Il faut « résister » et affirmer que le droit d’auteur est exclusivement « accordé à des créateurs humains », plaident la Coalition pour la diversité des expressions culturelles et des associations représentant le milieu du livre. Ces sorties publiques surviennent alors que le gouvernement canadien tient des consultations sur l’intelligence artificielle (IA) générative et le droit d’auteur.

Les développements de l’intelligence artificielle générative suscitent bien des craintes dans les milieux culturels et posent des défis quant au droit d’auteur. D’où les sorties successives, lundi, de la Coalition pour la diversité des expressions culturelles (CDEC) et du milieu canadien du livre, qui pressent notamment le gouvernement fédéral de réserver la protection prévue par la Loi canadienne sur le droit d’auteur aux œuvres créées par des êtres humains et de ne pas l’étendre aux machines.

« La CDEC demande que la Loi sur le droit d’auteur ne soit pas modifiée pour offrir de nouvelles protections à l’IA générative », indique le communiqué de l’organisation qui représente plus de 350 000 créateurs et professionnels ainsi que près de 3000 entreprises culturelles au pays.

L’IA générative visée par cette sortie est, en résumé, un type d’intelligence artificielle capable de créer du contenu comme des textes et des images à force d’être entraînée par l’analyse de masses de contenu – par exemple, des textes littéraires ou des œuvres picturales.

La possibilité de créer des œuvres d’art à l’aide de l’IA existe et suscite la controverse depuis des années. Il y a un peu plus de cinq ans, un trio français baptisé Obvious a même réussi un coup d’éclat : vendre un tableau « peint » par une intelligence artificielle par l’entremise de la prestigieuse maison d’enchères Christie’s. Intitulée Portrait of Edmond Belamy, l’œuvre avait été adjugée pour 570 000 $ (432 000 $ US).

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Les technologies se sont raffinées au cours des cinq dernières années et menacent, craignent les regroupements d’artistes, un espace qu’on aurait pu croire intimement lié à l’expérience humaine et, par le fait même, à l’abri de l’influence des machines. D’où la nécessité d’affirmer légalement, selon eux, ce qui hier encore passait pour une évidence, c’est-à-dire « que le droit d’auteur est un droit exclusif accordé aux êtres humains », comme l’écrit une coalition d’acteurs du milieu du livre, dont l’Union des écrivaines et des écrivains québécois et l’Association nationale des éditeurs de livres.

« La protection de la créativité et de l’originalité humaines est assurée par la Loi sur le droit d’auteur, qui exige des compétences et un jugement pour obtenir le droit d’auteur sur une œuvre, affirme le milieu du livre. Cela ne devrait pas être modifié pour accorder la protection du droit d’auteur aux produits générés par l’IA ou pour permettre aux œuvres protégées de former des modèles sans autorisation. »

La CDEC demande aussi « qu’il n’y ait pas de nouvelles exceptions à la Loi sur le droit d’auteur qui permettraient aux entreprises de développement technologique d’utiliser les œuvres et productions protégées pour entraîner les systèmes d’IA générative (fouille de textes et données). » Elle souhaite également que « les performances des artistes-interprètes restent pleinement protégées en vertu de la Loi sur le droit d’auteur, y compris lorsque le contenu interprété est généré par l’IA ».