Dans quelques jours, il présentera au public montréalais son cinquième one-man show, Crocodile distrait, qui aborde la difficulté d’être heureux. Parce que contrairement à ce qu’on pourrait penser, Laurent Paquin nous confie ne pas avoir le bonheur facile. L’humoriste répond à vos questions en toute transparence.

Pourquoi les spectacles d’humour coûtent-ils si cher ? Sur scène, il n’y a pourtant qu’une personne, et souvent pas de décor…

Lise Labelle

Ce que les gens ne voient pas, c’est qu’il y a toute une machine de promo derrière. Mais ce sont des shows très rentables, on ne se fera pas accroire qu’on fait pitié. Les gens ne paient pas uniquement pour ce qu’ils voient sur scène. On dépense beaucoup d’argent en publicité et en marketing. Mon show, ça fait presque un an qu’il roule et il va commencer à être rentable… Personnellement, je trouve que l’ensemble des shows d’humour coûtent trop cher, mais il y a une surenchère, c’est le marché. Il y a des gens qui demandent un certain prix, là, tu te dis : je me considère comme du même calibre, donc je vais demander le même prix… Et puis parfois, il y a des frais de billetterie épouvantables qui s’ajoutent. Il faut aussi payer les auteurs qui participent à l’écriture du spectacle. Moi, j’écris plus de 70 % de mes textes, donc il y a des droits d’auteur à verser.

Comment faites-vous pour retenir un texte touffu de trois heures comme dans la pièce Un dîner de cons ?

Richard Fontaine

J’ai ce talent-là. Je n’ai pas de mémoire pour grand-chose dans la vie, mais ces textes-là, je les apprends facilement. Je n’ai pas tant de mérite que ça. Je répète avec le texte dans les mains, c’est un travail que je fais en solitaire. Parfois, mon fils me donne la réplique, mais la plupart du temps, je travaille seul, je répète le texte et ça rentre. Évidemment, quand je mémorise un texte que j’ai écrit pour un one-man show, la moitié du travail est fait. Je l’apprends en l’écrivant, je l’ai en tête, c’est beaucoup plus facile.

Pourquoi on ne vous voit pas plus souvent dans des rôles au cinéma ou à la télévision. Est-ce un choix ?

Stéphane Brosseau

Non. J’ai refusé des petites choses, mais je commence de plus en plus à me faire connaître comme acteur, je dirais que c’est assez récent. Je passe des auditions. J’ai auditionné pour un film de Ken Scott, pour le film de Maurice Richard. C’était de bonnes auditions, même si ça n’a pas abouti. J’ai moins le syndrome de l’imposteur. Le théâtre pense un peu plus à moi, avec Demain matin, Montréal m’attend et Le dîner de cons où je pense que je joue un très bon François Pignon, mais la télé et le cinéma pensent moins à moi… Ça ne me dérange pas tant que ça, je ne cours pas après. Au fond, j’aime la scène, le contact direct avec le public, je trouve ça thrillant.

Vous semblez tellement calme sur scène. Êtes-vous anxieux ou fébrile avant de monter sur scène ?

Céline Brunelle

Je me trouve très chanceux parce que je n’ai pas le trac avant de monter sur scène. La remise en question – pourquoi je fais ce métier-là ? –, je ne la ressens pas. J’ai une petite angoisse parce que je veux être à la hauteur. Je me dis qu’il faut que je prouve que j’ai encore quelque chose à dire. Je me dis toujours : pourquoi on irait voir Laurent Paquin ? C’est plus un stress généralisé. Si je dois chanter à l’émission En direct de l’univers – je l’ai fait pour François Bellefeuille, Dany Dubé, Stéphane Fallu –, là, j’ai le trac parce que même si j’aime ça, ça me sort de ma zone. Là, j’ai le cœur qui débat. Je l’ai déjà eu, le trac, plus jeune, mais ça a disparu. J’ai juste du plaisir. Je suis excité, un peu nerveux, mais je n’ai aucune angoisse.

Vous avez animé plusieurs galas Juste pour rire. Plusieurs lecteurs qui ont répondu à notre appel à tous vous voient animer des galas comme l’ADISQ… Ça vous tente ?

La Presse

Pour remplacer Louis-José Houde ? J’ai un côté inconscient qui ferait que je dirais peut-être oui, mais je ne pense pas que ce serait une bonne idée. S’il fallait que je le fasse, il faudrait que j’aille dans une autre direction… Mais si j’étais l’ADISQ, je choisirais quelqu’un qui n’est pas humoriste pour proposer quelque chose de complètement différent de Louis-José. Parce qu’il s’est établi comme le meilleur animateur de ce gala. Ce sont de grands souliers à chausser. J’avais déjà animé le gala des Jutra avec Pénélope McQuade, je n’avais pas détesté l’expérience, mais on est extrêmement surveillé. Il fallait faire des blagues sur le cinéma, mais sans dévaloriser le milieu. Donc c’est sûr que c’était délicat. Aux États-Unis, ils peuvent ridiculiser les acteurs, tout le monde est millionnaire, ils retournent après dans leurs maisons à 15 millions. Au Québec, tu ne plantes pas un acteur qui a travaillé pour presque rien…

À l’Olympia de Montréal, les 14 et 15 novembre, et en tournée

Consultez toutes les dates de tournée de Laurent Paquin