À Montréal comme à travers le monde, les fans de Taylor Swift ont pris d’assaut les cinémas, vendredi, à l’occasion de la sortie du film de sa tournée Eras. La Presse a assisté à une projection, qui, entre les applaudissements nourris et les cris de spectateurs survoltés, avait carrément des allures de concert.

Rares sont les films qui suscitent l’évènement de la sorte, et encore moins un film de concert.

Vendredi, la sortie au Québec de Taylor Swift : The Eras Tour a suscité un degré d’enthousiasme comparable à celui que l’on avait observé avec Barbie, l’été dernier.

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Taylor Swift sur scène à Glendale, en Arizona, au mois de mars

À la billetterie du Cineplex Odeon à Brossard, un coup d’œil suffisait pour repérer les fans de la chanteuse, majoritairement des jeunes femmes.

Le visage maquillé de paillettes, elles arrivaient en bande, bras dessus, bras dessous, contenant difficilement leur excitation. Les quatre représentations de la soirée affichaient toutes complet ou presque.

« C’est possible que je perde la voix pour le reste de la fin de semaine ! », lance Audrey Mercier, vêtue d’un t-shirt à l’effigie de son idole.

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Les premiers arrivés on reçu une affiche du film.

Car une fois dans la salle, tout est permis. Y compris chanter à tue-tête et danser entre les rangées de sièges.

La plupart des fans rencontrés sur place n’avaient pas réussi à obtenir un billet pour l’un des six concerts de la chanteuse prévus à Toronto, seule ville canadienne où elle s’arrêtera dans le cadre de la tournée Eras.

Ce film, c’est leur prix de consolation.

« Je suis contente qu’elle ait fait un film pour les gens qui ne pourront pas aller à son spectacle », témoigne Zena Madi, arborant un rouge à lèvres carmin, signature de Taylor Swift.

Première avancée

Connue pour ses coups d’éclat, la chanteuse avait surpris ses fans en avançant d’une journée la sortie de son film, qui devait initialement prendre l’affiche vendredi.

Malgré le court préavis, une quarantaine d’admiratrices motivées s’étaient déplacées, jeudi soir, au Cinéma Banque Scotia de Montréal. Comme plusieurs, Carla Billon était incapable d’attendre au lendemain. « Même si j’ai des billets pour [vendredi], il fallait que j’y aille ce soir. Et j’y retourne encore samedi ! », s’est exclamée la jeune femme.

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Carla, Jennifer, Malik, Gabrielle et Juan Pablo

Même au cinéma, les fans ont tenu à reproduire les rituels de la tournée, dont celui de porter l’une ou l’autre des nombreuses tenues qui ont marqué les différentes ères musicales de Taylor Swift.

Vêtue d’une robe d’été blanche et coiffée d’un chapeau de cowboy, l’une arborait le look country de la chanteuse, emblématique de ses débuts. Plus loin, une autre était habillée comme l’artiste dans le vidéoclip de You Belong With Me, du t-shirt blanc au bas de pyjama à carreaux.

« Je m’attends à ce que les salles à côté soient dérangées ! », a blagué Gabrielle Moreau. « Moi, je m’attends à pleurer ! », a à son tour lancé Juan Pablo Vera.

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Carla, Jennifer, et Gabrielle s'échangent des bracelets.

Quelques minutes avant le début du film, les deux amis troquaient des bracelets d’amitié avec d’autres fans.

C’est un autre rituel de la tournée Eras : les fans échangent des bracelets d’amitié faits à la main, symbole du lien qui les unit.

« J’aime vraiment notre communauté. On est quand même folles, mais dans le bon sens ! », souligne Alexia Martins par-dessus les cris d’exaltation.

LA PRESSE

Les fans échangent des bracelets d’amitié, comme le veut la tradition aux concerts de Taylor Swift.

Quelques rangées plus bas, un octogénaire assis seul attendait le début de la projection. « C’est ma fille qui est fan de Taylor Swift. Je suis venu ici pour voir de quoi il s’agit », a-t-il expliqué derrière son masque.

Puis, jetant un coup d’œil au groupe de fans survoltées derrière lui : « J’espère qu’elles ne feront pas autant de bruit pendant le film. »

100 millions de dollars en prévente

Au Québec, l’engouement suscité par la sortie du film réjouit les cinémas. « Les préventes sont très bonnes », confirme Mario Fortin, directeur général de l’Association des propriétaires de cinéma du Québec.

Selon le distributeur du film, AMC Theatres, la prévente de billets a généré 100 millions de dollars. Par comparaison, les recettes de l’avant-première jeudi ont été relativement faibles, s’élevant à 2,8 millions de dollars pour les cinémas participants.

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La plupart des fans s’étaient déjà procuré leur billet d’avance pour la première officielle de vendredi.

Il faut dire que la plupart des fans s’étaient déjà procuré leur billet pour la première officielle de vendredi, d’autant plus que ce ne sont pas tous les cinémas qui ont été capables de programmer le film à la dernière minute. Au Québec, les billets ont été mis en ligne en après-midi seulement, et dans une poignée de cinémas seulement.

« Annuler un film pour placer quelque chose à la dernière minute, ce n’est pas évident », dit Mario Fortin.

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Bronwyn Farkas, Emerie Stilson Goldberg et sa mère, Christiane Stilson

Comme un concert

N’empêche, ceux qui étaient au cinéma jeudi ont semblé conquis. À la seconde où les lumières se sont éteintes dans la salle, tout code de conduite propre au cinéma a disparu.

Lorsque la chanteuse est apparue à l’écran dans son justaucorps chatoyant, la plupart des spectatrices se sont levées d’un bond.

Pendant près de trois heures – le film présente la quasi-totalité du concert –, elles ont dansé, chanté et crié à pleins poumons les paroles des chansons. Les unes enlaçaient leur voisine de siège, les autres s’égosillaient aux premières notes de leur morceau préféré. Il faut le dire, leur excitation était contagieuse, et par moments, on se sentait presque comme au concert, et dans le meilleur siège, en plus.

« J’ai adoré ! J’avais l’impression d’y être », s’est exclamé Samar Attar après la représentation. Et sa sœur, Gida, a renchéri : « Comme on n’a pas réussi à avoir de billets, on a au moins pu vivre cette expérience. »