses parents droit dans les yeux et leur a dit que plus tard, elle serait violoncelliste. Aujourd’hui âgée de 24 ans, elle sera la seule musicienne québécoise à tenir l’affiche au concert du 7 mai qui suivra le couronnement du roi Charles III. Et c’est avec le violoncelle du roi lui-même qu’elle jouera !

Diffusé par la BBC, l’évènement sera vu par des millions de personnes et se tiendra au château de Windsor, où sont inhumés la reine Élisabeth II et son époux le prince Philip, de même que le roi George VI et la reine mère Élisabeth.

L’attention du monarque se posera tout particulièrement sur elle. Car c’est avec son violoncelle à lui qu’elle interprétera Somewhere (West Side Story) en version instrumentale au sein d’un quatuor à cordes. « C’est un William Forster, il sonne vraiment bien ! »

« Tout ça me semble encore un peu irréel ! », lance-t-elle en entrevue de Londres, où elle étudie au Collège royal de musique.

Marion Portelance est un pur produit des programmes particuliers des écoles publiques québécoises – en musique, en l’occurrence. Elle a d’abord fréquenté l’école primaire Le Plateau, puis l’école Joseph-François-Perrault « qui [lui] a fait réaliser à quel point [elle] aime jouer au sein d’un orchestre ».

PHOTO FOURNIE PAR LA FAMILLE DE MARION PORTELANCE

Depuis qu’elle a 4 ans, Marion Portelance souhaite être violoncelliste.

« La formation que j’y ai reçue m’a donné une bonne longueur d’avance pour la suite de mon parcours au Conservatoire de musique de Montréal. »

Un honneur

Il y a quelques mois, l’air de rien, ses professeurs londoniens lui ont demandé si elle était disponible au début du mois de mai, sans en dire davantage. « C’est en mars que j’ai su que c’était pour le concert du couronnement. »

Elle est très consciente que les Québécois ne sont pas très portés sur la monarchie. D’autres artistes dans le monde ont par ailleurs décliné l’invitation au même concert. Sur l’affiche, aucune mégastar britannique.

PHOTO CLAUDE GRENIER, FOURNIE PAR L’ARTISTE

Marion Portelance

Marion Portelance se dit au contraire absolument honorée d’être de l’évènement, auquel prendront aussi part Katy Perry, Lionel Richie et Andrea Bocelli.

J’étudie au Collège royal de musique de Londres depuis septembre. La semaine de mon arrivée, la reine est décédée. J’ai vécu avec les Anglais toute la période de deuil qui a suivi, je me trouvais au cœur de l’Histoire. Et là, quelques mois plus tard, de me faire demander de prendre part au concert du couronnement… je n’en reviens juste pas.

Marion Portelance

De prendre part à ce concert est aussi pour elle une façon d’exprimer toute sa reconnaissance à l’école qu’elle fréquente, à Charles III lui-même qui en était déjà le président au temps où il était prince de Galles – « et qui est un ardent défenseur des arts » – et à ses mécènes.

Vivre à Londres et y étudier coûte très cher, et elle souligne recevoir une bourse de la Famille de Christopher Hogwood, un regretté chef d’orchestre et claveciniste anglais. Au Québec, Roger Dubois, Sandra et Alain Bouchard sont ses mécènes.

« Vivre à Londres, étudier au Collège royal, c’est au-delà de mes rêves. »

Fille de Mona Portelance, agente d’artistes, et du comédien Roger Léger, Marion Portelance raconte que la confiance qu’ils lui ont témoignée tout au long de son parcours l’a poussée à travailler encore plus fort pour en être à la hauteur.

Elle a déjà joué avec les chefs d’orchestre Rafael Payare, Yannick Nézet-Séguin, Alexander Shelley et Vasily Petrenko. En 2022-2023, elle est stagiaire à l’Orchestre symphonique de la BBC, en plus de faire régulièrement de la musique de chambre au Canada, aux États-Unis, en Suisse et au Royaume-Uni.

Quelle sera la suite ? Grande soliste internationale ?

Elle ira, dit-elle, là où elle trouvera un emploi. « J’adore Montréal, je serais heureuse d’y revenir ! »