Fondée il y a 40 ans par Sonia Denault et Robert Tremblay, la galerie Michel-Ange a annoncé qu’elle fermera sa salle d’exposition du 430, rue Bonsecours, dans le Vieux-Montréal, le 31 juillet.

La galerie d’art a ouvert en 1984 au rez-de-chaussée du bâtiment qui a jadis abrité l’atelier de Stanley Cosgrove avec une exposition consacrée à Marc-Aurèle Fortin – une rétrospective réunissant une quarantaine de ses œuvres.

Durant les premières années, Sonia Denault et Robert Tremblay se sont spécialisés dans l’art figuratif – René Richard, Marc-Aurèle Fortin, Jean Dallaire, le Groupe des sept, etc. – avant de se tourner vers l’art abstrait.

PHOTO FOURNIE PAR SONIA DENAULT

Sonia Denault

« Quand on a commencé, il n’y avait pas d’autres galeries dans le Vieux-Montréal, nous dit Sonia Denault. On nous a découragés, on nous a dit : vous allez fermer vos portes, il n’y a aucune galerie qui a pu continuer ici, vous n’allez pas survivre… »

Et pourtant. Non seulement la galerie a survécu, mais elle s’est fait une réputation enviable dans le milieu des arts, notamment grâce à l’exposition d’œuvres réalisées par les artistes du mouvement automatiste et les signataires de Refus global.

Jean Paul Riopelle, Paul-Émile Borduas, Fernand Leduc, Pierre Gauvreau, Marcelle Ferron, Marcel Barbeau et Françoise Sullivan ont tous été exposés à la galerie Michel-Ange au fil des ans.

Dans les dernières années, des artistes contemporains ont été ajoutés au portfolio de la galerie du Vieux-Montréal.

De beaux souvenirs

Si le couple propriétaire a décidé de vendre, c’est parce qu’il est arrivé à cet âge… « Mon mari Robert a 82 ans, nous dit Sonia Denault, il ne s’occupe déjà plus de la galerie. Et moi, j’ai 75 ans… Nous avons deux fils, mais ils ne sont pas intéressés à prendre la relève et travailler six jours par semaine. »

Le local a été vendu à Encan Champagne – une maison d’encan dirigée par Claude Champagne –, mais Sonia Denault a l’intention de poursuivre son travail de représentation auprès de deux ou trois artistes et compte travailler avec Ninon Gauthier – veuve de Marcel Barbeau – à la Fondation de l’artiste.

Mme Denault, qui conserve de beaux souvenirs à Michel-Ange, garde en mémoire l’expo du trio Gauvreau, Leduc et Barbeau, en 2011.

« Charles Binamé [le cinéaste], qui était un ami de Pierre Gauvreau, m’a demandé d’ouvrir la galerie avant le vernissage, parce qu’il craignait pour sa santé… Finalement, Gauvreau était là au vernissage, puis toutes les fins de semaine après. Et trois semaines plus tard, il est décédé. C’était touchant, parce qu’il savait qu’il allait partir et il faisait ses adieux à ses amis… »

Sonia Denault avoue que la vie a été bonne pour Michel-Ange. Avec beaucoup de clients d’affaires comme Power Corporation, Bombardier ou la Banque Royale – pour ne nommer que ceux-là –, la galerie a bien tiré son épingle du jeu. Mais ce qui lui a nui, insiste-t-elle, ce sont les nombreux travaux exécutés dans la rue Bonsecours…

« Pas de rue, pas de trottoir, il n’y avait absolument rien, et ç’a duré très longtemps, nous dit-elle. Une fois terminé, il y a eu des bris de tuyauterie, puis des travaux sur la maison Papineau, qui est en voie d’être transformée en musée, et bientôt, il y aura les travaux de Phi Contemporain… Donc ça n’a pas toujours été facile de ce côté-là. »

La galerie Michel-Ange a attiré beaucoup d’artistes de qualité dans le Vieux-Montréal, qui regorge aujourd’hui de galeries commerciales. « Il y a eu aussi beaucoup de lancements. À l’époque, Claude Gauvreau, le frère de Pierre, lançait ses pièces ici. Plus récemment, Anaïs Barbeau-Lavalette a aussi lancé ses romans. »

La vente de fermeture de la galerie aura lieu du 20 au 23 juillet. Les tableaux non vendus seront mis aux enchères. Michel-Ange fermera ses portes définitivement le 31 juillet avant de remettre les clés à Claude Champagne.