Produite par le Musée des beaux-arts de Montréal, l'exposition parisienne consacrée au verrier américain Tiffany prendra fin demain et déménagera dans l'édifice de la rue Sherbrooke pour être présentée au public montréalais du 12 février au 2 mai, à l'occasion du 150e anniversaire du MBAM.

L'événement Louis Comfort Tiffany: couleurs et lumière a été conçu à l'initiative de la directrice générale du MBAM, Nathalie Bondil. Il a connu un grand succès à Paris depuis son lancement, le 16 septembre dernier au Musée du Luxembourg, près du Sénat français. L'exposition fermera ses portes demain.

 

La Presse a visité l'expo Tiffany dimanche dernier. Il y avait encore bien des visiteurs pour apprécier la créativité du maître-verrier. Il faut dire que Tiffany (1848-1933), qui fut le chef de file du design américain, n'avait pas fait l'objet d'une rétrospective depuis l'Exposition universelle de 1900.

La présentation de 160 de ses oeuvres venues de Montréal, mais provenant aussi d'autres collections dans le monde, notamment du Musée de l'Ermitage de Saint-Pétersbourg, nous révèle un artiste aux multiples talents: peinture, décoration, vases, vitraux et bien sûr les fameuses lampes qui ont fait sa renommée.

Les vitraux d'église du verrier new-yorkais sont aussi très célèbres. Ils ont marqué des générations d'artisans et de maîtres-verriers. Tiffany s'est en effet spécialisé très tôt dans la fabrication de vitraux religieux pour lesquels il avait même fondé une compagnie.

Le MBAM a acquis plus de 100 vitraux ayant appartenu à l'Église presbytérienne américaine de Montréal. Parmi ces vitraux, 17 sont atttribués à Tiffany, selon des documents. Ils auraient été réalisés par la Tiffany Glass&Decorating Company pour l'Église presbytérienne, devenue plus tard l'église Erskine&American.

Restaurés à Montréal

Ces vitraux ont été restaurés par les maîtres-verriers montréalais Françoise Saliou et Thomas Belot, de l'Atelier La pierre de lune. Le public parisien a pu en voir quatre (mais tous seront présentés à Montréal), dont Le Bon Pasteur, réalisé en 1897 d'après un dessin de Frederick Wilson. Le vitrail rend hommage au pasteur George Wells qui a eu la charge de la paroisse montréalaise pendant 20 ans.

À Montréal, comme à Paris, on pourra aussi admirer le vitrail La Charité (1901), réalisé par Tiffany d'après un dessin de Thomas Calvert.

Une des plus belles pièces de l'exposition est Au nouveau cirque, Papa Chrysanthème. Elle a été réalisée par Tiffany en 1894-1895 d'après un carton d'Henri de Toulouse-Lautrec, à la demande du marchand d'art japonais Siegfried Bing qui lancera l'Art nouveau sur le marché de l'art. Le vitrail Magnolia, réalisé vers 1900 à partir d'un dessin d'Agnes Northrop, et appartenant au Musée de l'Ermitage, est aussi une belle association de verres fusionnés dans les tons de vert.

On peut également apprécier le travail de précision de Tiffany avec le très bel assemblage Vitrail à la Sirène, dont la pièce centrale montre une sirène chevauchant un hippocampe. Cette oeuvre date de 1899. Elle a été réalisée par Tiffany à partir d'un dessin de Frederick Stuart-Church, qui faisait partie de l'équipe Tiffany. Il s'agissait d'une commande du directeur de la sucrière Castle and Cook, James Castle, qui a installé l'oeuvre dans sa résidence hawaïenne.

L'exposition propose aussi des vases somptueux, notamment un Vase Camée (verre soufflé, taillé et gravé), réalisé vers 1899, et prêté par le Musée royal de l'Ontario, et bien sûr des lampes Tiffany «classiques», comme le luminaire Wisteria (1901-1902), réalisé à partir d'un dessin de Clara Driscoll, et où les petits vitraux joints les uns aux autres semblent pendre comme des glycines.

Une exposition à ne pas manquer donc, dès le 12 février au Musée des beaux-arts de Montréal, en cette année du verre. Après Montréal, les oeuvres de Tiffany se rendront aux États-Unis pour être présentées au Virginia Museum of Fine Arts, à Richmond.