Refus global a 60 ans cette année. C'est l'occasion pour le Musée des beaux-arts de Montréal de présenter au public ses acquisitions «automatistes» récentes, et à la galerie Orange de rassembler des oeuvres des artistes signataires du manifeste réalisées dans les années 50. Il y en a sur le marché.

Les premiers étonnés de l'importance que l'on accorde à Refus global de 10 ans en 10 ans, sont les signataires du manifeste signé Paul-Émile Borduas. C'est en tout cas ce que certains ont confié à La Presse au fil des ans. Ce manifeste est passé inaperçu du public au moment de sa publication, même s'il a valu à l'auteur principal la perte de son emploi d'enseignant.

 

Refus global est devenu le symbole du mouvement d'émancipation des Québécois. Sur la quinzaine de signataires - peintres, poètes, danseuses, et un étudiant en médecine - plusieurs sont disparus. Mais Fernand Leduc, Pierre Gauvreau, Marcel Barbeau, Françoise Sullivan continuent de peindre, d'exposer, et d'étonner. Après Fernand Leduc à la galerie Graff le printemps dernier, au tour de Françoise Sullivan d'avoir droit ces jours-ci à une exposition bien étoffée à la maison de la culture Marie-Uguay.

Pour souligner le 60e anniversaire de la publication de Refus global, le Musée des beaux-arts de Montréal présente, dans ses salles réservées habituellement au dessin, au sous-sol de l'édifice, les oeuvres des automatistes qu'il a acquises au cours des 10 dernières années. Il y en a une trentaine, peintures et dessins, et certaines sont montrées pour la première fois. Le musée ajoute à cela les photos de Maurice Perron, autre signataire, présentant la jeune Françoise Sullivan dansant dans un champ enneigé, en improvisation libre.

Les donateurs

Les oeuvres exposées ont été données au musée. Il est intéressant de voir ce que le musée accepte comme dons et de connaître les noms de ceux qui ont donné. Power Corporation, par exemple, feu le docteur Bruno Cormier, le seul non-artiste à avoir signé la préface du manifeste, Renée Borduas et Katerine Mousseau, filles des artistes, Saidye et Samuel Bronfman, le Dr Stern, la succession J.A. De Sève, André Bachand, le brigadier-général A. Hamilton Gault

Il y a bien sûr en grande majorité des pièces des années 50 et même 40. Mais certaines oeuvres acquises par le MBA correspondent à la période où les artistes revoient leur position et optent, comme c'est le cas de Borduas ou de Fernand Leduc, l'un pour un expressionnisme plus minimal, l'autre pour une peinture plus construite et plus maîtrisée.

À la galerie Orange

Après cette visite au Musée, on regarde d'un oeil plus averti les oeuvres que la galerie Orange a rassemblées de son côté. On y trouve là un fort bel ensemble de peintures et de dessins des années 50 et du début des années 60. À part Françoise Sullivan, qui est arrivée tard à la peinture, tous les peintres de Refus global y sont représentés: Paul-Émile Borduas, Jean Paul Riopelle, Marcelle Ferron, Marcel Barbeau, Pierre Gauvreau, Fernand Leduc, Jean-Paul Mousseau et le poète Claude Gauvreau. Ces oeuvres, qui appartiennent à des particuliers, sont presque toutes à vendre. Y compris un grand tableau horizontal de Borduas Figures schématiques, de 1956. Et, sous vitrine, l'objet culte lui-même, Refus global en personne. Il n'est pas à vendre. Il appartient à Loto-Québec.

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Refus global: 60 ans plus tard, au Musée des beaux-arts de Montréal, pavillon Jean-Noël Desmarais, 1380, rue Sherbrooke Ouest, jusqu'au 7 décembre 2008.

Les automatistes à la galerie Orange, 81, rue Saint-Paul Est, jusqu'au 28 septembre.