Les propriétaires de Place du Parc exigent le démontage immédiat de l'exposition photographique Drame humain à Gaza, présentée depuis un mois dans le hall du Cinéma du Parc par l'organisation Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient (CJPMO).

Lundi soir, l'avocate de Gestion Redbourne, représentant Second Placement Inc., le propriétaire des lieux, a envoyé un courriel à la direction du Cinéma du Parc, l'enjoignant de «retirer toutes les photos, oeuvres exposées aussi bien que des documents écrits et des bulletins d'information concernant, inter alia, Drame humain à Gaza se trouvant dans les Lieux Loués immédiatement».

Dans ce courriel, les mandataires invoquent une clause du bail qui stipule que le locataire doit utiliser les espaces loués «uniquement aux fins d'y exercer les activités d'un cinéma de façon exclusive». Par contre, argue CJPMO, la clause précédente indique que les lieux peuvent être utilisés pour «des présentations, des réunions, visionnement (sic) ou toutes autres utilisations similaires».

L'exposition a été inaugurée le 15 janvier, mais le Cinéma du Parc n'a reçu les premières protestations que vendredi dernier - une quinzaine de courriels selon Jean-François Lamarche, le directeur de la programmation. Une de ces communications, envoyée à des dizaines de destinataires, dénonçait l'exposition comme «une vaste machine de propagande anti-Israël».

Avec cette exposition de 44 photos que doivent accueillir plusieurs autres villes canadiennes, CJPMO disait vouloir amener la communauté internationale à «rompre le silence» au sujet «des conditions de pauvreté extrême, de destitution et de misère humaine» dans lesquelles vivent un million et demi de Palestiniens depuis l'attaque israélienne du 27 décembre 2008.

«À notre tour, nous avons demandé à nos membres d'envoyer au Cinéma du Parc et à Redbourne des courriels pour appuyer l'exposition et dénoncer ce geste purement politique», nous disait hier Thomas Woodley, le président de CJPMO qui compte quelque 12 000 membres. «Le Cinéma du Parc a présenté à ce jour une quarantaine d'expositions, plusieurs sur des sujets de nature sociale. Et sans le moindre problème. Cette réaction de censure prouve bien qu'il est important que les Québécois et les Montréalais comprennent mieux ce qui se passe à Gaza.» Vers 16h hier, le Cinéma du Parc avait reçu plus de 1600 courriels d'appui.

M. André Shareck, le vice-président de Redbourne - l'entreprise est engagée dans l'exploitation d'une quinzaine d'édifices montréalais dont Place Montréal Trust et les Cours Mont-Royal - n'a pas rappelé La Presse. Par ailleurs, nous apprenions par le Registre des entreprises du Québec que l'un des principaux actionnaires de Second Placement, le propriétaire de Place du Parc, est The Fishman Holdings, dont le siège social est à Tel-Aviv, en Israël.

De l'autre côté, nous n'avons pu joindre M. Roland Smith, le patron du Cinéma du Parc qui participe à la 60e Berlinale en Allemagne. Rappelons que le Cinéma du Parc et AMC ont présenté récemment le documentaire Rachel de la Franco-Israélienne Simone Bitton sur la mort d'une jeune pacifiste américaine écrasée par un bulldozer israélien en 2003 à Gaza.

Pour l'heure, le Cinéma du Parc n'a aucune intention de démonter Drame humain à Gaza avant la date prévue du 28 février.