Au cours des deux prochaines semaines, l'art contemporain envahira le Montréal souterrain. Pour la deuxième année, Montréal en lumière permet à 140 artistes de présenter 104 projets dans les couloirs reliant les différents immeubles et centres commerciaux du centre-ville. Mais contrairement à l'année dernière, l'exposition ne se limitera pas à la seule Nuit blanche et continuera jusqu'au 14 mars.

«Nous allons présenter le premier prix populaire d'art contemporain au Québec», affirme Frédéric Loury, propriétaire de la galerie SAS et commissaire de l'événement Art souterrain.

Les spectateurs qui visiteront l'exposition durant la Nuit blanche pourront ainsi voter pour la meilleure oeuvre, et le gagnant recevra une bourse de 5000 $. L'événement est populaire parmi les artistes, affirme M. Loury, qui dit avoir reçu 450 dossiers de candidature.

Les oeuvres seront exposées dans les couloirs et les espaces communs de neuf lieux, de la Place des Arts au Centre Eaton, en passant par le Centre de commerce mondial. Des bénévoles seront présents à côté de chaque oeuvre pour les interpréter lors de la Nuit blanche, et des panneaux et des interprétations sonores (disponibles pour téléchargement en baladodiffusion) feront le travail le reste du temps. Des conférences d'artistes, de galeristes et d'historiens de l'art auront lieu tous les jours autour de l'heure du midi.

À noter, deux projets seront exposés dans une succursale de la Banque Scotia et au siège social de Quebecor, deux compagnies qui ont fourni la moitié du budget de 100 000 $. «C'est une première, dit M. Loury. Je ne pensais pas que ce serait possible, pour des raisons de sécurité.»Ailleurs, les oeuvres ont été arrimées pour les protéger contre le vol durant la nuit et une patrouille les surveillera régulièrement.

Le but de l'activité est de rapprocher l'art contemporain du grand public. «Dans les galeries, on voit toujours le même monde, dit M. Loury. Le public ne se renouvelle pas beaucoup. L'art contemporain ne cesse de s'éloigner du grand public, dont il n'a été proche qu'à l'époque de Refus global. Par exemple, plusieurs collègues et moi recevons au moins une fois par mois des appels de gens qui veulent savoir si l'entrée dans les galeries d'art est gratuite. En Europe, le grand public ne se pose pas ce genre de questions.»

L'un des problèmes, selon lui, est la fragmentation du milieu de l'art contemporain. «Contrairement à d'autres secteurs culturels, nous n'avons pas su nous fédérer. Chacun travaille de son côté. Il y a des associations d'artistes, de centres d'artistes, de galeries, d'institutions, mais pas de regroupement de tout ce monde-là.»

Frédéric Loury, qui est parisien d'origine, a vu le potentiel du Montréal souterrain dès son arrivée voilà dix ans. «Tous les touristes connaissent la ville souterraine. Mais une ville, pour exister, a besoin d'une vie culturelle. La ville souterraine existe au niveau géographique et au niveau démographique, avec 42 kilomètres de couloirs et 350 000 personnes qui y passent chaque jour pour aller vers la plupart des grands sièges sociaux de la ville. J'ai mis le projet à exécution voilà deux ans et ça s'est concrétisé rapidement.»

Le galeriste est arrivé à Montréal après une maîtrise en administration des affaires, à la faveur de la version civile du service militaire alors en vigueur, qui l'a envoyé travailler dans les bureaux montréalais de Hachette.

Art souterrain, du 27 février au 4 mars. www.artsouterrain.com