Impertinent, provocateur, et pour tout dire obsédé sexuel notoire, Jean Benoît était l'un des derniers grands représentants du surréalisme parisien. Il est mort le 20 août à l'hôpital parisien Vaugirard-Gabriel Palaizé.

Né à Québec en 1922, proche de Pellan, Jean Benoît débarque à Paris en 1947. Voué à l'érotisme, son art y était réputé auprès d'un cénacle d'artistes, d'écrivains et collectionneurs.

Même octogénaire, Benoît confessait ne penser encore qu'à «ça». Ça, expliquait-il, «c'est cette alliance du ludique et du lubrique» qui l'a toujours hanté. «Si je suis allé à l'École des beaux-arts à Québec, confiait-il, c'était pour voir des femmes nues.» Il accomplit en 1959 une performance intitulée L'exécution du testament du marquis de Sade. Pour cette étrange cérémonie, il avait préparé durant 10 ans ses accessoires: masque, costume, phallus géant... Avec ce testament, Benoît affirmait n'accepter comme seule loi que le désir. Ce désir lui a fait créer d'incroyables objets: cannes en forme de pénis; bijoux érotiques; plumes; dessins de volcans; manuscrits roulés qu'il lisait costumé en fou du roi; reliures incrustées de crânes et de squelettes; effigies de démons...

Sa rencontre avec André Breton dans le sud de la France en 1959 fut décisive. Jouant au bûcheron canadien, Benoît, qui n'avait auparavant jamais touché à une hache de sa vie, abat un chêne afin d'impressionner le «pape». Breton considérait Benoît comme un très grand artiste.

Peintre et également surréaliste, sa compagne Mimi Parent, décédée en 2005, dont il a fait la connaissance en 1943, était aussi québécoise. Le Musée national des beaux-arts du Québec leur a consacré une exposition en 2004. Jean Benoît avait conservé les cendres de Mimi Parent. Elles seront dispersées avec les siennes au château de Lacoste, le domaine du marquis de Sade en Haute-Provence.