L'artiste avant-gardiste chinois Ai Weiwei a déclaré samedi que les autorités le garderaient en résidence surveillée pendant au moins 24 heures supplémentaires pour l'empêcher d'assister à une soirée visant à commémorer la démolition forcée de son nouveau studio à Shanghaï.

M. Ai, qui a autant fait parler de lui pour son activisme politique que pour son art lors des dernières années, prévoyait se rendre dans la métropole financière chinoise dimanche, mais des gens qu'il croit être de la police lui ont dit vendredi qu'il ne pourrait pas quitter sa maison de Pékin.

L'artiste affirme que les hommes ont refusé de s'identifier et il n'était pas clair qui avait donné l'ordre de le détenir. Samedi après-midi, trois agents en civil montaient la garde à l'extérieur du domicile de M. Ai, sis dans un lotissement artistique dans la partie est de la ville, mais n'ont pas empêché un journaliste de l'Associated Press Television d'entrer à l'intérieur pour réaliser une entrevue avec l'artiste.

Ce dernier, qui est également architecte-designer, a dit avoir été invité par le chef du district de Jiading, en banlieue de Shanghaï, pour construire un studio sur un lot de terre arable contenant en entrepôt désaffecté. Il a indiqué avoir été réticent au départ, mais a éventuellement donné son accord et a passé deux ans à concevoir et à construire le studio, seulement pour recevoir un avis en juillet que le bâtiment était une structure illégale et qu'il serait démoli.

D'autres artistes invités à construire sur le site n'ont pas été touchés par l'ordre et M. Ai a souligné qu'il avait appris plus tard avoir été ciblé pour des raisons politiques.

Il pense que l'ordre se voulait une riposte de la part de responsables de Shanghaï en réponse à ses messages fréquents sur Internet concernant les meurtres de six agents de police par un homme qui aurait été torturé, et relié au cas d'un activiste de Shanghaï qui aurait campé à l'aéroport international de Tokyo pendant près de 90 jours, après que des responsables chinois lui eurent interdit de rentrer chez lui.