Pas de Donald et Blanche-Neige qui vous accueillent à l'entrée: le tout nouveau musée Walt Disney de San Francisco ne s'adresse pas aux enfants, mais plutôt à ceux qui veulent poser un regard d'adulte sur le père du cinéma d'animation.

De fait, l'exposition commence avec une photo de Walt Disney à l'âge de neuf mois et s'achève avec des télégrammes pleurant la mort du cinéaste en 1966.

Et bien que le musée, qui ouvrira ses portes jeudi, présente notamment le premier croquis de Mickey et une gigantesque maquette du projet original de Disneyland, princesses et pirates ne sont pas les vedettes des lieux.

C'est un regard sérieux qu'a voulu proposer la famille Disney sur le génie de Walt, pauvre garçon de ferme devenu un audacieux entrepreneur, qui exercera une influence décisive sur la culture populaire du XXe siècle.

«Ce n'est pas vraiment un musée pour enfants, c'est un musée familial», nuance son directeur Richard Benefield. «Nous pensons que la plupart des gens qui viendront ici auront entre 45 et 65 ans», ajoute-t-il.

Teri McCollum, qui arbore des oreilles de Mickey dorées lors d'une visite privée du musée, a exactement le profil des visiteurs qu'attend M. Benefield.

À 52 ans, Mme McCollum explique que le musée lui a rappelé son enfance difficile et qu'elle a pleuré en découvrant les premiers croquis de Mickey.

«C'est une partie de mon enfance», dit-elle. «Je peux dire que Walt Disney m'a sauvé la vie. Je me suis échappée à travers lui, à travers ses films. Il m'a aidée à faire face», raconte-t-elle.

Le musée, installé dans l'ancienne base militaire désaffectée de Presidio, qui surplombe la baie de San Francisco et le pont du Golden Gate, présente des milliers de dessins, d'objets, des clips audiovisuels de Disney expliquant son travail, ainsi que les 22 Oscars remportés par le cinéaste.

Quelques installations interactives, comme celle permettant de synchroniser une bande-son sur un dessin animé, ne devraient pas déplaire aux plus jeunes.

«Walt est mon héros, c'est quelqu'un qui avait un rêve et qui l'a réalisé», déclare Amber Wagner, une étudiante en médecine légale de 23 ans, dont le visage couvert de piercings est couronné de grandes oreilles de Minnie. La jeune femme avoue même avoir le logo de Disneyland tatoué dans le bas du dos.

La famille Disney a choisi d'installer le musée à San Francisco, où le clan avait déménagé après la mort de Walt, notamment parce que la ville abrite aujourd'hui les géants de l'animation mondiale, de Pixar à DreamWorks, en passant par Lucasfilm.

D'un coût de 100 millions de dollars, le musée n'hésite pas non plus à aborder les défauts de l'illustre ancêtre, en réservant une place à ses relations tendues avec les syndicats, ou en exposant des documents révélant la piètre orthographe de l'inventeur de Mickey.

Il rappelle aussi le fiasco de son premier studio d'animation à Kansas City et le fait que Disney serait arrivé à Hollywood avec 40 dollars en poche.

«J'ai échoué», dit la voix de Walt Disney dans l'ascenseur qui conduit à la galerie d'exposition principale. «Je pense que c'est important de connaître un bon, un vrai échec quand on est jeune».

Richard Benefield affirme que l'objectif a été de montrer Walt Disney comme un artiste et un innovateur, et pas comme le fondateur d'un géant du divertissement et des produits dérivés.

«C'était juste un garçon de ferme qui est allé en ville et qui a fait de grandes, vraiment grandes choses», dit-il.